FERDINAND COLY A PROPOS DES CADRES DE LA TANIERE : «Porter le maillot national, c’est un sacrifice permanent»




 
 
L’ancien international sénégalais Ferdinand Coly revient avec lucidité sur le rôle essentiel des cadres en équipe nationale, l’héritage de joueurs comme Mané, Koulibaly ou Gana Guèye, l’impact des réseaux sociaux sur les jeunes, et les chances du Sénégal à la prochaine Can. Un regard d’ancien, sincère, parfois critique, mais toujours empreint de respect pour ceux qui portent les couleurs du pays.
 
 
«Le cadre, c’est un relais sur le terrain»
 
Pour Ferdinand Coly, le rôle d’un cadre en équipe nationale dépasse largement la simple présence dans le vestiaire. «C’est un relais sur le terrain. Il faut montrer la bonne voie et être performant, car si les cadres ne sont pas bons, ça rejaillit sur toute l’équipe», martèle-t-il. Porter cette responsabilité, embraye-t-il, n’est pas toujours simple. «C’est ingrat parfois. Capitaine ou cadre, il faut être irréprochable, même quand c’est difficile. Être un leader, c’est maintenir le cap qu'il vente, qu'il neige et offrir un repère constant aux plus jeunes».
 
Mané, Koulibaly, Mendy… une longévité qui impose le respect
 
Interrogé sur le leadership de la génération actuelle, Coly est catégorique : «c’est naturel chez eux. Leur parcours, leur longévité… ce sont des joueurs qui ont duré, qui ont résisté à la pression du haut niveau.» Il cite Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, Idrissa Gana Guèye, Edouard Mendy : «Ce ne sont pas des feux de paille. Leur carrière est faite de détermination et de qualité. Durer au très haut niveau, seuls les costauds y arrivent.»
L’ancien latéral rappelle également que l’expérience, notamment celle accumulée lors de plusieurs Can, est un atout majeur. «On ne peut pas demander à un jeune de porter tout le poids d’une nation. Les cadres ont vécu les échecs et les déceptions. C’est dans ces moments-là qu’on se construit.»
 
«On oublie parfois de leur rendre hommage»
 
Ferdinand Coly regrette le manque de reconnaissance envers les cadres actuels : «ils ont besoin d’hommages. Ce sont des êtres humains, pas des machines». D’ailleurs, il cite des joueurs comme Mané ou Gana qui ont porté le Sénégal à bout de bras, souvent sous une immense pression. Et à l’heure où certains approchent peut-être de leur dernière Can, Coly appelle au respect : «s’ils ne gagnent pas, il ne faut pas leur en vouloir. Ils donneront le maximum, ça c’est sûr».
 
Leadership : «ça ne s’impose pas, c’est naturel»
 
Concernant la construction du leadership dans le vestiaire, Coly estime que rien n’a changé depuis sa génération. «Le leadership ne s’impose pas. C’est spontané. Face au maillot national, on s’oublie. On met l’intérêt général avant l’individuel. C’est ce qui fait la force des Lions», dit-il. Mais il lance un avertissement à l’ère des réseaux sociaux : «aujourd’hui, on a vite tendance à penser individuel. Les cadres doivent transmettre le flambeau et rappeler les valeurs du collectif».
 
Réseaux sociaux : «ne pas trop s’exposer»
 
L’ancien Lion ne minimise pas l’impact des réseaux sociaux sur les jeunes joueurs : «à notre époque, il n’y avait pas cette médiatisation à outrance. Aujourd’hui, il faut gérer, ne pas trop s’exposer. Sinon, c’est une double pression, surtout pour les joueurs sensibles». Sur ce, il conseille aux jeunes de se concentrer sur la progression sportive : «une mauvaise performance, c’est normal. On se rachète trois jours après. C’est ça la beauté du football.»
 
Les sacrifices du joueur africain : «les absents ont toujours tort»
 
Coly insiste sur les sacrifices auxquels font face les internationaux africains : «revenir de sélection, c’est batailler pour retrouver sa place en club. Pendant vos absences, les clubs recrutent, la concurrence avance surtout durant cette Can avec le mercato». Il précise que représenter son pays est un honneur «mais un sacrifice professionnel immense».
 
Can 2025 : «oui, le Sénégal est favori… mais ce ne sera pas suffisant»
 
Sur les chances du Sénégal à la prochaine Can, Coly reste réaliste. «Avec son armada de joueurs, le Sénégal est naturellement favori. Mais une addition de talents ne fait pas une équipe. On est en pleine transition», soutient l’ancien latéral droit des Lions du Sénégal. Le match amical contre le Brésil a, selon lui, servi de révélateur car, dit-il,«il y a du travail. Quand ça ne marche pas, il faut savoir se réinventer, ne pas insister à sortir de derrière».
L’ancien international cite également de sérieux concurrents :«le Maroc, pays hôte, sera redoutable. Le Congo est en pleine dynamique. Et les équipes maghrébines restent toujours dangereuses». Pour lui, l’essentiel n’est pas seulement de gagner : «L’échec, ce n’est pas de ne pas remporter la Coupe. J’évalue une équipe par son comportement, son esprit, sa progression».
 
 Samba THIAM
 
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