FINANCEMENT DES TRAITEMENTS POUR LES MALADIES NON TRANSMISSIBLES : Des acteurs de la lutte contre le tabagisme portent le plaidoyer pour une taxe parafiscale sur le tabac




 
 
Pour alléger les dépenses des populations relatives aux traitements des maladies non transmissibles, un consortium composé des acteurs de la société civile, des Bajenu Gox, de la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab) et l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Afrique), a décidé de plaider auprès des autorités pour l’application d’une taxe parafiscale sur le tabac. Ce qui servira, selon le porte-parole du consortium, à financer les traitements de ces maladies.  Amadou Kanouté l’a fait savoir hier lors du forum organisé par le consortium des acteurs de la société civile, les Bajenu Gox et leurs partenaires dans la lutte contre le tabac.
 
Les maladies non transmissibles gagnent de plus en plus de terrain au Sénégal. Elles sont la cause de 45% des décès dans notre pays, selon le rapport de l’Organisation mondiale de la santé. Le tabac est l’un des facteurs les plus déterminants de ces maladies. C’est pour cette raison qu’œuvrent dans le cadre de la lutte antitabac les acteurs de la société civile tels que l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le Développement (Cicodev Afrique), l’association ‘’Prévenir’’, la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab), mais aussi les Bajenu Gox. Leur souhait est que l’Etat du Sénégal instaure une taxe parafiscale sur le tabac pour financer la lutte antitabac et les Maladies non transmissibles (Mnt).
A en croire Amadou Kanouté, les Comptes nationaux de la santé (2017-2021) montrent que les dépenses liées à la prise en charge des Mnt sont estimées à 233 milliards F Cfa dont les 3/4 sont supportés par les ménages» ; pire encore, «les couts sanitaires de la prise en charge des maladies liées au tabagisme sont estimés à 122 milliards F Cfa par an, alors que le montant des recettes recouvrées par l’Etat s’élève à seulement 24 milliards F Cfa par an, soit une perte sèche de 98 milliards F Cfa par année», déplore-t-il.
Alors que l’Oms fixe la taxation des produits du tabac à 70%, le Sénégal est à 23% du prix, renseigne M. Kanouté qui fait constater que nous avons encore une bonne marge. «Et c’est toute la pertinence de notre plaidoyer pour l’adoption d’une taxe parafiscale sur le tabac pour financer les Mnt et la lutte antitabac à côté de la taxe d’accise comme le recommande la Directive Cedeao de 2017», déclare le porte-parole du consortium, qui rappelle que la taxe parafiscale n’est nullement une inconnue pour l’Etat du Sénégal. Amadou Kanouté de lister : la taxe sur le ciment pour financer le programme des 100 mille logements ; celle sur le carburant super et le diesel pour financer l’entretien des routes avec le Fera et la taxe parafiscale sur les produits pétroliers qui avait permis de financer le plan Taakal en 2011.
 
Pr Kassé : «35% des impuissances sexuelles sont liées au tabagisme»
 
Le professeur Abdoul Aziz Kassé, connu pour son engagement dans la lutte contre le Tabac, a aussi pris part à la rencontre. Rappelant encore une fois les ravages du tabagisme dans la société sénégalaise, ce dernier soutient que 600.000 Sénégalais sont accros au tabac et si l’on se réfère aux fabricants de tabac, la moitié sont susceptibles d’en mourir. Donc, 300.000 Sénégalais sont actuellement en sursis. Ces chiffres ne concernent que les fumeurs actifs, alors qu’il reste le lot des fumeurs passifs. Pire encore, dit-il, 35% des impuissances sexuelles sont liées au tabagisme. Personne ne peut guérir de l’impuissance sexuelle en fumant.
 Le cancérologue de magnifier les avancées notées dans la lutte contre le tabac tout en annonçant une révision de la loi sur le tabac. «Le secrétaire général du gouvernement nous a fait appeler la semaine dernière pour la révision de la loi sur le tabac, pour y inclure les autres formes de tabac comme les cigarettes électroniques, les chichas. Au vu des ravages causés par le tabagisme, cette taxe parafiscale est plus qu’un nécessaire pour permettre aux victimes des maladies non transmissibles de pouvoir se soigner sans se ruiner».
 
Dr Mamadou Ndiaye : «cette mobilisation sociale vient à son heure»
 
Venu représenter le ministre de la Santé qui est en déplacement, le directeur de la Prévention a salué l’initiative du consortium. Dr Mamadou Ndiaye rappelle que le tabagisme est un fléau mondial et notre pays n’est pas épargné. C’est, dit-il, l’un des facteurs majeurs de risques de plusieurs maladies non transmissibles dont les maladies cardiovasculaires, les maladies pulmonaires, l’hypertension artérielle, le cancer et le diabète etc. Et les dépenses occasionnées par les maladies dues au tabagisme pèsent lourdement sur la balance. «Des études ont montré qu’une augmentation de prix réelle de 10% entraîne une diminution de la consommation de 4% dans les pays développés et cette baisse peut atteindre 8% dans les pays en développement. Des taxes plus élevées sur le tabac peuvent éviter des décès et la malnutrition en réduisant la part des revenus des foyers consacrés au tabac plutôt qu’à l’alimentation», renseigne le directeur de la Prévention, selon qui cette mobilisation sociale pour la taxation sur le tabac vient à son heure.
 
 
Ndèye Khady DIOUF
 
LES ECHOS

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