DECISION DE DEFERER FINALEMENT À SA CONVOCATION Sonko veut éviter qu’on lui colle d’autres délits ou qu’on attente à son intégrité physique



Ouf. Ousmane Sonko va répondre aujourd’hui à la convocation du juge Mamadou Seck. Mais pour le leader de Pastef, ce n’est nullement une reculade, mais une appréciation intelligente de la situation. En effet, il redoute qu’on utilise son refus de déférer à la convocation pour lui coller d’autres délits, ou pour attenter à son intégrité physique, comme le craignent ses avocats, les membres de la société civile, de l’opposition…qui lui ont tous conseillé de se présenter aujourd’hui devant le juge. En outre, il affirme toujours être l’objet d’un complot ourdi par le chef de l’Etat et son camp dans le but de l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2024, comme ils avaient fait avec Karim Wade et Khalifa Sall.
 
 
 
Dans une déclaration hier soir, Ousmane Sonko a confirmé qu’il sera aujourd’hui devant le juge Mamadou Seck. «Après avoir écouté tout le monde, j’annonce aux Sénégalais que demain, à l’heure indiquée, nous irons répondre au juge et écouter ce qu’il va dire», a affirmé le leader de Pastef. Ce dernier qui a rencontré plusieurs visiteurs et conseillers de tout bord a été particulièrement attentif à l’argumentaire de ses avocats. «C’est un dossier politique, à 80%. J’ai discuté longuement avec mes avocats ; je les ai bien écoutés(…) Comme il n’y a rien dans le dossier de viol, il faut éviter le piège de créer un autre dossier dans le dossier. C’est-à-dire, si je refuse d’aller répondre, ils vont sortir toutes les forces de l’ordre. Et la première chose qu’ils feront c’est de me coller le motif de rébellion, c’est-à-dire refus de déférer à la convocation d’un juge. Le refus n’est pas un délit, mais s’ils envoient les forces de l’ordre, ils trouveront un moyen de dire que j’ai résisté. Et ils vont l’utiliser pour entacher mon casier (judiciaire) et me condamner».
 
«Comme il n’y a rien dans le dossier de viol, il faut éviter le piègede créer un autre dossier dans le dossier»
 
En ce sens, il note qu’une stratégie est déjà mise en place, avec l’ouverture d’un autre dossier chez le Doyen des juges. «Leurs plans sont nombreux. C’est pourquoi les avocats ont insisté pour que je défère à la convocation. Aujourd’hui au cabinet de Samba Sall (Doyen des juges), ils ont ouvert un dossier insurrection, après l’arrestation des 23 jeunes. Dans le dossier, il y a les jeunes et X. Le but avec ce X c’est Ousmane Sonko. Je n’ai jamais appelé à l’insurrection», explique-t-il. L’argument des religieux et membres de la société civile et des partis d’oppositiona aussi pesé dans sa décision. «Tout le monde est intervenu. Partis politiques, société civile, chef religieux…ils m’ont tous demandé d’aller répondre à la convocation. Et ce qui les intéresse le plus, c’est mon intégrité physique. Car il y a eu des cas, comme celui de Khadim Bousso (tué lors de l’exécution d’un mandat d’amener) et autre. J’ai été très sensible à cette marque d’attention pour ma personne», dit-il.
 
«Cela ne signifie pas qu’on a abdiqué. La lutte n’a même pas encore démarré…»
 
 
Ayant été convaincu de revenir à de meilleurs sentiments, Sonko souligne cependant que ce n’est nullement une reculade. «Cela ne signifie pas qu’on a abdiqué. La lutte n’a même pas encore démarré. Cela ne veut pas dire que la mobilisation a diminué. C’est en ce moment que la mobilisation doit être plus importante. S’ils veulent tenter quoi que ce soit, ils nous auront sur leur chemin. Nous tenons toujours à notre droit à la résistance», explique-t-il. D’ailleurs,en parlant de résistance, il a loué le courage des personnes arrêtées et réclamé leur libération. Aussi, il s’est opposé à la volonté des femmes de faire une grève de la faim. «Qu’il (MackySall) libère nos partisans, surtout les femmes. Elles voulaient même faire grève de la faim. On leur fait faire des va et vient, rien que pour les faire souffrir. C’est moi qui leur ai demandé de ne pas faire la grève de la faim. Parce que non seulement ce n’est pas dans nos coutumes (religieuses), mais aussi celui qui lutte a besoin de forces», note-t-il.
 
 
«L’objectif principal est de tout faire pour éviter que Sonko soit candidat en 2024»
 
Faisant le bilan de l’évolution du dossier, Ousmane Sonko a souligné que ce qu’il qualifie de complot contre lui a des buts précis. «L’objectif principal est de tout faire pour éviter que Sonko soit candidat en 2024. Comme ils l’ont fait avec Karim et Khalifa. C’est important, il faut le comprendre pour ne pas se tromper de combat», martèle-t-il. Et d’ajouter que «le second objectif est de ruiner sa crédibilité aux yeux de l’opinion».
 
MackySall surveille tout le monde, y compris ses propres partisans
 
En outre, Ousmane Sonko a menacé, «s’il le faut, de porter plainte contre la police». Et pour cause, il révèle que depuis le jeudi dernier, la police est venue plusieurs fois chez lui, réclamer un appareil qu’elle aurait perdu sur les lieux (lors de heurts avec sa garde rapprochée). Elle aurait même envoyé des émissaires pour pouvoir récupérer leur fameux objet. Mais le leader de Pastef dit ne pas savoir de quoi parle la police et a fait constater par huissier les visites répétées des limiers chez lui. Quoi qu’il en soit, il déplore que MackySall ait déployé la police nationale, avec autant de matériels qui devaient servir à «combattre les bandits et les terroristes» pour surveiller son domicile, ces moindres faits et gestes, ainsi que ceux de sa famille et de ces visiteurs. Soulignant qu’il sait de quoi il parle, parce qu’ils ont «vu des images» et «entendu des sons», l’opposant accuse MackySall de surveiller tout le monde, y compris ses propres partisans.
 
 
Mbaye THIANDOUM
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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