Le Sénégal est officiellement entré dans une situation de crise. A l’origine, la condamnation, avant-hier, du leader de l’opposition Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire Sweet Beauté. Face à cette situation de chaos qui est en train de s’installer dans notre pays, Idrissa Seck a écrit au peuple sénégalais, au Président Macky Sall et au leader de Pastef-Les Patriotes. A ce dernier, Idrissa Seck demande de ne pas se laisser enivrer par la vague de soutien de tous ces acteurs précités, qui se servent de son leadership pour faire avancer leur propre agenda, alors qu’au chef de l’Etat, il demande de ne pas se laisser ni impressionner ni distraire par le concert de réactions émotives que soulèvent les images insoutenables de violence dans les rues de quelques-unes de nos villes. Aux jeunes, il dit comprendre leur colère et leur impatience de voir se matérialiser, ici et maintenant, les nobles idéaux qui habitent leurs cœurs.
«Le temps de l’angoisse et de la souffrance ne va pas durer. Notre pays est fort et résilient. Notre peuple dispose de toutes les ressources nécessaires pour surmonter la crise présente», c’est en ces mots que le président de Rewmi a résumé la situation de crise qui prévaut au Sénégal depuis la condamnation, avant-hier, du leader de l’opposition Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire Sweet Beauté. «Nous l’avons déjà fait dans le passé. Nous le referons InchaAllah. Dans cette perspective, le président de la République ne doit se laisser ni impressionner ni distraire par le concert de réactions émotives que soulèvent les images insoutenables de violence dans les rues de quelques-unes de nos villes, tellement souvent habituées au calme et à la sérénité», a invité l’ancien chef du gouvernement.
Poursuivant, Idrissa Seck dit avoir vu la lettre que trois anciens Premiers ministres ont adressée au président de la République, assurant que si son contenu ne manque pas d’intérêt, le temps de son examen n’est pas encore venu.
« J’ai lu en son temps la Tribune d’éminents intellectuels sénégalais d’ici et de la diaspora, pétrie d’enseignements pour faire progresser davantage notre modèle démocratique. J’ai lu beaucoup d’articles de la presse nationale et internationale sur les récents évènements. Le temps de se pencher sur cette abondante moisson d’idées, de parler Démocratie, libertés individuelles et collectives, mandats présidentiels. », dit-il. Et d’ajouter : « mais aujourd’hui, nous avons une urgence : restaurer l’ordre et prêter à la Justice la puissance publique nécessaire à son exercice plein et entier, sans menaces ni pressions d’aucune sorte. D’apporter tout notre soutien à nos vaillantes Forces de défense et sécurité, en charge de rétablir l’ordre et la sérénité dans nos rues, sans brutalité. Exercice très difficile face au consortium de menaces à affronter ».
Pour Idrissa Seck, « l’affaire Ousmane Sonko n’est que le prétexte, pour beaucoup d’autres acteurs, d’attaquer notre pays ». En effet, il note que les bandits profitent du chaos apparent pour piller. « Les djihadistes qui guettent la moindre occasion pour faire avancer leurs cellules dormantes. Les séparatistes violents, de plus en plus à l’étroit, face aux avancées significatives de la paix dans notre région sud avec des dépôts d’armes rassurants. Des puissances étrangères, dont le Sénégal est perçu comme une plate-forme devant servir leurs intérêts géostratégiques. Les intérêts économiques et financiers aux aguets pour s’accaparer de nos ressources pétrolières, gazières et minières », pense-t-il savoir, estimant que c’est cette urgence « law and order » qui doit retenir l’entièreté de l’attention du président de la République, dont la mission première est, avec le soutien de Dieu et de tous les patriotes républicains, de protéger le Sénégal, sa République, sa Constitution et ses lois, ses institutions, ses citoyens et leurs biens.
Par la suite, Idrissa Seck s’est directement adressé à Ousmane Sonko. Cette fois, loin de leur passe d’armes de la dernière fois, l’ancien président du Conseil économique social et environnemental (Cese) a changé de stratégie, tentant d’amadouer « son jeune frère ».
« A mon jeune frère et/ou neveu Ousmane, ne vous laissez surtout pas enivrer par la vague de soutien de tous ces acteurs précités, qui se servent de votre leadership pour faire avancer leur propre agenda. Rappelez-vous nos échanges du 27 mars : ne pas confondre le temps judiciaire et le temps politique. Le pouvoir politique ne peut ni ne doit influencer le cours de la justice. En revanche, le chef de l’Etat, avec le soutien de sa majorité parlementaire, a le pouvoir, après le temps judiciaire, d’atténuer voire d’abroger ce que la justice aura décidé. C’est la fonction dévolue à la grâce présidentielle et au mécanisme de l’amnistie qui permet un nouveau départ », invite-t-il. Et d’ajouter que « face aux épreuves qui te frappent, je te redis mon soutien sous la forme que tu connais déjà de moi : la Vérité, pas la vile flatterie du genre ‘’Ousmane Mou Sell Mi’’. Tu as commis des erreurs, beaucoup d’erreurs. Mais tu mérites une seconde chance. Ne la gaspille pas ».
Revenant vers les jeunes, Idrissa Seck dit comprendre leur colère et leur impatience de voir se matérialiser, ici et maintenant, les nobles idéaux qui habitent leurs cœurs. Il cite parmi ces nobles idéaux « plus de justice sociale, plus d’emplois et de revenus, plus d’alimentation, d’éducation et de santé, plus de gestion sobre et vertueuse, plus de patrie et moins de partis ».
« Mais retenez ceci : votre Sénégal est le fruit des efforts des générations passées, qui ont fait ce qu’elles ont pu, pour vous offrir une nation plurielle mais indivisible, respectée dans le monde, pacifique et stable. A charge pour vous de le détruire ou, comme je vous y invite, de l’embellir, de l’améliorer, de le construire et de le faire davantage progresser. Dans le respect de nos plurielles différences, demeurons « ce peuple sans coutures » dont parlait Léopold Sédar Senghor. Uni, debout et fier d’être ce que nous sommes et que le monde entier nous reconnaît : une exception », invite-t-il pour finir, priant « le Seigneur des mondes » de nous venir en aide.
Sidy Djimby NDAO