DIALOGUE DES INSTITUTIONS : Diomaye reçoit Amadou Mame Diop




 
 
Le Sénégal tient son rang. Malgré les adversités et autres inimitiés, dès que le juge du Conseil constitutionnel sonne le gong, tous les problèmes sont mis en veilleuse. Le Sénégal revient au centre du village. Le nouveau régime étant minoritaire au parlement, le chef de l’exécutif a convié hier le chef du législatif pour une prise de contact officielle et des échanges sur la nécessaire collaboration entre les deux institutions.
 
 
 
Il faut le reconnaître, le Président Bassirou Diomaye Faye est méthodique. Installé le 2 avril, il s’est d’abord occupé d’être à la disposition de la République avec la passation de pouvoir, la nomination d’un Premier ministre, le discours à la Nation du 3 avril, la prise d’arme le 4 avril, la mise en place du gouvernement le 5 avril. Après, il a disparu de la circulation avant d’enchaîner avec un Conseil des ministres puis une lettre aux agents de l'administration. Alors qu'on s'y attendait moins, il est allé à Touba et Tivaouane (en attendant probablement d’aller rendre une visite de courtoisie aux autres foyers religieux) et programmé deux voyages : l’un en Mauritanie et l’autre en Gambie. Mais avant de quitter le pays pour la première fois à bord de la « Langue de Barbarie », le Président Faye a reçu le président de l’Assemblée nationale, hier. C’était la première rencontre hors cérémonie entre Bassirou Diomaye Diakhar Faye et Amadou Mame Diop. Aucune information officielle n’a fuité de cette rencontre, mais selon nos sources, les deux chefs d’institution ont discuté sur la nécessaire collaboration entre l’exécutif et le législatif. Le nouveau régime étant minoritaire dans le parlement, il lui faut la collaboration des députés de la coalition Benno Bokk Yakaar - si tant est qu’ils existent encore en tant que coalition - pour pouvoir faire passer leurs projets de loi. Le nouveau régime travaille certainement sur un projet de loi de finance rectificatif. On parle de la suppression de certaines institutions, du renforcement des pouvoirs du Premier ministre…
Dans la configuration actuelle, l’opposition est majoritaire à l’Assemblée nationale. Si pour les lois ordinaires, il n’y pas grand risque de blocage, pour les lois qui nécessitent la modification de la Constitution, il faudra avoir le vote de 3/5e des 165 députés (soit 99 parlementaires). Un nombre de députés que ne possède pas le nouveau régime, même ‘’aidé’’ par la coalition Wallu, la coalition Taxawu Sénégal et les députés non-inscrits. Il y a aussi que le Premier ministre devra faire sa Déclaration de politique générale dans moins de 3 mois (le 2 juillet au plus tard). Si la majorité actuelle veut ‘’se venger’’, elle pourra, après la déclaration, demander au Premier ministre un vote de confiance, comme l’avait fait la minorité lors de la Déclaration de politique générale du Premier ministre Amadou Bâ ou, pire, déposer une motion de censure comme l’avait fait Birame Soulèye Diop à l’époque. Et dans ce cas de figure, si les députés de Benno sont unis, ils peuvent faire tomber le gouvernement de Ousmane Sonko.
Pour ne pas en arriver à ces extrémités, un dialogue entre l’exécutif et la majorité au législatif est indispensable. Peut-être que le Président Faye a cela en tête…
 
 
Ndèye Khady D. FALL
 
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