Dette



Dans leur rapport à la dette, les Sunugaaliens usent de métaphores qui renseignent sur leur frilosité vis-à-vis de cet outil des temps modernes. «Bor du am rakk» (littéralement la dette ne supporte pas de petite-sœur) disent les Wolofs. Ou écrit au fronton d’une boutique : «la maison fera crédit demain», c’est-à-dire jamais. Mais la modernité a changé les mentalités et on a connu l’ère du «suul buki, sulli buki» des fonctionnaires mal payés, qui hypothéquaient leur salaire chez un commerçant, s’endettaient chaque fin de mois en matériel qu’ils revendaient à vil prix. Or, aujourd’hui, ce sont nos Etats qui s’adonnent à cet exercice d’équilibriste, avec la bénédiction des gendarmes de la finance internationale, Le Fmi et la Bm. Et à ce titre, le rapport d’Oxfam France est assez révélateur de la mainmise des grandes banques de l’Hexagone qui détiennent le gros des obligations souscrites par l’Etat du Sunugaal. Rien que les intérêts à payer sur la période du Covid dépassent le budget du ministère de Boy Yoff. Et paradoxalement, plus le pays s’endette, plus le fossé se creuse entre riches et pauvres, le panier de la ménagère rétrécissant comme peau de chagrin. Mais le Wolof ne dit-il pas aussi que «bor du ray kenn» (s’endetter ne tue pas) ?
Waa Ji
 
 
 
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