CRISE DE CONFIANCE : Les obligations en dollars du Sénégal plongent face à un déficit budgétaire plus grave que prévu




 
 La tension monte sur les marchés financiers après la publication d’un rapport budgétaire qui remet en cause les chiffres officiels précédemment présentés par les autorités sénégalaises. Ce document a révélé que la situation de la dette du pays est bien plus préoccupante, provoquant un recul brutal des obligations souveraines sénégalaises libellées en dollars.
 
Une dette plus profonde que prévu
 
Selon des analyses relayées par Bloomberg, le Sénégal pourrait faire face à un déficit de financement de près de 2 milliards de dollars. Ce trou budgétaire, révélé par des examens récents des finances publiques, jette un froid sur les marchés, déjà fébriles. Les obligations sénégalaises à échéance 2033 se négocient désormais à près de 65 cents pour un dollar, signe d'une perte significative de confiance des investisseurs internationaux. Des institutions comme Barclays estiment que la dette publique du Sénégal a atteint 119% du Pib, soit un niveau extrêmement élevé pour un pays à revenu intermédiaire. Cette situation fait peser un lourd fardeau sur les finances publiques et pourrait mettre en péril les ambitions de croissance du pays.
Cette conjoncture défavorable a déjà conduit S&P Global Ratings à abaisser la note souveraine du Sénégal à «B» en mars 2025, soit cinq crans en dessous du seuil d’investissement. Sur les marchés, les obligations sénégalaises arrivant à échéance en 2033 et 2048, déjà malmenées en septembre 2024 avec des valeurs respectives de 84,54 cents et 67,17 cents pour un dollar, continuent de perdre du terrain. À court terme, la combinaison d’une dette jugée excessive, d’un déficit persistant et d’un soutien incertain du Fmi devrait maintenir cette dynamique baissière. «La révision à la hausse du ratio dette/Pib met en lumière des défis structurels majeurs pour le Sénégal», a déclaré un analyste de Barclays, interrogé par Bloomberg.
 
Une réaction en chaîne sur l’économie
 
Cette dégringolade des titres souverains pourrait entraîner des répercussions directes sur l’économie nationale. C’est-à-dire un coût du crédit plus élevé : le Sénégal devra offrir des taux d’intérêt bien plus élevés pour continuer à emprunter sur les marchés internationaux. Il y a aussi un risque de refinancement : avec une dette élevée et une perception de risque accrue, l’accès au financement extérieur devient plus compliqué. Les experts soulignent aussi qu’il peut y avoir un frein aux dépenses publiques : la charge de la dette pourrait contraindre l’État à réduire ses investissements dans des secteurs clés comme la santé, l’éducation et les infrastructures.
 
Le Fmi et les créanciers en attente
 
Le gouvernement a engagé un programme de réformes budgétaires sous la supervision du Fonds monétaire international (Fmi). Toutefois, le Fmi attend toujours des clarifications et des engagements fermes pour poursuivre son soutien. Cette incertitude alimente l’inquiétude des créanciers, déjà échaudés par le manque de transparence dans la gestion passée des comptes publics.
 
Samba THIAM
 
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