FORUM AFRICAIN SUR LES SYSTEMES ALIMENTAIRES : Bassirou Diomaye Faye mise sur la jeunesse pour relever le défi de la souveraineté alimentaire




 
 
 
A l'occasion de l’ouverture du Forum africain sur les systèmes alimentaires, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a révélé que le continent africain est à un tournant décisif qui commande de mettre la jeunesse au cœur des politiques de développement. Ce qui passe, entre autres, par l’éducation et la formation qui répondent aux besoins d’une agriculture moderne, intensive et durable. En plus d’œuvrer à la promotion du commerce intra africain en saisissant les opportunités de la Zlecaf.
 
 
 
Le Président Bassirou Diomaye Faye a présidé la cérémonie d’ouverture au Sénégal de la 19ème édition du Forum sur les systèmes alimentaires africains, au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad), sous le thème « jeunesse, fer de lance de la collaboration, de l’innovation et de la transformation des systèmes alimentaires », en présence du Président rwandais, Paul Kagamé. Une présence qui traduit, selon le chef de l’Etat, l’intérêt qu’ils accordent au secteur agricole pour en faire une base de souveraineté alimentaire en Afrique. En cette période des pluies, le Président Faye regrette que l’agriculture soit toujours sujette à des phénomènes météorologiques aléatoires non maitrisés, aggravés par les changements climatiques. Ce qui limite, dit-il, les capacités de production dans le temps et dans l’espace. « En plus, la faiblesse des rendements et les pertes post récoltes, pouvant aller jusqu’à 30% des produits récoltés, sont autant de facteurs qui contribuent à la persistance de la faim et de la sous-alimentation dans notre Continent », ajoute Bassirou Diomaye Faye, qui estime que la prise en charge des systèmes alimentaires est  une urgence de première nécessité. Il en veut pour preuve le rapport de la Fao 2024 sur l’état de la sécurité alimentaire qui révèle que plus de 700 millions de personnes ont souffert de la faim dans le monde en 2023, en particulier en Afrique. « Cette situation nous éloigne davantage de l’atteinte de l’objectif de développement durable numéro 2 (Odd), c’est-à-dire zéro cas de faim à l’horizon 2030. Pire encore, si les tendances actuelles persistent, plus d’un demi-milliard de personnes seront sous-alimentées de manière chronique en 2030, parmi lesquelles la moitié vivra en Afrique. Le Continent est donc celui qui risque le plus de faire face à l’insécurité alimentaire », fait remarquer le président Faye.
 
La jeunesse, moteur du développement
 
Cependant, il est d’avis que le continent a tout le potentiel pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Mieux, avec ses atouts, l’Afrique, dit-il, pourrait contribuer à nourrir le monde. « Etablie sur une superficie de plus de 30 millions de km2, le continent détient environ 65% des terres arables dans le monde et d’importantes ressources hydriques. S’y ajoute une main d’œuvre abondante que lui confère la jeunesse de sa population, 60% ayant moins de 25 ans. Et selon les projections, le continent sera peuplé de 2,5 milliards de personnes en 2050, dont 600 millions de jeunes supplémentaires en âge de travailler. Nous sommes alors à un tournant décisif qui commande de mettre la jeunesse au cœur de nos politiques de développement. Pour faire de la jeunesse africaine le moteur du développement agricole, il nous faut assurer une éducation et une formation, qui répondent aux besoins d’une agriculture moderne, intensive et durable. Ils doivent ensuite être responsabilisés et même associés à la formulation de nos politiques agricoles », explique le chef de l’Etat, avant d’ajouter : « nous devons aussi investir massivement dans la modernisation des outils et méthodes de production ; le développement de semences et de spéculations adaptées au changement climatique ; la maitrise de l’eau ; le développement des chaines de valeur agricole, notamment par la transformation locale des produits ; ainsi que la digitalisation », indique Bassirou Diomaye Faye qui précise que cette démarche nécessite la mobilisation de moyens conséquents comme l’allocation au moins de 10% du budget national à l’agriculture conformément à la déclaration de Maputo de 2023. A l’en croire, c’est ce qui se fait au Sénégal à travers la mise en œuvre de l’agenda national de transformation, dont l’agriculture est un des grands piliers. Le moteur central, dit-il, pour atteindre la souveraineté alimentaire, le développement économique et le bien-être des populations. Il annonce à cet effet que des réformes importantes, notamment sur la loi sylvopastorale, la régulation des importations et la transparence dans la gestion des intrants agricoles ; mais aussi les programmes de soutien à la production agricole, la construction d’infrastructures de stockage des récoltes, et une politique ambitieuse de maitrise de l’eau et de mécanisation agricole. 
 
Promotion du commerce intra africain
 
En outre, le président de la République est persuadé que l’Afrique, pour se nourrir, devra compter d’abord sur elle-même. « Ensemble, travaillons à briser le vieux mythe selon lequel l’agriculture est un secteur de survie, réservé aux adultes sans perspectives. Rendons les campagnes plus attractives par leur désenclavement, l’accès aux services sociaux de base, et des investissements mettant en valeur le potentiel économique de chacune d’elle. Œuvrons à la promotion du commerce intra africain en saisissant les opportunités de la Zone de Libre-Échange continentale africaine (Zlecaf), pour faciliter un accès rapide aux produits et leur écoulement. Encourageons l’émergence d’un secteur privé fort capable d’investir dans l’agrobusiness et d’approvisionner nos marchés domestiques, et de vendre les surplus à l’extérieur. Un secteur privé capable d’accompagner les processus d’industrialisation par le développement de chaines de valeur au niveau local. Unissons nos volontés, mobilisons nos ressources, et faisons de la création de systèmes alimentaires robustes, le moteur d’une renaissance africaine fondée sur la souveraineté et le développement partagé », préconise le président Faye, persuadé que la jeunesse est prête pour relever le défi.
 
M. CISS
 
LES ECHOS

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