À l’issue de sa réunion du jeudi 24 juillet 2025, le Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Alliance pour la République (Apr) a publié une déclaration musclée. Revendications sociales, justice, libertés publiques, tensions politiques avec le Pastef et vie du parti : les cadres de l’ex-parti au pouvoir balaient l’actualité d’un ton offensif, dénonçant les dérives du régime en place tout en procédant à des ajustements internes stratégiques.
Réuni ce jeudi 24 juillet à Dakar, le Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Alliance pour la République (Apr) a publié une déclaration politique dense et offensive, dans laquelle l’ancien parti présidentiel revient sur plusieurs sujets majeurs qui agitent le pays. Des revendications des greffiers à la situation des détenus d’opinion, les républicains s’inquiètent, interpellent et attaquent.
Une solidarité assumée avec les greffiers en grève
L’Apr a ouvert sa déclaration en se positionnant clairement en faveur des greffiers, en grève depuis plusieurs semaines. Le Sen estime que cette grève est «légitime» et qu’elle paralyse gravement le fonctionnement de la justice. Pour le parti fondé par Macky Sall, la situation est critique et appelle à une réaction immédiate de l’État. Le garde des Sceaux est ainsi sommé d’ouvrir sans délai des négociations avec l’Entente Sytjust-Untj afin de trouver une issue définitive au conflit.
L’Alliance pour la République va plus loin en dénonçant les conséquences de cette grève sur les justiciables. Elle évoque notamment les «reports successifs des délibérés» et leur impact sur les droits fondamentaux des citoyens, qualifiant ces blocages de «violation grave». Le Sen met également en garde contre le recours aux réquisitions de greffiers, y voyant une solution de court terme, inefficace pour juguler une crise de fond.
Justice et libertés : la charge contre le pouvoir
La justice, au-delà de la grève des greffiers, occupe une place centrale dans la déclaration du Sen. Les responsables de l’APR dénoncent «les atteintes constantes aux libertés des citoyens» et appellent les magistrats à jouer pleinement leur rôle de gardiens de l’État de droit. Tout en réaffirmant leur attachement à l’indépendance de la magistrature, ils enjoignent les juges à respecter leur serment et à ne pas se laisser instrumentaliser.
Dans cette veine, le Sen exige la libération immédiate d’un certain nombre de personnalités qu’il qualifie de «détenus d’opinion». Parmi elles, figurent l’ancien député Moustapha Diakhaté, les activistes Abdou Nguer, Bachir Fofana, Assane Diouf, Jérôme Bandiaky, Djiby Ndiaye, ainsi que l’homme d’affaires Tahirou Sarr.
La culture de l’insulte dans le viseur
En outre, l’Apr accuse le parti fondé par Ousmane Sonko d’avoir instauré une «culture de l’insulte» dans l’espace public, qui se poursuivrait malgré son accession au pouvoir. Le Sen pointe une contradiction flagrante entre cette tolérance envers les excès verbaux de certains partisans du régime, et la répression qui s’abat sur d’autres acteurs du débat public.
Les républicains évoquent les cas de chroniqueurs et responsables politiques arrêtés ou emprisonnés pour des «discours contraires aux bonnes mœurs», dénonçant une application à géométrie variable de la loi. Pour eux, ces pratiques relèvent d’une volonté manifeste de museler les voix critiques et de verrouiller l’espace public.
Des responsables du parti «pris en otage»
Sur le plan partisan, l’Apr continue de dénoncer ce qu’elle considère comme une campagne de harcèlement judiciaire contre ses dirigeants. Le Sen dénonce notamment la «prise d’otage» de plusieurs figures clés : Farba Ngom, Mansour Faye, Lat Diop, Moustapha Diop et Abdoulaye Ndiaye. Tous sont visés par des procédures judiciaires jugées politiques par leur formation.
Le placement sous bracelet électronique d’Ismaïla Madior Fall et de Aïssatou Sophie Gladima, ainsi que la mise sous contrôle judiciaire de Salimata Diop, sont également dénoncés. Le Sen considère que ces mesures visent à fragiliser le parti et à réduire son influence.
Sidy Djimby NDAO
Réorganisation et nominations : l’Apr prépare l’après Pastef, Pape Malick Ndour nouveau patron des cadres de l’Apr
En dépit de ce contexte difficile, l’Apr poursuit sa réorganisation interne. Dans l’attente de l’installation d’un nouveau Secrétariat exécutif national élargi, le président du parti, Macky Sall, a procédé à plusieurs nominations stratégiques. Pape Malick Ndour devient ainsi coordinateur national de la Convergence des cadres républicains (Ccr), tandis qu’Aminata Guèye prend les rênes de la Chambre des élus républicains.
Hamidou Anne, quant à lui, est nommé à la tête de la Cellule analyses et prospective (Cap), une structure chargée de produire des réflexions et propositions stratégiques pour le parti. Quatre nouvelles personnalités rejoignent également le groupe des porte-paroles adjoints : Papa Mahawa Diouf, Mame Marième Thiam Babou, Mame Guèye Diop et Saourou Sène.
SDN