Alors que les loyers explosent et que leurs collègues du public et du privé catholique perçoivent jusqu’à 100.000F d’indemnité de logement, les enseignants du privé laïc stagnent à 15.000 F. Une situation dénoncée comme «humiliante et inacceptable» par l’Union démocratique des enseignants du privé laïc, qui annonce une riposte imminente face à un patronat jugé sourd et cynique.
Cela fait plus de dix ans que le combat dure. Et il pourrait bien entrer dans une phase décisive. Les enseignants du sous-secteur privé laïc sénégalais, réunis au sein de l’Union démocratique des enseignants du privé laïc (Udepl), crient leur ras-le-bol. Leur principal grief : une indemnité de logement bloquée à 15.000 francs Cfa, un montant qu’ils jugent aujourd’hui "insultant" au regard de la flambée des loyers et de leur rôle central dans l’éducation nationale.
À titre de comparaison, l’indemnité de logement dans l’enseignement public est fixée à 100 000 francs Cfa. Dans le privé catholique, elle varie entre 80.000 et 100.000 F. Mais dans le privé laïc, rien ne bouge depuis l’accord de 2012 entre l’Udepl et l’Uneplas, l’organisation patronale du secteur. Un accord arraché après des années de lutte, mais qui semble aujourd’hui totalement obsolète. «Comment un enseignant peut-il louer un logement à Dakar ou Thiès avec 15.000 F par mois ? C’est une aberration sociale et une forme de mépris institutionnalisé», dénonce un responsable syndical de l’Udepl.
Des négociations au point mort
En janvier 2023, l’Udepl a officiellement relancé les négociations auprès de l’Uneplas et de la Direction générale du Travail pour exiger une revalorisation substantielle de l’indemnité de logement, ainsi qu’une révision de la prime de qualité, aujourd’hui comprise entre 3 et 7% du salaire. Malgré la mise en place d’une commission tripartite en juillet 2023, les propositions du syndicat ont été purement et simplement rejetées. Le patronat, arguant de la mise en œuvre progressive des augmentations générales de 2023, a demandé un report à juillet 2024. Pourtant, le 17 juillet 2025, date butoir pour finaliser les discussions, aucun accord n’a été signé. Pis encore, la commission promise pour août n’a même pas été convoquée. Une attitude interprétée comme un refus catégorique de négocier, voire une manœuvre de blocage.
L’Udepl ne mâche plus ses mots. «Les propriétaires d’écoles privées laïques, tout en engrangeant des bénéfices colossaux grâce aux frais de scolarité, refusent de partager quoi que ce soit avec les enseignants qui font tourner ces établissements», fustige le bureau exécutif national. Pour les enseignants, il s’agit d’un système profondément injuste, où le travail éducatif est dévalorisé, où les profits ne bénéficient qu’à une minorité de fondateurs d’établissements «vivant dans le luxe pendant que leurs employés peinent à se loger dignement».
Vers une mobilisation nationale
Face à ce «mépris organisé», l’Udepl annonce une mobilisation nationale dans les jours à venir. Un plan d’action est en cours d’élaboration. «Grèves, marches, conférence de presse, interpellation des autorités étatiques et mobilisation de l’opinion publique figurent parmi les options envisagées. Nous avons fait preuve de patience et de responsabilité. Maintenant, il est temps de passer à l’action. Le combat ne fait que commencer», a martelé un membre du syndicat.
BMS