DIFFICULTÉS DES POPULATIONS DEFAVORISEES A ACCEDER AUX SERVICES FINANCIERS DECENTRALISES : Victorine Anquediche Ndeye appelle à un changement de paradigme et milite pour des solutions innovantes et inclusives




 
 
 
En dépit des efforts consentis par le gouvernement depuis dix ans, la ministre de la Microfinance et de l'Economie sociale et solidaire estime que l’accès des populations défavorisées, notamment en zones rurales et périurbaines, aux services financiers pose toujours problème. Ainsi, pour rectifier le tir, elle a plaidé pour l’élaboration de solutions innovantes et inclusives.
 
 
 
La ministre de la Microfinance et de l’économie sociale et solidaire Victorine Anquediche Ndeye a présidé hier les travaux de la 28e session du Comité national de coordination des activités de la Microfinance (Cnc) en présence des différents acteurs de la microfinance sur le thème : «faciliter l’accès aux services financiers pour les populations vulnérables». Selon la ministre, le thème incarne la volonté de son département de placer la prise en charge des couches défavorisées au cœur de son action. «Nous sommes conscients des défis persistants et de la nécessité d'innover pour garantir un accès équitable aux services financiers. Les statistiques relatives aux taux d’accès aux services financiers au niveau des zones rurales et périurbaines, malgré des améliorations notables, nous rappellent l'ampleur de la tâche qui nous incombe. Les disparités entre les régions et entre les milieux rural et urbain appellent à des solutions adaptées et inclusives», explique Victorine Ndeye qui précise que des contraintes subsistent toujours en dépit des efforts significatifs déployés par l’Etat au cours de cette dernière décennie avec la création de fonds tels que la Der, le Fongip, le Fonamif, etc. «Le secteur de la microfinance, tout en évoluant vers des pratiques axées sur la compétitivité, doit maintenir un équilibre en assurant une offre accessible aux couches défavorisées. Nous devons accorder une attention particulière à la couverture spatiale, à la digitalisation, à l'éducation financière et à l'accessibilité des produits et services financiers, surtout en faveur des jeunes et des femmes en milieu rural et périurbain», fait remarquer la ministre de la Microfinance.
 
 
Remettre en question les modalités actuelles de financement
 
 
Ainsi, pour surmonter le défi de l’accessibilité des services financiers, la ministre préconise : «nous devons remettre en question les modalités actuelles de financement pour les couches défavorisées, évaluer leurs impacts socio-économiques réels, et élaborer des solutions innovantes et inclusives. Mon département s'engage à intensifier son action par un accompagnement des couches vulnérables, en soutenant l'extension des interventions des Sfd dans les zones défavorisées, en établissant des synergies avec d'autres partenaires et en négociant des lignes de crédits spécifiques avec les Partenaires techniques et financiers», indique Victorine Anquediche Ndeye qui annonce une reconnaissance annuelle des acteurs les plus méritants de l’inclusion financière pour encourager, dit-elle, toutes les initiatives bénéfiques en faveur des couches défavorisées.
 
 
L'extension des services financiers aux pauvres fait partie intégrante d'une politique de croissance économique …
 
 
«Cette rencontre se tient dans un contexte où les services financiers destinés aux pauvres ont trop souvent été considérés, exclusivement, comme des éléments de politique sociale, distincts du reste du secteur financier. Or l'extension des services financiers aux pauvres fait partie intégrante d'une politique de croissance économique et de développement du secteur financier qui constitue un élément important du Pap3 (2024-2028) du Pse. L'élargissement et l'approfondissement des services financiers pour les pauvres doivent s'inscrire à la fois dans des stratégies d'allègement de la pauvreté et de développement du secteur financier», fait remarquer Ange Constantin Mancabou, venu représenter le ministre des Finances. Non sans regretter, en dépit du dynamisme du secteur, qu’une très faible proportion de la population accède aux services financiers. «La majorité des personnes ne possèdent pas de compte d'épargne, ne contractent pas de crédits auprès des institutions financières formelles et ne disposent pas de polices d'assurance. De plus, elles effectuent très rarement des paiements par l'intermédiaire d'institutions financières. Ainsi, à défaut de services financiers adaptés à ses besoins, un ménage ou un individu devra soit renoncer à certains projets, soit s'adresser au secteur financier informel qui, à son tour, fragilise les transactions, augmente le risque de fraude et renforce la dépendance envers l'environnement familial dans le meilleur des cas ou, au pire, envers des réseaux illicites », regrette l’ancien journaliste.
 
M. CISS
 
 
 
 
 
AHMADOU AL AMIN LO, DG DE LA BCEAO
«La bourse sociale gagnerait à transiter par le secteur de la microfinance»
 
 
 
Venu prendre part à la réunion du Cnc des activités de la Microfinance, le directeur général de la Bceao, Ahmadou Al Amin Lo, a révélé que le secteur de la Microfinance, ces dix dernières années, un essor important qui permet, aujourd’hui, dit-il, une diversification des services. «Le taux d’utilisation des services de microfinance a été porté de 25% en 2013 à 37% en 2022 impulsant le taux d’utilisation global des services financiers qui est passé de 40% à 80%», indique le Dg de la Bceao. Seulement, il se désole de constater que le secteur ne progresse pas. A l’en croire, on doit permettre au secteur de la microfinance de reprendre son souffle à travers l’accès des populations desservies aux ressources mobilisées par l’Etat. «Sinon le secteur sera obligé de se réorienter vers des crédits de fonds de roulement ; or nous avons besoin de financer l’investissement, nous avons besoin d’augmenter les capacités de production», indique M. Lo. Ce qui lui fait dire : «rien ne peut se faire au Sénégal pour faire reculer la pauvreté sans les institutions de microfinance. La plus grande part des ressources financières part d’abord dans les secteurs de la microfinance. Si nous voulons que ce secteur survive, la bourse sociale gagnerait à transiter par le secteur de la microfinance ; parce que la bourse familiale ne doit pas être une finalité en soi, elle ne doit pas être un élément de consommation, mais un élément par lequel le système de la microfinance connaît la clientèle et va l’accompagner. La bourse n’est pas très importante, mais elle peut régler énormément de choses si les institutions de microfinance sont mises devant», a préconisé patron de l’agence de la Bceao qui n’a pas manqué de plaider pour l’adoption du projet portant réglementation de la microfinance.
 
M. C
 
 
 
LES ECHOS

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