CRITIQUE DE LA GOUVERNANCE ACTUELLE Thierno Bocoum charge Ousmane Sonko : « De la parole forte à l’action faible »




 
 
Dans une tribune au vitriol, Thierno Bocoum, ancien député et président du mouvement Agir, dénonce ce qu’il qualifie d’“arrogance au pouvoir” du Premier ministre Ousmane Sonko. Entre confusion des rôles, populisme, double discours et absence de résultats tangibles, il brosse un portrait sévère de l’actuel chef du gouvernement.
 
 
 
Le ton est grave, les mots sont tranchants. Dans un communiqué rendu public ce lundi, Thierno Bocoum, ancien parlementaire et président du mouvement Agir, s’en prend avec virulence à Ousmane Sonko, Premier ministre et président du parti Pastef. Pour lui, le style de gouvernance adopté depuis l’arrivée au pouvoir du duo Diomaye-Sonko est marqué par un “piège de l’arrogance”, une posture qui étouffe le débat républicain et nuit à la crédibilité de l’action gouvernementale.
“Le Premier ministre entretient une confusion constante entre le peuple et ses partisans, entre la justice et la clameur populaire”, accuse Thierno Bocoum. À l’en croire, cette confusion volontaire permettrait à Ousmane Sonko de substituer le débat public par des disputes, préférant “l’affrontement à la pédagogie”, dans une dynamique plus militante que républicaine.
Bocoum regrette une absence de résultats à la hauteur des discours. Selon lui, Ousmane Sonko, faute “d’actes tangibles pour accompagner ses discours enflammés”, s’enferme dans une stratégie de diversion : “Il allume des contrefeux pour fuir les vraies responsabilités”, écrit-il, tout en évoquant “un mandat présidentiel par procuration”, que semble incarner le Premier ministre.
Plus préoccupant encore, selon Bocoum, est le rapport qu’entretient Ousmane Sonko avec l’indépendance de la justice. Il dénonce une tentative de légitimer la pression populaire comme mécanisme de régulation du pouvoir judiciaire, ce qu’il qualifie de “populisme primaire inquiétant”. Et d’interpeller : “Par quel mécanisme cette pression pourrait-elle s’exercer sans compromettre l’indépendance de la justice ?”
L’ancien député pointe également un “opportunisme simpliste” du gouvernement sur les baisses de prix récemment annoncées : “Se glorifier de baisses liées aux fluctuations du marché mondial, sans assumer les hausses, c’est fuir le débat structurel”, dénonce-t-il. Il appelle à une approche plus pédagogique et structurée de la politique économique.
Thierno Bocoum va plus loin, en évoquant un “double discours” : d’un côté, une volonté de limiter la liberté d’expression, de l’autre, un projet d’amnistie voté par la majorité pour des auteurs de violences et de vandalisme. Il évoque, avec ironie, le contraste entre le “Coumba am ndéyisme” et le “Coumba amoul ndéyisme”, pour souligner ce qu’il considère comme une incohérence morale.
Enfin, il fustige la tendance à caricaturer toute critique comme une forme de haine : “Réduire l’opposition à de la haine personnelle est hypocrite, surtout venant de quelqu’un qui n’a jamais eu de scrupules à attaquer violemment ses prédécesseurs”, écrit-il, en référence aux positions passées de Sonko lorsqu’il était dans l’opposition.
Thierno Bocoum conclut en estimant que les slogans, les éléments de langage et les stratégies de diversion ne masqueront pas, longtemps encore, ce qu’il considère comme une carence de fond dans la gouvernance actuelle.
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
 
 
 
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