Député, maire, griot du chef de l’Etat et de la Première dame: Farba Nom avoue qu'il perçoit des commissions



Décidément, on aura tout vu et entendu. Un député qui s’accuse et accuse publiquement un ancien ministre, d’avoir encaissé une commission auprès d’un homme d’affaires, il faut être Farba Ngom pour le faire. En voulant faire mal à un adversaire politique, que nous ne défendons nullement, le député-maire, proche collaborateur du chef de l’Etat, avoue être un corrompu, dans ce contexte où le régime est accablé de toutes parts d’accusations de corruption et de mauvaise gestion. Et ce ne serait que service rendu à la nation si le procureur se saisissait de cette affaire pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur la nature de cette affaire avec un homme d’affaires et pour laquelle un député avoue avoir été corrompu. Tout en accusant d’avoir comme complice un ancien ministre. 
 
 
 
 
La République marche-t-elle sur la tête maintenant ? Une interrogation légitime, vu l’attitude hallucinante du député-maire Farba Ngom, dans l’émission face to face sur la Tfm hier. Devant des téléspectateurs, sans doute médusés, et avec une arrogance et une désinvolture déconcertantes, le maire des Agnams, en voulant régler ses comptes avec Thierno Alassane Sall, actuellement un des plus virulents opposants au régime, a affirmé tout de go qu’ils ont tous les deux eu à prendre une commission, un pot-de-vin, un dessous de table, où je ne sais comment l’appeler encore. «Thierno Alassane Sall n’est pas aussi propre qu'il le prétend. Quand il était ministre de l’Énergie, nous sommes allés ensemble voir une personnalité. Nous avons touché une commission. S'il s'aventure à démentir, j'apporterai les preuves de ce que je dis. Je donnerai le montant qu’il a touché et les numéros de série de l'argent qu'il a encaissé. C'est un grand "doorkat" qui prend des enveloppes», a martelé le député. 
 
 
Vivement que le procureur s’autosaisisse pour connaître le montant reçu, le corrupteur et ce qu’il a obtenu de l’Etat en échange
 
 
 
Une déclaration d’autant plus gravissime qu’elle n’est pas sortie de la bouche de n’importe qui. L’auteur est un député, un maire et surtout un proche collaborateur du chef de l’Etat et de la première dame. Il est extrêmement influent et craint du fait de cette position enviée. Et dans ce contexte très tendu, où la question de la corruption est au cœur du débat national, et où le régime est accusé de mauvaise gestion, voir une haute autorité (par ses fonctions) faire de telles déclarations est tout simplement invraisemblable et inacceptable. Un député qui s’accuse et accuse un ex-ministre d’avoir encaissé une commission, le fait est suffisamment grave pour mériter l’attention des pouvoirs publics, mais surtout judiciaires. Et comme l’aveu est la reine des preuves, on ose espérer que le procureur de la République va s’autosaisir pour tirer cette affaire au clair. Dans quel cadre, un ministre et un député auraient encaissé des commissions ou pot-de-vin d’un homme d’affaires ? Qui est cette personnalité qui a versé lesdites commissions ? Qu’est-ce que ce dernier a obtenu en échange ? Ce présumé deal porte sur quoi ? Engage-t-il les affaires de l’Etat? S’est-il fait sur le dos du pays et des Sénégalais ? Dans un Etat normal, une telle déclaration ne passerait jamais par pertes et profits. Il est temps d’agir, pour que le Sénégal ne s’engouffre pas de plus en plus dans la coquille d’une République bananière, dans laquelle une haute personnalité de l’Etat peut se permettre de commettre des actes répréhensibles et se lever un beau jour pour s’en «vanter» sur un plateau de télévision. 
 
Mbaye THIANDOUM

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