GOUVERNANCE TERRITORIALE: Parlementaires de la majorité et de l’opposition crachent sur l’Acte III de Macky Sall



 
Fait rarissime, hier, à l’Assemblée nationale. Des députés de la majorité ont dénoncé, tout comme ceux de l’opposition, les manquements à la gouvernance territoriale causés par l’Acte III de la décentralisation.
 
L’Acte III de la décentralisation a occupé hier les débats à l’Assemblée nationale. Députés du pouvoir comme de l’opposition, tous sont unanimes que l’Acte III de la décentralisation a des failles. Aymérou Gningue, Seydou Diouf, Djimou Souaré, Pape Birahim Touré (majorité), Serigne Cheikh Bara Mbacké, Nango Seck, Marie Sow Ndiaye et Woré Sarr (opposition), tout comme le ministre Yaya Abdoul Kane, ont craché sur la réforme de Macky Sall. C’était lors du vote du budget du ministère de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire, arrêté pour 2019 à la somme de 110 milliards 131 millions F Cfa. En effet, hormis les questions relatives à la gestion des collectivités territoriales, le manque de moyens avec le transfert des compétences, les députés se sont plus accentués sur les maux occasionnés par l’Acte III de la décentralisation. Premier à monter sur le ring, Seydou Diouf. «Cette réforme, qui n’a pas été simple, continue d’être complexe», dit-il. Tant, dit-il, son degré d’application n’est toujours pas compris par les élus territoriaux. Son collègue du camp de la majorité, Djimou Souaré, n’en dit pas moins. Pour lui, dans l’esprit de la loi, l’Acte III de la décentralisation est «révolutionnaire». Cependant, son application fait défaut. «La décentralisation des ressources est bien. Mais le mécanisme de financement, surtout pour les départements sans ressources locales, fait défaut. Il faut alors réfléchir sur les incohérences de la fiscalité et renforcer les moyens des départements», a-t-il invité. 
 
Aymérou Gningue : «Le découpage ne tient pas compte des réalités sociologiques»
 
«Ce ministère a énormément de problèmes. Il y a des communes qui sont coupées en deux. Des villages très loin de chef-lieu de département ne bénéficient pas des subventions allouées aux collectivités territoriales», a dénoncé Djimou Souaré. Aymérou Gningue n’a pas dit autre chose. «Le découpage ne tient pas compte des réalités sociologiques.  Il nous faut y réfléchir à nouveau pour être en conformité avec les réalités locales», a déclaré Aymérou Gningue. «Il y a des communes qui bénéficient deux fois du financement du Programme national de développement local (Pndl), au moment où d’autres ne sont pas servies», a réagi, pour sa part, Pape Birahim Touré. 
 
 
L’opposition crache sur l’Acte 3
 
 
La voie est alors toute tracée pour les députés de l’opposition. Pas aussi représentés que les autres jours, Serigne Cheikh Mbacké Bara Dolly, Woré Sarr et Marie Sow Ndiaye ont profité de cet aveu de taille de leurs collègues. «Vous avez un ministère à problèmes. Mais vous n’êtes pas responsable. C’est une suite logique des erreurs de l’Acte III de la décentralisation. La charrue a été mise avant les bœufs. Ce qui devait être fait en amont n’a pas été fait. On a forcé cet Acte III de la décentralisation», a fustigé Serigne Cheikh Mbacké Bara Dolly. Marie Sow Ndiaye va plus loin. Ne comprenant pas le nombre d’associations qui s’agitent autour de l’élu local, la députée libérale de déclarer : «avec toutes ces associations, on ne sent plus le rôle du maire devenu affaibli. Tant son champ d’action a été réduit», a souligné Marie Sow Ndiaye. 
 
 
Le ministre avoue : «C’est une évidence. Il faut revoir les incohérences. Des collectivités laissées telles quelles, ne sont pas viables»
 
 
Le ministre ne cherchera pas à noyer le poisson. Il a juste reconnu, à son tour, les failles de l’Acte III de la décentralisation. «C’est une évidence. Il faut revoir les incohérences. Des collectivités laissées telles quelles, ne sont pas viables», a affirmé Yaya Abdoul Kane. «Si nous voulons une mise en œuvre exacte de l’Acte III de la décentralisation, il faudra un débat engagé, un dialogue inclusif et participatif», a terminé le ministre.
Albino MANTANE
 
 

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