DÉMISSION DE IBRAHIMA DEME: les frustrations du magistrat et les réjouissances de la hiérarchie



 
 
Il y a un an, Ibrahima Hamidou Dème démissionnait de son poste au Conseil supérieur de la magistrature. Lundi dernier, le magistrat a quitté totalement la justice qui, selon lui, a en premier «démissionné». Mais, selon des sources, il y a eu suffisamment de faits frustrants qui peuvent le pousser à la sortie. Du côté de la hiérarchie, cependant, on semble s’en réjouir, selon nos interlocuteurs.
 
Le substitut général du Procureur Ibrahima Dème a, depuis lundi dernier, enlevé sa toge, tournant ainsi définitivement le dos à ses collègues magistrats. Ibrahima Dème a ainsi abandonné le navire. Selon les explications qu’il a servies dans sa lettre adressée à ses «chers compatriotes», il en veut d’abord à la justice sénégalaise dont il fait partie et qui a «démissionné». Mais, ce n’est pas seulement les défaillances notées dans la justice qui ne l’agréent pas. Il y a également les maux de la société, le fonctionnement de l’administration, mais surtout la manière dont Macky et ses partisans sont en train de gérer le pays.
 
La goutte d’eau, le poste convoité à l’Onu
 
Cependant, les spéculations sont allées bon train sur les raisons de sa démission. Si d’aucuns pensent que le juge Dème a démissionné pour se lancer dans la politique, il y en a pour qui le magistrat avait suffisamment de raisons d’être frustré et de vouloir quitter le monde de la justice et se battre contre l’exécutif. Selon nos sources, Ibrahima Dème avait depuis longtemps menacé de démissionner. A la suite de sa démission avec fracas du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), il avait été question de le sanctionner et n’eût été l’Union des magistrats sénégalais, une sanction exemplaire allait lui être infligée. Mais, depuis lors, le magistrat qui, par concours de circonstances, avait occupé un bureau étroit, selon ses collègues, est quasiment écarté de tout.
A part ses audiences (l’appel pour les audiences mineures et ses audiences à la Cour d’appel de Dakar. D’ailleurs, il en avait tenu même une le jour de son départ), il n’était presque jamais impliqué. Mais, il ne s’en est jamais plaint. Mais, ce qui a été le plus frustrant, si l’on en croit une source, c’est le fait qu’il soit écarté d’un poste qu’il convoitait aux Nations-Unies. Tout récemment, en effet, Ibrahima Hamidou Dème avait postulé à l’Onu et présentait un excellent profil. Spécialiste du droit des enfants, il a longtemps travaillé sur cet aspect. C’est d’ailleurs un des thèmes de cours qu’il dispense à ses étudiants. C’est dire qu’il était convaincu que le poste lui revenait logiquement et de droit. Mais, au final, au vu, semble-t-il, de son histoire précédente avec l’exécutif, une femme magistrate a été appuyée à son détriment. «Cela l’a beaucoup frustré», confirme une source. Cela a-t-il été la goutte d’eau de trop ? Probablement, oui, selon notre interlocuteur, qui reste convaincu que le désormais ex-magistrat a un bel avenir devant lui.
 
La hiérarchie se débarrasse d’un magistrat «bavard»
 
Quid maintenant de la réaction de la hiérarchie et de la chancellerie ? Selon nos sources, cela laisse de marbre ses supérieurs, qui s’en réjouissent plutôt. «Bon débarras», dit-on de ce côté. En fait, la hiérarchie vient de se séparer d’un magistrat «bavard» et qui était comme une épine à ses pieds.
 
 
Il reste toujours magistrat…
 
Par ailleurs, même s’il a démissionné, Ibrahima Hamidou Dème reste toujours magistrat, jusqu’à ce que le Conseil supérieur de la magistrature le constate et prend acte. Avant cela, la lettre de démission qui a été déposée sur la table du Procureur général Lansana Diaby sera acheminée à la chancellerie. C’est par la suite que la réunion du Csm sera convoquée pour statuer.
 
Alassane DRAME

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