DUALITÉ DIOMAYE-SONKO ET PASSAGE DU PM A L’ASSEMBLÉE NATIONALE : Gueum Sa Bopp plaque le tandem au sol et fixe rendez vendredi pour donner les «bons chiffres»




 
 
À quelques jours du face-à-face de Ousmane Sonko avec les députés, le Bureau politique de Gueum Sa Bopp Les Jambaars, dirigé par Bougane Guèye Dany, accuse le pouvoir exécutif d’entretenir une dualité dangereuse au sommet de l’État. Le mouvement annonce une vaste campagne nationale dès décembre, et promet de publier “la vérité des chiffres” après l’intervention du chef du gouvernement. Objectif affiché : mettre fin, disent-ils, à l’opacité, à l’improvisation et à la dérive politique.
 
Pour Gueum Sa Bopp, la crise du Sénégal n’est pas seulement économique, sociale ou institutionnelle : elle est structurelle, enracinée dans une cohabitation idéologique non assumée entre Diomaye Faye et Ousmane Sonko. «Deux visions, deux egos, deux stratégies… et un Sénégal laissé en suspens», lâchent les Jambaars, pour qui l’État fonctionne aujourd’hui “comme un attelage tiré dans des directions opposées”. Selon le Bureau politique, le résultat est visible : blocages administratifs, réformes reportées, décisions contradictoires, nominations contestées, absence de cap économique lisible. “Le pays n’avance plus, il attend”, soutiennent-ils.
Pour Bougane Guèye Dany et ses cadres, l’exécutif a failli dans sa promesse de rupture. “L’administration n’a jamais été aussi lourde, aussi coûteuse, aussi inefficace”, dénoncent-ils, citant les 168 organismes publics absorbant 76% de leurs budgets en fonctionnement. “Le pays n’investit plus, il survit. Et il survit à crédit”, insiste le mouvement.
 
Un exécutif obsédé par 2027 et 2029 ?
 
À les entendre, un agenda caché serait déjà acté : dissolution programmée de l’Assemblée nationale fin 2026, couplage des locales et des législatives en 2027, construction artificielle de blocs politiques contrôlables, neutralisation de toute alternative. “Le pouvoir ne gouverne plus, il manœuvre”, martèlent les Jambaars.
Pour Gueum Sa Bopp, le pouvoir aurait transformé la transparence en menace. Ils citent plusieurs questions laissées sans réponse. «Où vont réellement les recettes du pétrole et du gaz. Pourquoi la location du jet privé du Premier ministre reste-t-elle opaque ? Pourquoi la déclaration de patrimoine tarde-t-elle ? Pourquoi la note de renseignement évoquée lors de l’affaire Madiambal n’est-elle pas déclassifiée ?», assène le mouvement.
 
 
Vendredi : la vérité des chiffres
 
 
Le Bureau politique affirme attendre le face-à-face d’Ousmane Sonko avec les députés vendredi pour dévoiler publiquement ce qu’il appelle «les vrais chiffres», un document que le mouvement promet de rendre accessible aux Sénégalais. «Nous allons démontrer l’écart entre les déclarations gouvernementales et la réalité économique. Nous dirons ce que le pouvoir refuse d’assumer, l’étendue des déficits, la situation de la dette, l’effondrement des investissements étrangers, l’état réel des finances publiques», préviennent-ils.
 
 
Un appel au front commun de l’opposition
 
 
Ne se limitant pas aux critiques, Gueum Sa Bopp propose des solutions : «rationaliser l’administration et économiser 180 à 240 milliards; sécuriser les recettes pétro-gazières pour financer les secteurs productifs; relancer les trois mamelles économiques agriculture, élevage, pêche.
Conscient du rapport de force politique, Gueum Sa Bopp appelle désormais à la formation d’un large front démocratique réunissant opposition, société civile, syndicats et diaspora. L’objectif : empêcher ce qu’ils qualifient de dérive institutionnelle.
 
 
 Baye Modou SARR
 
 
 
 
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