HAUSSE DE LA CRIMINALITÉ: Jamra réclame un référendum pour le retour de la peine de mort



 
 
On s’y attendait et c’est finalement arrivé. La vague de meurtres notée ces derniers temps à travers le pays, notamment à Dakar, Thiès ou encore Tambacounda, a fini par réveiller le vieux débat au Sénégal : le rétablissement de la peine de mort. Un débat qui a pris une autre proportion à la suite d’une déclaration commune signée Jamra et Darul Khurann. 
 
 
 
Le meurtre de la jeune fille Bineta Camara a donc été celui de trop : les Sénégalais n’en peuvent plus de cette situation d’insécurité qui serait à l’origine de la recrudescence de la violence dans nos maisons et nos rues. Sur internet comme sur les médias traditionnels, les indignations vont bon train, chacun y allant avec ses raisons détaillées dans des explications plus ou moins convaincantes. Dans cette activité, certains ont décidé de porter le combat pour le retour de la loi du Talion, d’autres tentant de leur faire croire que cela ne va rien changer. Mais alors qu’il s’agissait d’un débat virtuel, l’Ong islamique Jamra est intervenue, donnant au débat une toute autre dimension. Imam Massamba Guèye et compagnie ont co-signé une déclaration avec l’organisation Darul Khurann (la Maison du Coran) pour réclamer un Référendum dans le but de réhabiliter la peine de mort au Sénégal. 
Dans leur note rendue publique, hier, ils commencent par convoquer les exemples de pays où les citoyens ont été appelés à choisir dans quelle société ils veulent vivre. À la suite de l’exemple, les signataires ont tenu à faire la genèse de la peine de mort dans l’Islam. Dans cet exercice, Jamra et Darul Khurann rappellent la sacralité de la vie humaine pour Allah. Ils assurent qu’il est donc erroné de considérer les versets coraniques préconisant la «Loi du Talion» comme cautionnant la violence en Islam ou légitimant de quelconques actes de représailles. En effet, font-ils savoir, le droit musulman a d’ailleurs bien pris soin de classifier les crimes de sang en trois catégories distinctes : l’homicide volontaire avec préméditation ; le coup et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et l’homicide involontaire. 
Ainsi, à la lumière de la légitime indignation des populations, largement perceptibles à travers les «talk-shows» des médias, Jamra et Darul Khuranninvitent le chef de l’État à convoquer d'urgence un Conseil présidentiel spécial sur la question, en le faisant assortir d'une consultation référendaire couplée aux élections locales de décembre 2019. Une telle initiative, dans le but de donner démocratiquement l'opportunité aux populations angoissées de se prononcer sur le rétablissement de la peine capitale. «Ce faisant, ayons l’humilité de reconnaître, face à la hausse vertigineuse de la criminalité, que nous en soyons réduits à poser la problématique de l’opportunité, ou non, d’abroger la Loi 2004-38 du 28 décembre 2004, qui avait aboli la peine de mort au Sénégal, constitue en soi un aveu d’échec, en termes d’éducation des masses, de sécurité publique, de chômage endémique, de paupérisation des couches sociales déshéritées, de toxicomanie juvénile, de prolifération des salles de jeux et des bars clandestins… véritables racines du mal», invitent-ils, assurant que l’application de la peine capitale devrait être la priorité devant consister à résorber ces maux sociaux qui constituent les véritables terreaux dont se nourrit la criminalité.
 
SUR INTERNET AUSSI ON EN DEBAT
 
Avant Jamra et Darul Khurann, bon nombre de Sénégalais ont abordé la question, notamment sur internet. C’est le cas de la journaliste Astou Winnie Bèye, qui a lancé un sondage pour demander à ses followers de répondre à la question suivante : «Êtes-vous pour ou contre le retour de la peine de mort au Sénégal ?» En deux jours, plus de 85% des répondants se sont prononcés pour le retour de la peine de mort au Sénégal. Un sondage tout de même insignifiant, au regard du nombre limité de répondants. Cependant, pour le célèbre activiste Guy Marius Sagna, faire revenir la peine de mort n’est pas la solution. Le leader du Frapp/France Dégage note qu’à la place, il faut privilégier la protection des femmes. «Lutter contre l’oppression des femmes. Oui ! Ramener la peine de mort ? Non! Aucune étude ne prouve que dans les pays où il y a la peine de mort, qu’il y a moins d’assassinats. Les Usa nous prouvent l’inefficacité de la peine de mort», a posté Guy Marius Sagna sur Facebook.
 
 
Sidy Djimby NDAO

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