En réaction aux récentes arrestations de journalistes et à l’irruption violente des forces de l’ordre dans les rédactions de 7Tv et Rfm, les principales organisations de la presse sénégalaise ont décidé de créer un Front pour la défense de la liberté de la presse (Fdlp). Une mobilisation inédite, symbolisée par un sit-in ce jeudi 30 octobre devant les locaux de 7Tv, avant une Assemblée générale constitutive samedi à la Maison de la presse.
Un front unifié face à la dérive
L’onde de choc provoquée par les images des forces de l’ordre envahissant les studios de 7Tv et de Rfm a réveillé une colère froide dans tout le secteur médiatique. Réunis ce mercredi 29 octobre dans les locaux du Groupe Futurs Médias (Gfm), les représentants des principales organisations professionnelles ont décidé de passer à l’action. La Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps), l’Association des professionnels et éditeurs de la presse en ligne (Appel) et la Coordination des associations de presse (Cap) ont arrêté une décision historique : la création du Front pour la défense de la liberté de la presse (Fdlp). L’objectif est clair, « défendre collectivement la liberté de la presse et d’expression, socle de notre démocratie », ont affirmé d’une même voix les responsables réunis. Le ton est grave, la détermination palpable. Après des mois de tensions croissantes entre certains médias et les autorités, la presse sénégalaise a décidé de faire bloc.
Un premier acte de mobilisation nationale
La première étape de cette riposte collective aura lieu ce jeudi 30 octobre à 17 heures, avec un sit-in devant les locaux de 7Tv, symbole du bras de fer actuel entre l’État et la presse. Ce rassemblement pacifique sera suivi d’un plateau télévisé spécial, diffusé simultanément sur plusieurs chaînes, pour dénoncer la répression et rappeler que « toucher à un journaliste, c’est porter atteinte au droit du peuple à l’information ». « Nous refusons la peur, nous refusons le bâillon », a lancé un représentant de la Cap à l’issue de la réunion. Dans les rédactions, la solidarité s’organise, les syndicats mobilisent, et de nombreux acteurs de la société civile ont d’ores et déjà annoncé leur soutien.
Une Assemblée générale pour structurer la riposte
Au-delà de la réaction immédiate, les organisations ont décidé de s’inscrire dans une dynamique durable. Une Assemblée générale constitutive du Fdlp se tiendra ce samedi 1er novembre 2025 à midi, à la Maison de la presse, pour définir la feuille de route, la composition du bureau et les prochaines actions de grande envergure. Il est déjà question d’une marche nationale pour alerter l’opinion publique et interpeller les autorités sur la nécessité de garantir un environnement médiatique libre et sécurisé. « Nous n’avons plus le luxe du silence », confie un membre de la Cjrs. « La liberté de la presse n’est pas une faveur, c’est un droit constitutionnel. Et nous la défendrons par tous les moyens légaux et citoyens. »
Un appel à la mobilisation citoyenne
Les initiateurs du Fdlp appellent toutes les forces vives syndicats, associations, universitaires, partis politiques, citoyens à se joindre à ce combat « dans l’intérêt supérieur de la nation ». Ils rappellent que sans presse libre, aucune démocratie ne peut survivre. La création du Front pour la défense de la liberté de la presse s’impose donc comme une réponse collective, ferme et pacifique à une série d’atteintes inacceptables. L’arrestation de Maïmouna Ndour Faye, directrice de 7Tv, et celle de Babacar Fall, directeur de l’information de Rfm — depuis libéré — ont mis à nu les fragilités d’un système qui peine à concilier autorité publique et liberté fondamentale. « Ce n’est pas une affaire de journalistes, mais de démocratie », rappelle un ancien rédacteur en chef, présent à la réunion. Le message est clair : le temps du silence est révolu.
Vers un tournant décisif pour la liberté de la presse
En lançant le Fdlp, la presse sénégalaise s’offre un outil de résistance collective et de plaidoyer. Face aux intimidations et aux arrestations arbitraires, elle choisit de répondre par l’unité, la transparence et la solidarité professionnelle. À l’heure où la défiance grandit entre médias et pouvoirs publics, ce front commun pourrait marquer un tournant dans l’histoire de la liberté de la presse au Sénégal. Car au-delà des communiqués et des symboles, c’est un appel à la conscience nationale : défendre la presse, c’est défendre le droit de chaque citoyen à savoir, à comprendre et à juger librement.
BMS