INDICE DE LA DEMOCRATIE : CORRUPTION, FORTE PRESSION SUR L’OPPOSITION, SOCIETE CIVILE FAIBLE : Macky rejoint Abdoulaye Wade et plonge le Sénégal dans un recul démocratique



Il n’y a pas une grande différence dans la démocratie sous le régime de Macky Sall et celui de Abdoulaye Wade. En effet, le rapport publié par The Economist Intelligence Unit 2020, qui mesure l’indice de la démocratie, note un recul et place le Sénégal dans une démocratie hybride caractérisée par la corruption, une société civile faible, une pression sur les candidats à l’élection présidentielle…

La démocratie sénégalaise tant chantée par nos dirigeants au lendemain de l’élection présidentielle est-elle entachée au vu du rapport de The Economist Intelligence Unit 2020 qui mesure l’indice de démocratie dans le monde ? En effet, à la lecture des différentes données, il ressort que Macky Sall ne fait pas mieux que Abdoulaye Wade. En effet, l’ancien président de la République du Sénégal avait un score de 5,51/10 en 2011, avant de laisser le pouvoir à l’actuel locataire du palais qui, pourtant, avait réussi à avoir une note de 6,09, mais a ramené le score à 5,81 en 2019. The Economist mesure sur une échelle de 0 à 10 l’indice de démocratie, qui est basé sur les notes de 60 indicateurs, regroupés en cinq catégories : processus électoral et pluralisme (6,08/10 pour le Sénégal) ; libertés civiles (6,18) ; le fonctionnement du gouvernement (6,07) ; participation politique (4,44) ; et la culture politique (6,25). Chaque catégorie a une note sur une échelle de 0 à 10, et l'indice global est la moyenne simple des cinq indices de catégorie. C’est ainsi que le Sénégal occupe la 82ème place sur 167 pays avec une note de 5,81/10. Le rapport renseigne qu’à partir de cette note, le Sénégal est passé d’une démocratie défectueuse en 2016 à une démocratie hybride. Pour être plus explicite, The Economist Intelligence Unit soutient qu’une telle démocratie est caractérisée par «des élections qui comportent des irrégularités importantes qui les empêchent souvent d'être à la fois libres et équitables». En plus, lit-on dans le rapport, «la pression du gouvernement sur les partis d'opposition et les candidats peut être courante». Pis, ajoute le rapport, «de graves faiblesses sont plus répandues que dans les démocraties défectueuses - dans la culture politique, le fonctionnement du gouvernement et la participation politique». Autres particularités qui caractérisent la démocratie hybride, c’est «la corruption qui a tendance à être généralisée et l'Etat de droit est faible. En plus la société civile est faible». Pour finir, le rapport souligne que dans une démocratie hybride, «en règle générale, il y a du harcèlement et des pressions sur les journalistes, et le pouvoir judiciaire n'est pas indépendant». Le rapport rappelle que des restrictions accrues au processus électoral au Sénégal, au Bénin, au Rwanda et en Zambie reflètent un recul démocratique et un retrait du pluralisme politique.

Samba THIAM
LES ECHOS

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