Une vaste opération menée par la police indienne de Tiruvallur (Tamil Nadu) a abouti à l’arrestation d’un nouveau complice dans le réseau de drogue, après l’interpellation du ressortissant sénégalais qui se faisait appeler Bende et qui est considéré comme le cerveau du trafic.
La récente offensive policière contre un cartel de drogue synthétique à Chennai s’est renforcée avec l’arrestation, le 18 novembre, de Mathin Ahmed, 31 ans, saisi en possession de 55 grammes de méthamphétamine et de 40 comprimés de MDMA pesant 26 grammes. Ce coup de filet jette une lumière crue sur l’ampleur d’un réseau étranger enraciné en Inde.
Selon les enquêteurs, l’arrestation de Mathin fait suite à celle, le 8 novembre, de «Bende», un Sénégalais de 43 ans, arrêté à Delhi. Bende, comme l’appelait ses collègues, serait le coordinateur principal du trafic et, au cours de l’interrogatoire, il a désigné Mathin comme son «bras droit» dans le Tamil Nadu.
Les policiers ont révélé que Bende dispose de plusieurs téléphones saisis lors de sa capture, lesquels contenaient des données précieuses sur l’itinéraire des drogues entre plusieurs États : Tamil Nadu, Karnataka, Maharashtra, Gujarat, ainsi que des régions du Nord-Est.
Un mode opératoire ingénieux
Le mode de livraison du cartel paraît particulièrement astucieux : des conducteurs de bus privés ou des porteurs rémunérés (entre 5000 et 10.000 roupies) laissent des paquets dans des endroits isolés sous un arbre, à proximité d’un salon de thé… et communiquent leurs coordonnées GPS à leurs complices.
Ce système permettrait de limiter les risques tout en assurant la fluidité de l’acheminement des drogue.
Le financement : un puzzle bancaire
Le réseau semble avoir utilisé des comptes bancaires ouverts sous de fausses identités, dans des États très éloignés : Bengale occidental, Nagaland, Mizoram. Cet usage de structures bancaires fantômes suggère une sophistication financière, typique des organisations bien structurées. Depuis le début de la vague d’arrestations, la police de Tiruvallur affirme avoir saisi environ 230 g de méthamphétamine et 26 g de MDMA.
À ce jour, 15 personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles des ressortissants du Sénégal, du Nigeria, de la RDC, ainsi qu’un Indien d’origine malaisienne. Certains ont été identifiés comme impliqués, en plus du trafic de drogue, dans des activités de cybercriminalité ou des opérations de hawala (système informel de transfert d’argent).
Quant à Mathin Ahmed, la police indique qu’il avait déjà des antécédents : il fait l’objet d’une affaire en cours auprès du Narcotics Control Bureau (NCB) et a déjà été incarcéré à la prison de Puzhal.
L’arrestation de Bende, le Sénégalais suspecté de diriger le réseau, et de Mathin, son relais local, marque un tournant dans l’enquête : elle révèle l’internationalisation du trafic, mais aussi son ancrage local dans le Tamil Nadu.
Cette affaire met en lumière comment des réseaux criminels transnationaux peuvent s’appuyer sur des complicités locales et des systèmes de livraison inédits, tout en exploitant des failles du système bancaire pour blanchir leurs gains.
Les autorités indiennes semblent désormais déterminées à démanteler toute la chaîne : de la production à la livraison, en passant par le financement. Le rôle du Sénégalais Bende dans cette affaire pourrait également attirer l’attention internationale, notamment sur la responsabilité de certains pays dans la lutte contre les drogues synthétiques.
Khadidjatou D. GAYE