La décision de la Cour suprême donnant raison au Sels/A qui s’est senti lésé lors du scrutin de représentativité syndicale est diversement analysée. Le Sels, le Sels/A, le Sadef et le Cusems/A, chacun prêche pour sa paroisse. Certains disent que c’est le scrutin qui est annulé et d’autres disent non, que c’est l’arrêté du ministère du Travail ayant donné les résultats définitifs qui a été annulé. Dans cet imbroglio, tous sont prêts pour la reprise du scrutin, mais cette fois en présentiel.
Les différents syndicats considérés comme représentatifs et recalés par la proclamation des résultats définitifs par le ministère du Travail, prêchent chacun pour sa paroisse. Initiateur de la requête après avoir déposé à la Cour d’appel la demande d’annulation du scrutin, le Sels/A s’estime heureux. « La Cour suprême nous a donné raison. Le sursis à l’exécution de l’arrêté contesté ouvre de nouvelles perspectives au Sels/Authentique : il corrige une injustice flagrante, nous rend notre légitimité et annule toutes les décisions antérieures prises sur la base de l’arrêté contesté», soutient Pape Mbaye Marie Sylla. Il se voit conforté et consolidé par le Sg du Syndicat autonome pour le développement de l'éducation et de la formation. Mbaye Sarr d’ajouter : «quand l’arrêté est rendu nul, tout ce qu’il comportait est nul. C’est une question de bon sens. Ceux qui soutiennent cette hypothèse sont malhonnêtes. Ils ont peur de repartir à de nouvelles élections. Depuis que la décision est tombée, certains sont ébranlés. La manière dont ils avaient procédé pour être représentatif va disparaître si on reprend le scrutin» soutient-il.
De l’autre côté, le Sels n’a pas la même lecture. Son Sg Amidou Diédhiou dit : «nous avons reçu la décision de la Cour suprême avec beaucoup de sérénité mais heureux parce que c’est comme ça que fonctionne un Etat de droit. Mais ceux qui sont chargés en la matière diront le droit. La décision de la Cour annule tout simplement l’arrêté portant proclamation des résultats définitifs. Je suis catégorique : les résultats ne sont pas annulés. Je suis d’accord quand ils disent que tant que le recours n’est pas totalement vidé, il ne faut pas proclamer définitivement les résultats parce tout est possible. De ce point de vue, il faut que le ministère du Travail se conforme à la réglementation», fait-il savoir. Émettant sur la même longueur d’onde que le Sg du Sels, le Sg du Cusems/A de préciser : «je veux être clair : la Cour suprême ne peut pas annuler d’élection, ce n’est pas de ses compétences». Dame Mbodji estime que le Sels/A est dans ses droits d’attaquer l’arrêté. «Je suis d’accord avec le SELS/A sur la proclamation par le ministère du Travail des résultats définitifs. Le ministère devrait attendre l’épuisement des recours pour publier les résultats définitifs. La requête du Sels/A à la Cour d’appel n’est pas encore vidée. Tant que la Cour d’appel n’a pas vidé le recours, le gouvernement ne peut se baser sur les résultats pour recevoir les syndicats déclarés plus représentatifs», assure-t-il.
Mbaye Sarr, comme s’il voulait mettre de l’huile sur le feu, indexe des tentatives de fraude perpétrées dans les Inspections de l’Education et de la Formation (IEF) et les Inspections d’Académie (IA). «C’étaient des informaticiens qui avaient voté à la place des enseignants, en usant de leurs données personnelles. J’ai plusieurs de mes militants qui ont reçu un message leur indiquant que leur vote a été déjà pris en compte alors qu’ils n’avaient pas encore voté. Certains Drh des IEF et IA appartiennent à des syndicats et ont les données personnelles des enseignants. S’ils passent leurs données à leurs syndicats, ces derniers peuvent procéder au vote. C’est ce qu’on a vécu. Ce qui fait que beaucoup de syndicats se disent représentatifs alors qu’ils avaient usé de cette méthode frauduleuse», affirme-t-il.
Toutefois, Dame Mbodj rappelle que ce même scénario a eu lieu en 2017. Ce même syndicat, le Sels/A, faisait partie des syndicats représentatifs que l’Etat recevait. Il rappelle les faits. «Il faut rappeler qu’en 2017, la Cour d’appel, saisie pour le même cas, s’était déclarée incompétente à annuler une élection. Le Sels/A, faisant partie des syndicats représentatifs et membres du G7, déclarait qu’un recours n’est pas suspensif. Malgré le recours introduit, le gouvernement a continué à recevoir le G7. Le ministre du Travail n’avait pas publié l’arrêté proclamant les résultats définitifs. Ce recours n’avait malheureusement pas été vidé jusqu’en 2023, date marquant la fin du mandat des syndicalistes élus en 2017», indique Mbodji.
Les syndicats prêts pour la reprise des élections
En tout état de cause, lesdits syndicats révèlent être prêts pour la reprise du scrutin. Le Sels/Authentique exige la tenue, sans délai, de nouvelles élections de représentativité syndicale. Son rival dans le primaire signe la reprise de la confrontation. Amidou Diédhiou de dire : «si c’est ça leur demande, je n’ai pas de problème. Nous sommes disposés à repartir aux élections autant que cela nécessitera. L’essentiel, c’est de permettre aux enseignants, en toute démocratie, en toute liberté, de pouvoir faire leurs choix. Le choix doit être un choix éclairé».
Mbaye Sarr du Sadef abonde dans le même sens. «Comme la décision est tombée et que le vote va être repris, ils n’auront plus cette possibilité de tricher parce que nous allons nous battre de manière hardie pour que l’élection se fasse de manière physique comme cela a été pour le vote des centrales». Dame Mbodji de conclure pour dire qu’il est partant car depuis le scrutin, il a enregistré beaucoup plus d’adhérents. «Si l’élection est reprise, nous au Cusems/A nous applaudirons. Ça nous permettra d’améliorer notre score parce que nous avons enregistré beaucoup d’adhésions. C’est la reprise du scrutin qui nous arrange», conclut-il.
Baye Modou SARR