EMIGRATION IRREGULIERE : 140 Sénégalais entrés aux Usa par le Nicaragua rapatriés ce jeudi




 
A quelques jours de l’arrivée du Président Macky Sall aux Etats-Unis pour les besoins de l’Assemblée générale des Nations-Unies, 140 migrants sénégalais prendront le chemin inverse pour rallier Diass par vol spécial affrété par le gouvernement américain. Le départ était prévu hier à minuit heure locale. Le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, déjà saisi depuis plusieurs jours, n’a pas encore communiqué sur ce sujet. Toutefois, le Consul général du Sénégal à New York a confirmé les vagues de déportations qui, selon lui, risquent d’augmenter.
 
 
Macky Sall qui est attendu aux Usa ce week-end risque de croiser dans les airs 140 migrants sénégalais déportés des Usa. Jamais dans l’histoire du Nouveau monde, autant de compatriotes n’avaient été expulsés des Usa. Les Sénégalais constituant un modèle d’immigration participative reconnue. Mais hier, jeudi, un vol spécial avec à son bord 140 sénégalais a quitté l’Etat de Texas au sud des Etats-Unis pour rallier Dakar.
 
Le nombre de migrants à déporter a augmenté de façon exponentielle
 
Samedi dernier, le nombre de Sénégalais ayant reçu l’avis de déportation était d’une vingtaine, selon le journaliste Baba Aïdara établi aux Usa et qui s’exprimait à la radio WPA de New York. Le lendemain dimanche, une centaine d’autres notifications ont aussi été faites à des Sénégalais qui venaient de passer la frontière sud des Etats-Unis portant le nombre de déportations à 140, selon le journaliste. Une information confirmée par le Consul El Hadji Amadou Ndagane Ndao, qui parle de “135 ou 137” Sénégalais tout en précisant que la date du jeudi 14 septembre a été choisie par le départements américain de la Sécurité intérieure pour leur renvoi vers Dakar, dans un contexte préélectoral aussi bien à Washington qu’à Dakar.
 
 
Consul Ndao : “la situation politique au Sénégal ne peut être un motif valable pour bénéficier d’un asile aux Usa”
 
 
Le contexte sociopolitique et préélectoral au Sénégal est peut-être au cœur des vagues massives de migrants irréguliers vers le pays de Biden, mais il semble qu’il est aussi à l’origine des vagues de déportations vers le Sénégal. Puisque, dans les procédures normales, tout migrant qui entre illégalement sur le sol américain est considéré comme un détenu et acheminé vers les services de la Sécurité intérieure américaine pour audition sur les motifs d’entrée du concerné. Mais, pour le cas du Sénégal, l’asile est la forme de protection la plus invoquée par les voyageurs face aux services américains. En effet, la plupart des migrants motivent leurs demandes d’asile par un contexte politique instable au Sénégal, avec de supposées persécutions de la part de l’Etat du Sénégal. Mais, selon le consul Ndao, “la situation politique au Sénégal ne peut être un motif valable pour bénéficier d’un asile aux Usa”, puisque, selon le diplomate, la justice américaine est plus qu’au courant de la situation au Sénégal.
Une thèse partagée par Me Thiaba Samb, avocate spécialisée en immigration basée à New York. A l’en croire, la plupart des déportations sont dues à une réponse négative du juge, après entretien avec le migrant au niveau des camps d’accueil. Durant cet entretien assisté par des traducteurs, le migrant est interrogé sur les raisons de son entrée aux Usa et par rapport à la crédibilité des réponses fournies, le juge émet un avis qui sera décisif sur le maintien ou non du concerné sur le sol américain. Selon la robe noire, si le juge n’est pas convaincu d’un risque réel qui pèse sur le demandeur d’asile une fois déporté vers son pays d’origine, il n’hésite pas à donner une réponse négative à la demande et à émettre un avis de déportation. Seulement, l’on se demande ce qui a changé entre-temps. Pourquoi la justice américaine n’accepte plus certains motifs comme valables pour une admission sur le territoire américain et l’ouverture d’une longue poursuite de demande d’asile.
 
Quand l’immigration irrégulière s’impose dans le débat préélectoral aux Etats-Unis
 
L’on ne sait pas trop les autres raisons qui font que la provenance du Sénégal entraine autant de refus d’entrées ces dernières semaines, mais il est clair que la problématique de l’immigration s’est imposée comme un thème majeur de campagne pour la prochaine élection présidentielle de 2024 aux États-Unis. Il est reproché aux démocrates une mauvaise gestion des frontières sud, qui a créé une situation jugée incontrôlable depuis la levée des restrictions Covid-19 dénommées “titre 42”. La semaine dernière, le maire de la ville de New York, Éric Adams, dont la ville a reçu le plus de demandeurs d’asile, a déclaré lors d’une réunion avec les autorités de la ville que cette immigration va détruire la ville. Une réaction qui a engendré beaucoup de critiques de ses pairs. Puisque, selon les commentateurs, cela conforterait la thèse de la mauvaise gestion des démocrates. Et comme par réaction, pour corriger le tir, l’administration Biden se serait décidé à être plus sévère désormais face aux entrées des migrants.
Ahmadou KANE
(Correspondant permanent à New York)
 
 
 
 
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