Attrait hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour des faits d'escroquerie portant sur la somme de 60 millions de F Cfa, l'administrateur de société Maguèye Ngom a échappé à une condamnation. Avant qu'il ne soit purement et simplement relaxé, son accusatrice Absa Dia a clairement dit au juge que ce père de famille n'avait nullement l'intention de la flouer.
Appelé à la barre, Maguèye Ngom, 66 ans, administrateur de société, domicilié à Sacré-Cœur, n’en est pas à sa première confrontation à la justice. Déjà jugé dans une précédente affaire foncière, il comparaissait cette fois pour escroquerie portant sur la somme de 60 millions de F Cfa. Ladite somme correspondant à la vente d’une parcelle située aux Almadies.
Face au tribunal, hier lundi, le prévenu s’est longuement expliqué. La première vente conclue avec la partie civile, assure-t-il, avait été annulée en raison de lenteurs administratives. Souhaitant néanmoins satisfaire sa cliente, il dit lui avoir proposé une autre parcelle. Tous deux se rendent alors chez le Jaraaf de Ouakam, Youssou Ndoye, afin d’obtenir une attestation coutumière, avant de déposer une notification de bail.
Mais le projet n'aboutit toujours pas. Car, les agents de la Dscos sont intervenus estimant que la parcelle est trop proche du canal et donc inconstructible. Néanmoins, Maguèye Ngom affirme que le terrain lui avait été "cédé par un jeune de Ngor" et jure ignorer qu’il s’agissait en réalité d’un domaine appartenant à l’État du Sénégal. "Je suis allé aux Domaines pour régulariser la situation et la procédure suit son cours", a-t-il soutenu avant que le parquet ne rappelle avec fermeté que personne ne peut construire à cet endroit, où des riverains avaient d’ailleurs protesté à la vue des premiers travaux.
Du côté de la partie civile, Absa Dia a tenté de disculper le prévenu. Elle raconte avoir déboursé 60 millions de F Cfa après que le prévenu lui a montré plusieurs parcelles. Deux ans plus tard, les travaux n’ont jamais pu être finalisés. Pourtant, loin d’accabler son vendeur, elle s'est montrée étonnamment conciliante. "Je ne pense pas qu’il m’ait escroquée. Il est dans ce secteur depuis vingt ans. Peut-être a-t-il été induit en erreur», déclare-t-elle. Elle précise n’avoir jamais porté plainte contre le sieur Ngom. La plaignante précise que les ennuis ont commencé lorsque la Dscos a interpellé le maçon et le géomètre sur le chantier. "Je ne lui reproche rien. Je souhaite juste qu'il respecte ses engagements à sa sortie de prison", a-t-elle avancé, avant que le procureur ne requière l’application de la loi pénale contre le mis en cause.
L’avocat de la défense, qui se trouve être par ailleurs locataire du prévenu, a plaidé la bonne foi de son client, assurant qu’il ne s’agissait pas d’une vente frauduleuse, mais d’un dossier foncier rendu complexe avec les années, notamment en raison d’empiètements successifs. Au terme de sa plaidoirie, il a demandé sa relaxe pure et simple. Mais le tribunal, en rendant son verdict, a suivi le conseil du prévenu en relaxant purement et simplement ce dernier.
Fatou D. DIONE