ÉGALITÉ DES SEXES, AUTONOMISATION DES FEMMES, ACCÈS DES FEMMES AUX POSTES DE DÉCISION… : Les féministes sénégalaises invitent Diomaye à matérialiser son discours par des actions concrètes et mesurables




 
 
Le chef de l’Etat a prononcé ce 22 septembre, lors de sa prise de parole à la 80ème Assemblée générale des Nations-Unies, un discours très marquant en faveur des femmes. Les organisations féministes sénégalaises applaudissent des deux mains cet engagement du Présidente Diomaye Faye, tout en exigeant une application rigoureuse des conventions et traités allant dans ce sens, déjà ratifiés par le Sénégal.
 
Elles ne veulent plus se contenter de déclarations d’intention en faveur des femmes. Les organisations féministes sénégalaises exigent des actes concrets pour la matérialisation du discours du Président Bassirou Diomaye Faye. «Ce lundi 22 septembre 2025, le président de la République du Sénégal, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a prononcé un discours fort affirmant son engagement en faveur de l'égalité parfaite entre les sexes, l'autonomisation des femmes, la lutte contre les violences basées sur le genre et l'accès des femmes aux postes de décision», renseignent les féministes, qui soutiennent que ce dernier a également rappelé l'engagement du Sénégal en faveur de la Déclaration de Beijing, une référence majeure pour les droits des femmes et des filles à l'échelle mondiale.
Même si elles saluent «cette prise de parole symbolique porteuse d'espoir et de reconnaissance», les organisations féministes sénégalaises insistent sur le fait que «les paroles, aussi fortes soient-elles, ne doivent pas rester de simples performances. Elles doivent être suivies d'actions concrètes et mesurables», parce que pour elles, le Sénégal est encore très loin d'atteindre l'égalité entre les sexes, en dépit de ses engagements internationaux. «Les années 2024 et 2025 ont été marquées par une recrudescence alarmante des féminicides dans toutes les régions du pays, révélant l'ampleur des violences systémiques faites aux femmes et aux filles. Les cas de viols, y compris ceux suivis de grossesses, continuent d'augmenter dans un contexte d'impunité persistante, de faiblesse des mécanismes de protection et dans le silence total des autorités», fulminent les féministes sénégalaises.
Sur le plan juridique, soulignent-elles, plusieurs dispositions nationales demeurent en contradiction flagrante avec les normes internationales. «L'âge légal du mariage fixé à 16 ans pour la fille  constitue une violation manifeste des droits de l'enfant, (…) Cette disposition discriminatoire condamne encore des filles au mariage précoce, compromettant gravement leur santé, leur éducation et leur autonomie. La pratique obligeant les femmes à obtenir l'autorisation du mari pour voyager avec leurs enfants constitue une entrave à leur liberté de mouvement et une atteinte à leurs droits parentaux», indiquent les organisations féministes sénégalaises qui poursuivent leur réclamations : «la répression de l'avortement médicalisé pour les femmes et les filles victimes de viol ou d'inceste, la complexité de la procédure d'autorisation d'un avortement médicalisé en cas de danger pour la vie de la mère, le pouvoir exclusif du mari de choisir la résidence du ménage, obligeant la femme à s'y conformer sauf décision contraire du juge, l'interdiction de la recherche de paternité pour les enfants nés hors mariage, le  caractère non automatique de la pension de réversion pour les travailleuses etc.»
Les organisations féministes sénégalaises rappellent que le Sénégal a ratifié le Protocole de Maputo sans réserve, ce qui implique une obligation juridique de mise en conformité de sa législation interne avec les dispositions de ce texte. C’est pourquoi elles appellent à une «réforme juridique ambitieuse, fondée sur l'égalité réelle, la justice sociale et la reconnaissance pleine du rôle des femmes dans la société. Il est temps de passer de la ratification à l'application, du discours à l'action.»
Pour cela, elles exigent la révision des textes discriminatoires à l'égard des femmes et des filles, notamment dans le Code de la famille, le Code pénal, le Code général des impôts, entre autres ; la reconnaissance du féminicide dans la législation pénale ; l'harmonisation des lois nationales avec les conventions et traités internationaux ratifiés par le Sénégal ; une parité effective dans toutes les instances de décision ; mais aussi  zéro tolérance pour les violences sexistes et sexuelles.
Nd. Kh. D. F
 
 
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