FINANCEMENT DU FOOTBALL SENEGALAIS : Augustin Senghor corrige ses adversaires et parle de principes de financement ‘’safe’’ (sûr)




 
 
Utilisation des dotations de la Caf ou de la Fifa, recherche de moyens additionnels ou encore subventions à hauteur de milliard, comme promesses électorales, Augustin Senghor confie être déçu que « les gens ne puissent pas faire la part des choses ». Lors de son passage devant les journalistes, dans la rencontre organisée par l’Anps, ce lundi, à la Maison de la presse, le président sortant de la Fédération sénégalaise de football rectifie ses adversaires, en donnant la trajectoire du mécanisme de financement du football sénégalais. En clair, Augustin Senghor « reste sur des principes de financement ‘’safe’’ (sûr) ».
 
Le Prize Money (dotation Caf ou Fifa), la seule source de revenus pour développer le football
 
 
 
« Je vais être très terre-à-terre sur certains aspects. Parce que ce sont des postulats de base qui nous permettent de comprendre comment nos organisations fonctionnent. Nous ne sommes pas des entreprises. Nous ne sommes pas l'État. On ne perçoit pas la fiscalité sur les citoyens qui nous permet de gérer les questions existentielles de nos populations ou les investissements dans certains domaines. Notre plan de gestion financière ne repose pas sur les mêmes bases qu'une entreprise qui cherche à faire du bénéfice. Nous sommes une organisation sportive, a priori, sans objectif de faire des bénéfices. Libre aux autres de dire que celui qui a de l'ambition doit s'intéresser à ce Prize Money. Parce que le Prize Money, plus il est important, ça veut dire que tu as atteint tes objectifs sportifs. C'est pour ça que je dis que la performance sportive et la performance économique ont un lien direct. Et en grandissant aujourd'hui, le poids des charges fait que nous sommes obligés d'aller chercher ces fonds-là et donc le Prize Money est important ».
 
 
 
Déficit de la Fsf et règlementation des financements
 
 
 
« J'ai mal au cœur, parce que je suis déçu que les gens ne puissent pas faire la part des choses. Quand on présente un bilan financier, on ne peut pas parler de déficit ou de bénéfice d'une fédération. On peut faire des excédents d'exploitation ou de gestion. Ils doivent nous servir, non pas en thésauriser, à garder de l'argent, mais à les réinvestir dans les activités du football. Et la deuxième chose que je veux clarifier, c'est que même nos sources de revenus sont encadrées. Dans nos statuts, il y a une disposition qui montre les ressources d'une fédération. Ça peut être des dons en nature de nos partenaires, des ressources de sponsoring, des droits commerciaux qui regroupent d'ailleurs plus largement le marketing, le sponsoring, les droits TV, etc. Ça peut être les subventions, soit publiques ou des entités faitières du football mondial ou continental.
À la base, c'est ça les vraies ressources d'une fédération. Et ces ressources-là ne sont pas extensibles».
 
 
 
Sponsoring et ressources additionnelles
 
 
 
« Il y a les créneaux de financement traditionnels qui sont là. La fédération gagne aux alentours d’un milliard en termes de marché de sponsoring chaque année. On a les recettes de guichets qui peuvent être une source de revenus et qui l'ont été à un moment donné, quand le stade Léopold Senghor était fonctionnel. C'est nous les premiers qui, sur des matchs, avons pu dégager des recettes avec Léopold Senghor de plus de 160 millions. C'était la première fois. Les recettes de guichets, dans tous les pays, dans tous les grands clubs du monde, les recettes de guichets tous les week-ends permettent à des équipes comme Real Madrid, Barcelona, PSG de renflouer leurs caisses avec de l'argent frais.
Mais nous aujourd'hui, le problème qu'on a, c'est qu'on a l'un des plus gros stades d'Afrique et du monde, mais que notre nation ne peut pas rentabiliser. Vous savez combien nous coûte un match de football de l'équipe A au stade Abdoulaye Wade ? Pour la location et tout ce qui tourne autour, c'est 35 millions cash qu'on met sur la table. C'est d'autres charges connexes qui nous amènent à peu près à 50 millions.
Après viennent les frais d'organisation. La moyenne de dépenses par match tourne autour de 90 millions. Nos matchs, au lieu de nous rapporter de l'argent, nous font perdre de l'argent.
Il y a aussi la digitalisation, mais dans notre pays, c’est là où le bât blesse. On n'a pas une politique de développement commercial autour de notre environnement audiovisuel qui permette à nos chaînes de télé de pouvoir investir pour l'équipe nationale. En France, c'est TF1 qui est l'un des premiers bailleurs  télévision de l'équipe de France. Ils lui reversent une bonne manne financière. Ici on n'a pas un dispositif incitatif qui permet aux annonceurs de financer les droits Tv pour qu’ils puissent reverser en achetant les droits de l'équipe nationale ou même de nos championnats. C'est un environnement, ce sont des facteurs exogènes qui font qu'on ne peut pas les capitaliser ».
 
Promesse électorale sur les subventions
 
 
 
C'est un combat de tous les jours d’aller chercher l'argent, le trouver et le réinvestir. Mais sinon, je ne vois pas comment on peut faire pour nous faire croire qu'ils vont générer des ressources en termes de milliards qui permettront de supporter les 500 millions de primes de victoire qu'on a promis aux champions de Ligue 1. J'attends de voir. Peut-être que si c'est eux qui gagnent, j’aimerais savoir comment ils vont faire. On reste sur des principes de financement ‘’safe’’ (sûr). Il faut savoir que les sources de revenus sont des sources réglementées. Ce n’est pas nous qui les créons ».
 
 
 
 
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