Lors de la cérémonie d’installation du Comité de pilotage du Pacte national de stabilité sociale et de croissance inclusive, le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé une série de mesures destinées à soulager le quotidien des Sénégalais. Dans un contexte économique difficile, le chef du gouvernement prône un sursaut collectif et appelle à la cohésion autour du redressement national.
Un signal fort face à la cherté de la vie
Le ton est grave, mais la volonté est claire. En installant ce lundi, à la Primature, le Comité de pilotage du Pacte national de stabilité sociale et de croissance inclusive, le Premier ministre Ousmane Sonko a voulu envoyer un message d’apaisement et d’action. « D’ici quelques jours, il y aura des mesures de baisse sur le courant, les produits pétroliers essence, gaz et gasoil », a-t-il annoncé, confirmant la volonté du gouvernement de répondre aux urgences sociales. Cette décision, prise sur instruction du président Bassirou Diomaye Faye, s’inscrit dans une politique de réajustement des prix après huit mois de travaux techniques menés par une commission du ministère de l’Énergie. Objectif visé, c’est de redonner de l’air aux ménages et renforcer le pouvoir d’achat des Sénégalais, éprouvés par la flambée des coûts et les tensions budgétaires. « Nous n’attendrons pas qu’on nous le demande, parce qu’on sait pourquoi on nous a élus », a martelé le Premier ministre, en promettant des actes concrets et non des discours.
Un pays sous contrainte, un État en alerte
Mais Ousmane Sonko n’a pas cherché à masquer la gravité de la situation. « La situation économique du pays est catastrophique, cela ne fait l’ombre d’aucun doute », a-t-il reconnu, évoquant un taux d’endettement avoisinant désormais 130% du Pib. Selon lui, les « politiques destructrices du passé ont laissé un pays exsangue, avec des marges budgétaires très limitées et une dépendance excessive vis-à-vis des bailleurs. Les richesses que nous créons servent à rembourser la dette. J’aurais aimé que les partenaires sociaux le rappellent dans leurs interventions », a-t-il lancé, en direction des syndicats, invités à replacer leurs revendications « dans le contexte actuel ».
Le chef du gouvernement a également rappelé une vérité souvent occultée, « l’État ne tire pas ses ressources du ciel. Si les travailleurs exigent des salaires élevés, cela se traduit par une hausse de la pression fiscale. Ce sont des vases communicants ». Pour lui, aucune justice sociale n’est possible sans création de richesses. « Nous voulons souvent redistribuer sans produire, et c’est ce qui explique cette dette cachée. Nous devons d’abord créer la richesse pour pouvoir la partager. Cela suppose des sacrifices ».
« Un pacte de stabilité, une maison de verre »
Ce Pacte national, présenté comme un cadre tripartite entre l’État, le patronat et les syndicats, doit permettre de prévenir les crises sociales, d’ajuster les politiques publiques et d’assurer un suivi régulier des engagements. “Ce pacte de stabilité doit être une maison de verre. Donnons-nous la main autour du seul combat qui vaille, celui de l’éclosion économique. Le reste suivra », a exhorté Ousmane Sonko, plaidant pour la transparence et la cohésion nationale.
Le Premier ministre a insisté sur le rôle des partenaires sociaux, rappelant que « les entreprises doivent pouvoir fonctionner, sinon, la pression politique retombe sur nous tous ». Pour lui, la stabilité sociale et la croissance inclusive sont indissociables. « Un pays ne peut se développer dans la turbulence et la méfiance mutuelle ».
Les syndicats et le patronat saluent le dialogue
Les représentants des travailleurs et du secteur privé ont salué la démarche. Le secrétaire général de la Cnts, Mody Guiro, a estimé qu’ « aucune émergence économique n’est possible sans stabilité sociale et justice pour tous les travailleurs ». Il a plaidé pour « la réintégration des agents licenciés du service public et pour le respect des engagements sociaux », tout en saluant la création de ce cadre de concertation.
Le président du Conseil national du patronat (Cnp), Baïdy Agne, a, de son côté, insisté sur « la nécessité de consolider le partenariat entre l’État, le patronat et les syndicats dans un esprit de transparence et de solidarité ». Pour lui, le nouveau pacte peut « faire bouger, par l’action, les lignes directrices de notre démocratie tripartite ».
Au-delà de la baisse des prix, Ousmane Sonko a esquissé une vision économique plus souveraine, moins dépendante des financements extérieurs. « Nos projets phares ne doivent pas dépendre uniquement des bailleurs. Un pays qui se veut souverain doit détenir l’essentiel de son économie, le secteur gazier, les pôles agricoles, les infrastructures aéroportuaires, les grands transferts d’eau, l’énergie, entre autres », a-t-il expliqué.
Le chef du gouvernement a également indiqué que le budget 2026 intégrera au moins trente établissements de santé publics, ainsi que des investissements conséquents dans l’éducation, l’enseignement supérieur et les logements sociaux, pour un crédit provisoire de 20 milliards de francs Cfa. « Nous sommes en train d’orienter le budget vers la prise en charge des préoccupations sociales des Sénégalais, malgré les difficultés. Certains pensent que nous taxons les Sénégalais. Mais les taxes n’entrent pas dans nos poches », a-t-il précisé, défendant une politique d’arbitrage rigoureux.
Un appel à l’unité et au réalisme
Le Premier ministre a lancé un appel à l’unité nationale. « J’appelle tous les acteurs à œuvrer ensemble dans un pacte de stabilité pour stabiliser le pays et combattre pour l’éclosion économique ». Pour Ousmane Sonko, la stabilité sociale n’est pas seulement une condition de la croissance, mais une exigence morale et politique. Il s’explique. « Nous devons tous serrer la ceinture pour relancer notre économie. Le redressement exige du courage, du réalisme et de la solidarité » rassemble-t-il.
Baye Modou SARR