Il est grand temps que le Sénégal rapatrie El Hadj Abdoulaye Seck, un technicien d’exception dont le profil est rare, voire unique, dans notre pays. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser une telle expertise nous échapper, d’autant plus que nous manquons cruellement de figures de son envergure dans le domaine de l’analyse de performances et de la mise en place des stratégies de développement des techniciens.
En tant qu’entraîneur, enseignant et expert méthodique, il incarne une compétence multidimensionnelle capable de transformer en profondeur notre paysage footballistique. Son retour serait une formidable opportunité pour le Sénégal de renforcer la sélection nationale A, ses structures sportives et d’investir dans une vision à long terme pour le développement du football à tous les niveaux.
El Hadj Abdoulaye Seck n’est pas simplement un entraîneur de football ; il est avant tout un enseignant doté d’une approche scientifique rigoureuse et d’une expertise reconnue dans le management du sport. Son pragmatisme, sa méthodologie et son expérience approfondie dans l’organisation des structures sportives professionnelles font de lui une ressource précieuse pour notre pays. Avec près de deux décennies d’expérience dans le management du football sénégalais de Diambars à Génération Foot, avant de poursuivre sa carrière au FUS de Rabat, puis avec les sélections des Comores et de la Mauritanie, il s’est imposé comme un expert respecté sur le continent africain et je peux le témoigner. Ce parcours riche et diversifié lui confère une compréhension rare des défis et des opportunités liés au football africain et mondial.
Notre pays aspire à l’excellence sportive, et pour atteindre cet objectif, il est important de s’entourer des meilleurs profils. Pape Thiaw représente la suite logique de ce que la Fsf avait peut-être déjà anticipé, et les recommandations du payeur (ministère des Sports) ont facilité la tâche au comité exécutif, y compris à Pape lui-même, qui a remporté le Championnat d’Afrique avant d’assurer avec succès l’intérim d’Aliou Cissé.
Pape Thiaw partait favori, dans la mesure où il a déjà remporté le Chan et a réussi son intérim, tandis que ses concurrents cités au poste (Habib Bèye et Omar Daf) n’ont peut-être pas encore remporté un tel titre ni été sélectionneurs. C’est à lui de se justifier et de donner raison à ceux qui l’ont choisi. Cependant, il faut le renforcer avec une équipe technique plus compétitive, qualifiée et ambitieuse, capable de viser la prochaine Coupe d’Afrique et d’obtenir de meilleurs résultats durant les éliminatoires et la Coupe du monde, si une qualification est obtenue.
Ce n’est pas parce que nous avons récemment traversé des périodes de doutes que nous devons minimiser nos forces pour 2025. Nous avons gagné la Coupe d’Afrique avec la sélection la moins rassurante de l’époque de Cissé, car pour moi, nos équipes nationales de 2017 et de 2019 étaient les plus riches en termes de talents. Donnons-nous les moyens de viser la prochaine édition avec un peu plus de rigueur dans le management, en évitant les erreurs qui se sont produites en Côte d’Ivoire, où l’échec a été cuisant. Il n’est plus normal que nous sortions ainsi de la compétition. Soyons plus ambitieux.
Notre pays est l’une des sélections fréquemment citées parmi les favorites, mais dispose d’une équipe technique qui manque de certaines compétences par rapport aux exigences du football de haut niveau. Il est important d’augmenter le nombre de collaborateurs techniques de Pape Thiaw, en l’entourant de techniciens dont les expertises sont avérées et qui connaissent l’écosystème du sport sénégalais à l’image d’El Abdoulaye Seck, par exemple, serait d’un atout majeur pour le développement même du football local sénégalais.
Un analyste de performances étranger de son calibre en équipe nationale pourrait certes apporter beaucoup à notre sélection nationale, mais il serait rarement disponible pour accompagner le développement des clubs locaux, des jeunes sélections, et pour former les techniciens sur place. En revanche, Abdoulaye Seck, grâce à sa connaissance approfondie des réalités sénégalaises et africaines, pourrait, en tant que résident au Sénégal, être en mesure d’apporter ce soutien stratégique et durable. Il s’illustre d’ailleurs déjà sur le continent par ses activités de formation, notamment dans l’analyse des performances, un domaine clé pour le football moderne.
Son expertise pourrait être mise au service non seulement de l’équipe nationale A, mais aussi de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) et de la Direction technique nationale (Dtn). Son apport serait déterminant pour la mise en place d’une politique sportive cohérente et adaptée aux exigences du haut niveau. Par ailleurs, il représente une valeur ajoutée pour le développement global du football sénégalais, notamment dans des secteurs négligés comme la formation des jeunes talents, la structuration des clubs, et l’optimisation des performances.
Perso, je pense qu’au-delà même de l’aspect technique, le retour au pays de quelqu’un comme Abdoulaye Seck incarnerait un signal fort : celui d’un Sénégal qui mise sur ses propres ressources humaines, qui valorise ses experts et qui ambitionne de devenir une référence en matière de gestion sportive sur le continent. L’heure est venue de rassembler nos forces et de nous entourer des meilleurs pour maximiser le potentiel sportif de notre pays.
J’en profite pour souhaiter une réussite inégalée à Pape Thiaw, qui aura la lourde tâche d’entraîner notre sélection nationale dans les années à venir. Les défis seront nombreux, mais ils ne sont pas insurmontables s’il adopte une approche stratégique. Que Dieu nous permette de retrouver notre place de champions d’Afrique dans toutes les catégories ! Amine !
Cherif Sadio, directeur de développement du SFC Neuilly sur Marne (National 3, France), ex-directeur du Casa Sports (Ligue 1, Sénégal)