CRUE DU FLEUVE SÉNÉGAL : Matam franchit la cote d’alerte, Bakel et Podor sous forte menace




La montée des eaux du fleuve Sénégal inquiète les populations riveraines. Selon les derniers relevés hydrologiques du 26 août 2025, Matam a franchi la cote d’alerte, tandis que Bakel et Podor s’en approchent dangereusement. Les autorités hydrauliques appellent à la vigilance, dans un contexte marqué par des pluies abondantes et un risque accru d’inondations.
 
 
La saison des pluies s’intensifie et avec elle, la crue du fleuve Sénégal devient une préoccupation majeure. Le bulletin hydrologique publié ce mardi 26 août 2025 révèle des niveaux d’eau critiques dans plusieurs localités du bassin, de Bakel à Saint-Louis.
À Bakel, le fleuve a enregistré une légère baisse, passant de 10,03 m avant-hier matin à 9,94 m hier. Mais la cote d’alerte fixée à 10 m n’est plus qu’à 6 cm. Dans cette zone située à l’extrême est du pays, les habitants, déjà éprouvés par les pluies diluviennes, redoutent de voir leurs habitations et leurs champs submergés.
La situation est relativement moins tendue à Kidira, où le niveau est descendu de 8,56 m à 8,38 m. Cependant, la cote d’alerte y est fixée à 10 m, ce qui laisse une marge de 1,61 m seulement. Les experts soulignent que de fortes pluies en amont, notamment au Mali et en Guinée, pourraient rapidement réduire cet écart.
Le constat est plus préoccupant à Matam, où le fleuve a atteint 8,01 m hier matin, dépassant de 1 cm la cote d’alerte fixée à 8 m. Cela signifie que la région est officiellement entrée en zone rouge. Les populations riveraines, particulièrement celles de Ourossogui, Thilogne et Bokidiawé, s’attendent à des débordements si les précipitations se poursuivent dans les prochains jours.
À Podor, les chiffres confirment également une progression : de 4,29 m hier à 4,33 m hier matin. Si la cote d’alerte est fixée à 5 m, l’écart s’est réduit à 67 cm seulement. Dans ce département insulaire, entouré d’eau et fragilisé par la vétusté des digues, les inquiétudes sont réelles. Les producteurs maraîchers et rizicoles, dépendants des plaines alluviales, sont particulièrement exposés.
Enfin, à Saint-Louis, ville tricentenaire et point de rencontre du fleuve et de l’océan Atlantique, le niveau d’eau est mesuré à 1,11 m, contre une cote d’alerte de 1,75 m. Pour l’instant, la capitale du Nord reste en marge du danger immédiat, mais la mémoire des grandes inondations passées pousse les autorités locales à maintenir la vigilance.
 
Des risques accrus liés aux pluies et aux barrages
 
Selon les hydrologues, la montée actuelle est la conséquence directe des pluies abondantes enregistrées sur l’ensemble du bassin, aussi bien au Sénégal que dans les pays voisins. Le fleuve Sénégal prend en effet sa source en Guinée et traverse plusieurs frontières, ce qui complexifie la gestion des crues.
La régulation des barrages de Manantali (Mali) et de Diama (Sénégal-Mauritanie) joue un rôle déterminant dans l’évolution du niveau des eaux. Toute ouverture des vannes en amont, combinée à des pluies continues, pourrait aggraver la situation dans les zones les plus vulnérables.
 
Populations en alerte et appel à la prudence
 
Les services de l’hydrologie nationale ont déjà lancé des appels à la vigilance. Les comités régionaux de gestion des inondations sont activés dans le Fouta, notamment à Matam et Podor, afin de prévenir les dégâts humains et matériels.
« Les populations doivent suivre attentivement l’évolution des bulletins hydrologiques et se préparer à évacuer en cas de nécessité », a déclaré un responsable du service régional de l’hydraulique.
Au-delà des chiffres, c’est toute une économie locale qui est menacée : les champs de riz, de maïs et de patates douces, les zones d’élevage, mais aussi les routes et habitations précaires situées en bordure du fleuve.
La vigilance est donc de mise. Car si à Saint-Louis la marge reste confortable, la dynamique de crue en amont rappelle que la situation peut basculer rapidement. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si le fleuve Sénégal restera sous contrôle ou s’il débordera de son lit, emportant avec lui les espoirs et les récoltes des populations riveraines.
Samba THIAM
 
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