À peine installé, le nouveau ministre des Infrastructures, Déthié Fall, annonce la couleur. Ancien enfant de troupe, il compte imprégner le rythme « militaire » à ses nouveaux collaborateurs. C’est ainsi qu’il sonne la révolte pour la transparence budgétaire et l’engagement total pour faire des grands chantiers de l’État des symboles d’efficacité.
C’est un lundi à marquer d’une pierre blanche pour le secteur des infrastructures au Sénégal. Devant de hauts fonctionnaires, des ingénieurs, des collaborateurs et des invités officiels, Déthié Fall, nouveau ministre des Infrastructures, a sonné la nouvelle cadence de son ministère. L’ancien enfant de troupe, connu pour sa discipline et son exigence, a livré un discours qui ressemble plus à un ordre de mission qu’à une déclaration d’intention. «Nous allons adopter le rythme militaire, très soutenu, car le peuple nous attend», a-t-il martelé d’entrée de jeu.
Ce message, répété plusieurs fois au fil de ses interventions, donne le ton de son mandat adossé sur la rigueur, la transparence et la célérité. «Ce sera un rythme soutenu. Nous avons l’obligation de résultats. Nous allons exécuter les chantiers de jour comme de nuit et nous allons le faire de façon militaire», a insisté le patron des Infrastructures.
Des passations de service en cascade pour un ministère recentré
Le cérémonial de lundi n’était pas un événement isolé. Déthié Fall a déjà enchaîné deux passations de service au ministère des Pêches et de l’Économie maritime avec Fatou Diouf, puis au ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités avec Maïmouna Dièye et doit en effectuer une troisième ce mardi au ministère des Transports terrestres.
En héritant des programmes stratégiques comme le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), le Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma) et le Programme de modernisation des villes (Promovilles), Déthié Fall se voit confier des leviers puissants. «Ces programmes constituent des atouts majeurs pour développer des pôles territoriaux viables et compétitifs. Je m’engage à les piloter dans la rigueur et la célérité», a-t-il déclaré.
«Nous n’avons pas le droit de jouer avec le moindre franc»
Devant Maïmouna Dièye, qui lui passait le témoin pour les programmes transférés, le nouveau ministre a livré un avertissement sans détour. «Il s’agit de l’argent du contribuable sénégalais, collecté dans des conditions extrêmement difficiles. Nous n’avons pas le droit de jouer avec le moindre franc». Le ministre Fall est clair : «nous proposons cette directive, comme on dit en mathématiques, un minimum. Et le maximum attendu de tous ceux qui souhaitent travailler au ministère des Infrastructures est d’être disponibles 24h/24», a-t-il martelé.
Saint-Louis, Nikine… et l’urgence de rattraper le retard
Dans les dossiers brûlants transmis par Fatou Diouf, figure celui de Saint-Louis, «grande ville de pêche» qui attend encore des infrastructures portuaires dignes de ce nom. Un projet de quai de pêche agréé est à l’étude. De même, le port en eau profonde de Nikine est présenté comme un projet stratégique pour le sud. «Nous allons accélérer le rythme déjà amorcé pour rattraper le retard du Sénégal par rapport aux pays plus avancés», a promis Déthié Fall. À ses yeux, les infrastructures ne sont pas de simples chantiers mais «des moteurs essentiels de la croissance économique et de l’équité territoriale».
Un « rythme militaire » pour des résultats visibles
En se présentant comme l’homme du «rythme militaire», Déthié Fall capitalise sur son passé à l’école Polytechnique, symbole de discipline et d’engagement au service de la nation. Dans son discours, le ton est parfois martial. «Celles qui ne sont pas dans ces dispositions ne seront pas recrutées et ne vont pas travailler avec nous». Son ambition est claire : «faire des infrastructures sénégalaises un levier de développement, et de son ministère, une machine à résultats».
«Le peuple nous attend»
En répétant «le peuple nous attend» comme un refrain, Déthié Fall se met lui-même sous pression. Mais il s’en nourrit. «Nous avons l’obligation de résultats», martèle-t-il. À l’heure où le Sénégal cherche à renforcer la cohérence de ses politiques publiques, Déthié Fall promet d’incarner un style de gouvernance direct, lisible et exigeant. Sa feuille de route : rigueur militaire, transparence budgétaire et accélération des projets. Son objectif : faire des infrastructures sénégalaises un domaine exemplaire, où chaque franc investi se traduit en réalisations visibles.
Baye Modou SARR