C’est le statu quo entre les syndicats du secteur de la justice et leur ministre de tutelle. Après avoir rejeté la main tendue de Ousmane Diagne tout en promettant d’intensifier la lutte, l’entente Sytjust-Untj a servi un démenti au ministère de la Fonction publique. Conscient de la complexité de la situation, les syndicats font appel aux plus hautes autorités de l’Etat : le président de la République et le Premier ministre pour décanter la situation.
Malgré son refus d’accepter la formation spécifique que leur ministre de tutelle lui a proposée, l'Entente Sytjust-Untj dit rester ouvert au dialogue. Elle «réaffirme sa disponibilité au dialogue et appelle à un arbitrage au plus haut niveau de l'État».
L'Entente Sytjust-Untj précise qu'elle n'a jamais rompu le dialogue avec le gouvernement de la République du Sénégal. «Fidèle à son sens des responsabilités et à son attachement à l'État de droit, elle reste pleinement disposée à répondre à toute nouvelle invitation des autorités, qu’elle émane du ministre de la Fonction publique ou du ministre de la Justice, dans le but de parvenir à une sortie durable de la crise qui paralyse les Cours et Tribunaux», a t- elle fait savoir.
Cependant, les grévistes partagent leur profonde préoccupation à la suite des déclarations du ministre de la Fonction publique, M. Olivier Boucal, hier, dans une émission télévisée. «En effet, ses propos traduisent un manque de souci manifeste de la vérité des faits à l’origine de la crise, ainsi qu’une lecture excessivement rigide des textes réglementaires, fondée sur une approche technocratique déconnectée des exigences de paix sociale et de stabilité institutionnelle», regrettent-ils.
D’après les syndicats du secteur de la justice, le ministre semble s’aligner sur une frange de l’administration de la Fonction publique qui, de manière systématique, s’oppose à la mise en œuvre des acquis statutaires des travailleurs de la Justice, en invoquant des interprétations restrictives des textes légaux.
C’est pourquoi l’Entente rappelle que le Conseil des ministres du 25 juillet 2018 a bel et bien adopté : un projet de décret modifiant le décret n°2010-707 du 10 juin 2010, relatif à l’organisation et au fonctionnement du Centre de formation judiciaire et un projet de décret portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la Justice. « Ces éléments figurent noir sur blanc dans le communiqué officiel du Conseil des ministres, largement disponible dans la presse nationale. Par conséquent, le ministre de la Fonction publique aurait dû se rapprocher du Secrétariat général du gouvernement pour obtenir les copies de ces projets de décrets, au lieu de nier sans fondement leur existence, alors même que des accusations sérieuses de substitution frauduleuse ont été soulevées par l’Entente Sytjust-Untj», indique-t-elle avant d’ajouter qu’il est tout aussi préoccupant de constater que «le ministre de la Fonction publique semble croire que seuls les écrits peuvent faire foi en droit ou en matière syndicale. Une telle vision, réductrice et juridiquement contestable, est indigne de la posture qu’exige sa haute responsabilité dans le dialogue social».
Face à l’enlisement de cette crise, note l’Entente, elle appelle le président de la République et le Premier ministre à se saisir personnellement du dossier, afin d’arbitrer en toute impartialité et de permettre l’émergence de la vérité. «Sans un tel sursaut au sommet de l’État, cette crise, qui menace la continuité du service public de la justice, risque de s’aggraver davantage au détriment de la Nation tout entière», prévient-elle.
Nd. Kh. D. F