[ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC ABDOUL MBAYE] : « LES AUDITIONS SUR L’AFFAIRE PÉTRO-TIM, C’EST DU CINÉMA »

Abdoul Mbaye sort de sa réserve. L’ancien Premier ministre commente la décision de sa condamnation en appel à un an ferme avec sursis et à une amende de 100 millions de F CFA. Dans cette interview exclusive qu’il a accordée au groupe Emedia, le leader de l’ACT évoque également quelques sujets brûlants de l’actualité : le Programme d’appui de la modernisation de l’administration (Pama) que le président de la République vient de lancer ou encore le scandale à 10 milliards de dollars, révélé par BBC. Entretien !



Comment avez-vous accueilli la nouvelle décision de justice concernant le dossier avec votre ex épouse ?
C’est une décision de Justice qui me condamne lourdement. J’ai pris connaissance de cette sentence alors que j’étais dans l’avion de retour à Dakar. C’est un verdict qui m’a surpris. C’est une décision que ni moi ni mes avocats ne peuvent expliquer puisse qu’elle a été rendue en audience. Depuis, nous essayons de trouver l’arrêt du président Amady Diouf, mais il n’existe toujours pas. C’est étonnant ! Parce que, la décision est rendue sans pouvoir être pour l’instant motivé. C’est contraire aux habitudes et c’est particulièrement gênant.
D’ailleurs, ça me bloque un peu dans ma capacité de post explications. Mais ce qu’on peut retenir de cette décision est qu’on me condamne pour usage de faux. Il faut savoir que lors de l’audience du 18 juin, en face du juge Amady Diouf, je lui avais dit : « M. le président, voilà bientôt trois ans que je suis poursuivi pour un usage de faux que l’on ne m’a pas encore présenté. C’est quand même incroyable. »
Parce que, la décision est rendue sans pouvoir être pour l’instant motivé. Quels sont les biens, les avoirs que j’aurais escroqués ? Personne n’est capable de me citer ces biens ou de me dire par quels moyens j’ai tenté d’escroquer. En somme, je suis condamné pour deux chefs sans éléments matériels. C’est extraordinaire. Même si on considère qu’il y a tentative d’escroquerie, il n’y a pas de préjudice et on me demande de payer à la plaignante une somme de 100 millions de F CFA.
Que comptez-vous faire alors ?
Mes avocats vont faire un pourvoi en cassation. On attend de voir les motifs, mais c’est une décision inacceptable. Les gens disent que le président Amady Diouf est un excellent juriste, l’un des plus compétents de la Cour d’appel, donc je crois qu’il n’aura pas de peine pour motiver sa décision. Mais, je suis pressé de voir ce qu’il va mettre dedans. Non seulement pour justifier l’usage de faux, qui n’existe pas, mais également pour justifier la tentative d’escroquerie, parce qu’il ne peut pas citer un bien ou un avoir que j’aurais essayé d’enlever de la propriété de la dame Aminata Diack. Il faudra aussi qu’il justifie le montant de 100 millions de dommages et intérêts qui doivent être versés pour une tentative d’escroquerie, qui encore une fois, n’existe pas, en ce qui me concerne.
Vous insistez pour avoir l’arrêt. Pourquoi ?
On va aller chercher l’arrêt. Mes avocats y étaient avant-hier (entretien réalisé le vendredi 9 août 2019) mais l’arrêt n’était pas disponible. C’est incroyable. On ne peut pas s’en tenir à une décision. Il faudrait qu’elle soit motivée. Nous sommes en justice.
Soupçonnez-vous des relents politiques dans ce dossier ?
C’est évident ! Pour moi, on exécute un ordre. Mais, ce qui m’intéresse, ce sont les motivations. Nous allons rester dans le cadre du système judiciaire sénégalais. Vous savez, j’ai beaucoup de chance. Je suis entré en politique il y a trois ans. Et au moment où je vous parle, j’ai l’expérience de la procédure civile et pénale. J’ai aussi l’expérience de la Cour Suprême, parce que j’attaqué un arrêté ministériel (sur le parrainage) au niveau de cette juridiction. J’ai l’expérience également sur comment fonctionne le Conseil constitutionnel. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, j’ai une appréciation globale du système judiciaire sénégalais et sincèrement, il est très loin de ce que je l’imaginais.
Qu’est-ce cela vous fait d’être traîné devant les tribunaux en tant qu’ancien Premier ministre sur un dossier concernant votre vie privée ?

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