ÉCONOMIE ET GOUVERNANCE : Le Front pour la défense de la démocratie et de la République étrille le Plan de redressement économique d’Ousmane Sonko




 
 
Dans une déclaration rendue publique hier, 3 août, le Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr) a vertement critiqué le Plan de redressement économique et social (Pres) présenté par le Premier ministre Ousmane Sonko. Le front d’opposition dénonce une dérive institutionnelle, un projet économique sans fondement et un cap dangereux pour les couches populaires.
 
 
 
L’opposition politique renforce sa pression contre le gouvernement. Par la voix du Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr), regroupement de partis et de forces citoyennes, elle a vigoureusement attaqué le Plan de redressement économique et social (Pres) récemment dévoilé par le Premier ministre Ousmane Sonko. Le Fdr accuse le chef du gouvernement de dérives autoritaires, de populisme économique et de pilotage erratique des affaires publiques.
 
 
 
Une entorse aux pratiques républicaines
 
 
 
Premier grief : la méthode. Le Fdr s’indigne du choix du cadre dans lequel Ousmane Sonko a présenté le Pres. Le fait d’avoir annoncé ce plan en dehors de toute instance institutionnelle – notamment en écartant le Parlement – est qualifié de “contournement manifeste des instances républicaines”. Pour le front, un projet structurant pour l’économie nationale aurait dû être présenté devant la représentation nationale, dans le cadre d’un débat transparent et démocratique. «Le Premier ministre (…) ne peut s’arroger le droit de substituer une décision unilatérale au débat national», dénonce le communiqué. Cette critique s’adresse directement à l’option solitaire d’une gouvernance “hors-sol”, selon le Fdr, qui regrette une rupture avec les pratiques de la démocratie représentative.
 
 
Un plan sans cohérence ni impact
 
 
 
Le Fdr ne se contente pas de dénoncer la forme ; il attaque aussi le fond. Le Pres, loin d’être un levier de redressement, est qualifié de “plan orphelin”, sans moteur de croissance, sans articulation claire entre les instruments d’action et, surtout, sans réponse concrète aux urgences économiques.
Dans un contexte marqué par la flambée des prix, l’essoufflement du secteur privé, la crise du BTP, et la souffrance des ménages, le plan gouvernemental serait, selon l’opposition, “inconsistant et désinvolte”. Le texte souligne une absence totale de cadrage budgétaire sérieux, déplorant que le PRES soit lancé alors même qu’une loi de finances récemment votée avait déjà fixé les orientations économiques de l’année. «Une succession de plans, d’orientations et de programmes hâtivement nommés ou abandonnés sans suite laisse poindre un désolant sentiment de tâtonnement permanent», fustige le Fdr, qui y voit les signes d’un amateurisme inquiétant dans la conduite des affaires publiques.
 
 
Une austérité déguisée qui pèse sur les plus vulnérables
 
 
Autre point d’achoppement majeur : la nature même du Pres. Derrière le langage du redressement économique, le Fdr perçoit une politique d’austérité larvée, qui va alourdir la pression fiscale et réduire les subventions sans filet social suffisant. Le ciblage annoncé des aides de l’État va, selon le front, se traduire par une hausse des prix sur des produits de première nécessité, affectant directement les couches populaires. «En misant sur le seul mythe d’un autofinancement vertueux, le gouvernement fait le choix d’une austérité déguisée », accuse la déclaration, avant de dénoncer une logique économiquement “contestable” et moralement “inacceptable” dans un pays où “les fractures sociales se creusent jour après jour”.
 
 
 
Un manque de vision stratégique
 
 
 
Au-delà des mesures fiscales, c’est l’absence d’une vision d’ensemble qui est soulignée. Le Pres, loin d’être un plan de développement cohérent, s’apparenterait à une simple déclaration d’intention, “sans hiérarchisation des priorités, sans chiffrage précis, sans mécanisme d’évaluation”. Le Fdr pointe aussi un grave déficit d’inclusion. Aucun acteur des territoires, aucun partenaire social, aucune organisation patronale ou syndicale n’aurait été associé à l’élaboration de ce plan. Ce huis clos décisionnel renforce, selon l’opposition, l’impression d’un exécutif déconnecté des réalités du terrain. «Il n’est plus possible de déterminer avec certitude quel est le référentiel économique qui guide la conduite de nos affaires», lit-on encore dans la déclaration, qui évoque un “manque de profondeur stratégique préoccupant”.
 
 
Un appel au sursaut républicain
 
 
 
En conclusion, le Fdr appelle solennellement le gouvernement à revenir dans le cadre du dialogue démocratique. Il exige que tout projet structurant soit débattu au Parlement et dans la société civile, afin de garantir légitimité, transparence et adhésion nationale. «Le redressement économique ne peut se faire sans légitimité institutionnelle, sans ancrage social, sans clarté stratégique», écrit la Conférence des leaders, qui dénonce une gouvernance sans cap. Le pays, insiste le Fdr, a besoin “d’un État stratège capable de conjuguer efficacité économique, justice sociale et résilience démocratique”.
 
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
LES ECHOS

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