EN TOURNÉE EN ITALIE: Le juge Ibrahima Dème crache du feu sur l’administration



 
En Italie, dans le cadre de ses activités politiques, l’ancien magistrat Ibrahima Dème a répondu à l’invitation de l’émission «Kaddu Modu-Modu» animée par le Sénégalais Abdou Ndao. Ibrahima Dème en a profité pour cracher du feu sur l’administration sénégalaise.
 
 
 
L’Etat de santé de la justice sénégalaise avec les dossiers chauds du moment, la démocratie sénégalaise sous Macky Sall, sa candidature à la prochaine présidentielle… mais surtout l’administration sénégalaise, le juge Ibrahima Hamidou Dème n’a pas été avare en mots. Le spécialiste du droit pénal et de procédure pénale a d’emblée constaté que depuis des années, le régime en place fait tout ce qu’il peut pour empêcher certains d’être candidat. «On peut citer l’affaire Khalifa Sall, l’affaire Karim Wade, l’affaire Abdoul Mbaye et même Idrissa Seck on a essayé de le menacer», a déclaré le magistrat démissionnaire Ibrahima Dème. Et d’ajouter : «il y a plus de 500 magistrats au Sénégal, mais il y a un groupe restreint de moins de 10 magistrats qu’il suffit de contrôler pour contrôler toute la justice».
Poursuivant, le démissionnaire de la magistrature sénégalaise note que la stabilité du Sénégal n’a jamais été aussi menacée que maintenant. Mais, s’il en est ainsi, c’est parce que l’administration est en train de faillir à sa mission. «C’est vrai que la justice était manipulée du temps de Me Abdoulaye Wade, mais ce qu’il y a de nouveau depuis 2012 et qui est dangereux, c’est que l’Administration, qui était neutre jadis, est en train de passer complétement à côté de sa mission», a déclaré le juriste qui illustre ces propos par la sortie récente du directeur de l’Information du ministère de l’Intérieur. Ce dernier, faut-il le rappeler, a animé une conférence de presse pour déclarer que l’inscription de Karim Wade n’était pas validée.
Assurant que ce n’est pas au directeur de l’Information de faire de telles déclarations, Ibrahima Dème a déploré la politisation de l’administration de notre pays. «Maintenant, c’est des fonctionnaires, qui devaient rester neutres en tant que membres de l’administration, qu’on envoie pour justifier des magouilles politiques. Si nous arrivons à ce niveau, les gens doivent s’inquiéter. Parce qu’au recensement lors des dernières élections, on a tous vu comment l’administration s’est comportée et si on ne fait pas attention, avec ce nouveau processus, ça risque d’être plus grave», déplore-t-il, invitant l’administration à revenir sur ses fondamentaux.
 
 
«C’est comme si on obligeait les hauts fonctionnaires à faire de la politique pour garder leur poste»
 
 
 
Très en verve et décidément très déçu par l’administration sous le régime du Président Macky Sall, l’ancien magistrat compare l’administration sénégalaise actuelle à celle sous Abdoulaye Wade. «Jusqu’en 2012, on voyait de hauts cadres de l’administration occuper des postes stratégiques sans faire de la politique, mais maintenant, c’est quasi impossible d’en trouver. Cela est dangereux. On doit tout faire pour mettre un terme à ça. C’est comme si on obligeait les hauts fonctionnaires à faire de la politique pour garder leur poste».
Abordant les questions politiques, Ibrahima Dème a déclaré que l’objectif du Président Macky Sall est de pousser l’opposition à renoncer. «Puisque l’essentiel pour lui, c’est de le deuxième mandat, peu importe la manière. Mais, de l’autre côté, on peut dire qu’il veut créer une situation qui lui permettra de repousser les élections», croit-il savoir, invitant l’opposition à se donner la main pour juguler les stratégies que le régime est en train de mettre en place.
 
Sidy Djimby NDAO
 

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