DÉCEPTION DE LA FEDERATION DES SYNDICATS DE LA SANTÉ : Cheikh Seck sonne la mobilisation malgré l’avancée sur le décret de 1977




Le porte-parole de la Fédération des syndicats de la santé dénonce “des engagements bafoués” et maintient un plan d’action musclé pour décembre.
 
Malgré la prise en charge du projet de décret modifiant le décret n°77-887 du 12 octobre 1977, la grogne sociale ne retombe pas dans le secteur de la santé. Cheikh Seck, porte-parole de la Fédération nationale des syndicats de la santé, salue une avancée attendue depuis quinze ans… mais fustige “le non-respect flagrant des engagements de l’État”. Le plan d’action, lui, reste intact, avec des journées de grève, des marches et une tournée nationale.
Dans une déclaration envoyée à la presse, Cheikh Seck ne mâche pas ses mots. «Nous félicitons le président de la République qui a pris en compte le projet de décret modifiant le décret 77-887, parce que c’est une vieille doléance qui date depuis 2009», reconnaît-il d’entrée. Il rappelle que des milliers d’agents, bien que titulaires de diplômes les hissant à la catégorie A, sont restés des années sans avantages statutaires correspondants. « L’État doit absolument corriger ce fait, c’est une injustice qui dure depuis trop longtemps », martèle-t-il. Mais cette satisfaction ne dure qu’un instant : derrière cette avancée se cache un océan de frustrations.
Des décrets en attente, des engagements non tenus, un recrutement en panne.
Pour Cheikh Seck, les points de blocage s'accumulent. «Il reste plusieurs décrets qui dorment dans les tiroirs, celui sur l’Endss concernant l’organisation et le fonctionnement, celui sur les heures supplémentaires… Ce sont des engagements pris par le président de la République et son Premier ministre dans le Pacte de stabilité sociale», rappelle-t-il.
Le recrutement annuel de 3500 agents pendant cinq ans, censé combler un déficit structurel de 18.000 personnels de santé, n’a pas été respecté cette année. «Cela met le système sous pression et aggrave les inégalités d’accès aux soins», dénonce-t-il.
Le ton se durcit lorsqu’il évoque la gouvernance. «Nous constatons qu’on prône de plus en plus un système parti-État, où, si vous n’appartenez pas au parti politique dominant, vous ne pouvez pas occuper certains postes de responsabilité, même si vous êtes compétent. C’est extrêmement dangereux », alerte Cheikh Seck. Il exige que tous les postes soient mis en compétition, comme promis par les autorités. S’y ajoutent, cite-t-il, «l’indemnité de logement «toujours en suspens» ; le plan de carrière «jamais opérationnalisé» ; l’habitat social «au point mort» ; la situation des agents des collectivités territoriales, «ignorée par la tutelle».
Pire encore, «le ministère de la Fonction publique ne répond même plus aux courriers. Nous demandons qu'il convoque enfin des négociations avec tous les ministères concernés.»
 
Un mois de décembre sous tension, grève générale, marches et rétention d’information
 
Pour Cheikh Seck, il n’est plus temps d’attendre. Le plan d’action syndical est maintenu dans son intégralité. «Grève générale les 4 et 5 décembre 2025 ; Tournée nationale et assemblée générale à l’hôpital Ndamatou de Touba, le 27 novembre ; Assemblée générale à Sédhiou, le 2 décembre ; Marche nationale le 18 décembre ; Maintien de la rétention d'information dans les structures sanitaires». «Nous irons jusqu’au bout», avertit-il, appelant les agents à rester mobilisés.
La modification du décret de 1977 apparaît certes comme une avancée symbolique, mais elle ne semble pas suffire à calmer une base syndicale qui se dit “épuisée, frustrée et méprisée”. Avec un mois de décembre chargé de mots d’ordre offensifs, la tension pourrait rapidement se transformer en confrontation ouverte avec l’État. Cheikh Seck, lui, reste catégorique. «Tant que les engagements ne seront pas tenus, la mobilisation ne faiblira pas.»
 
Baye Modou SARR
 
LES ECHOS

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