Comme on pouvait s’y attendre, 24 heures après la décision du président de la République de reporter sine die l’élection présidentielle du 25 février 2024, les premiers heurts ont été notés au Sénégal. A l’origine, un rassemblement appelé au niveau du rond-point Saint Lazare par le groupe des candidats de l’opposition qui ont décidé de conjointement mener campagne en ce jour qui devait constituer la journée d’ouverture de la campagne électorale. Mais c’était sans compter avec la détermination des forces de sécurité qui ont quadrillé la zone depuis samedi soir et qui hier ont gazé les premiers venus sur ce lieu. Devant cette répression, les plus jeunes ont adopté une stratégie de guérilla urbaine, brûlant des pneus et barrant la route avant de se disperser aussitôt à l’intérieur des quartiers. Pendant ce temps, des leaders comme la candidate Anta Babacar Ngom ou encore l’ancien Premier ministre Aminata Touré, ont été interpellés par les gendarmes. Moins chanceux, le Pr Daouda Ndiaye qui a été violenté a dû finir la manifestation à l’hôpital.
Au Sénégal, des heurts ont éclaté dimanche après-midi à Dakar, où les gendarmes sénégalais ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes des centaines de personnes venues manifester contre le report sine die de la présidentielle prévue le 25 février, annoncé la veille par le Président Macky Sall. Des opposants et candidats à la présidentielle ont été interpelés alors qu'ils participaient à la manifestation.
En effet, après un report à haut risque par le président de la République de l’élection présidentielle prévue le 25 février 2024, l’opposition qui a décidé de ne pas reconnaître «ce décret illégal de Macky Sall» a appelé les Sénégalais à descendre dans la rue la rejoindre pour le démarrage de la campagne électorale. Un rassemblement appelé au niveau du rond-point Saint Lazare par le groupe des candidats de l’opposition qui ont décidé de conjointement mener campagne en ce jour qui devait constituer la journée d’ouverture de la campagne électorale.
Seulement, les leaders n’ont jamais pu se regrouper au niveau du rond-point Saint Lazare à cause des forces de sécurité qui ont quadrillé la zone depuis la nuit de samedi. C’est ainsi qu’hier, les Fds ont gazé les premiers venus sur ce lieu, provoquant ainsi la colère des plus jeunes qui ont aussitôt engagé la lutte face aux forces de sécurité. Bombardés de grenades lacrymogènes par des policiers armés jusqu’aux dents, les manifestants ont adopté une stratégie de guérilla urbaine, brûlant des pneus et barrant la route avant de se disperser aussitôt à l’intérieur des quartiers. Le Boulevard Aliou Sow plus connu sous le nom Voie de dégagement nord (Vdn) a ainsi été le théâtre de violents affrontements entre les gendarmes et les jeunes manifestants notamment. De 15 heures 30 minutes à 20 heures, les deux protagonistes se sont fait face, les uns barrant la route par tous les moyens et brûlant des pneus ; les autres les chassant et dégageant la route pour mettre fin aux embouteillages monstres qui avaient fini par se former.
Professeur Daouda Ndiaye violenté
Pendant ce temps où les plus jeunes faisaient face aux forces de l’ordre et de sécurité, les rares leaders qui ont été aperçus au niveau du point de ralliement, à savoir le rond-point Saint Lazare, ont été violentés et arrêtés, s’ils n’ont pas été envoyés à l’hôpital comme le fut le Professeur Daouda Ndiaye, candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Alors qu’il tentait d’accéder au point de rendez-vous, le Professeur récemment passé en politique a vu son cortège bombardé de gaz lacrymogènes par les gendarmes. Alors que les nombreux jeunes qui l’accompagnaient scandaient malgré tout «Macky Dégage», «Non au report de la présidentielle», «touche pas à ma constitution»… Quelques heures après, le Directeur général du Centre international de recherche et de formation en génomique appliquée et de surveillance sanitaire (Cigass) a publié des photos de lui sortant de l’hôpital avec des pansements au bras et au visage. «Je viens à l’instant d’être chargé de lacrymogènes par une équipe de la gendarmerie nationale au niveau de Saint Lazare», a-t-il déclaré dans un tweet avec une photo de lui portant les stigmates de la violence qu’il a subie.
Anta Babacar Ngom arrêtée
Pendant que le Professeur Ndiaye se faisait prendre en charge dans une structure de santé, son homologue candidate à l’élection présidentielle du 25 février 2024 Anta Babacar Ngom a été interpellée par la gendarmerie. La jeune candidate qui a tenté, comme on peut le voir sur des vidéos qui circulent sur la toile, de se débattre avec les gendarmes, a été finalement maîtrisée et envoyée au niveau de la brigade de gendarmerie de la Foire. «Je suis actuellement détenue à la brigade de Foire, après avoir été brutalisée par les forces de l'ordre. Cette épreuve est un témoignage des défis auxquels nous faisons face dans notre lutte pour la justice et la démocratie au Sénégal», a-t-elle déclaré dans un tweet quelque temps après son interpellation. Avant d’ajouter dans un autre tweet : «devant la brigade de la Foire, nos membres et partisans sont venus chercher de mes nouvelles, soutenir leur candidate injustement détenue. Leur accueil ? Des gaz lacrymogènes. Cette brutalité ne nous découragera pas. Le combat ne fait que commencer ! La justice triomphera. Pas un jour de plus pour ce régime autoritaire.»
Aminata Touré aussi
Même si elle n’est pas candidate à cette élection présidentielle pour laquelle elle a été recalée, spoliée, selon elle, l’ancien Premier ministre Aminata Touré compte parmi les leaders qui ont été interpellés par les gendarmes, alors qu’elle tentait avec quelques proches de rejoindre le rond-point Saint Lazare. « Je viens d’être embarquée vers la gendarmerie de la Foire dès que je suis sortie de mon véhicule», a-t-elle fait remarquer sur ses réseaux sociaux.
A signaler que d’autres candidats comme Aliou Mamadou Dia ou encore Pape Djibril Fall ont été aperçus dans les rues de Dakar à travers des vidéos qui circulent en ligne. Thierno Alassane Sall accompagné du député de Yewwi Askan Wi, Guy Marius Sagna, a également été vu dans la rue pour manifester contre «le coup d'Etat constitutionnel de Macky Sall». Dans une vidéo en ligne, on peut apercevoir plusieurs femmes couchées à même le sol tentant de retrouver le souffle après avoir été bombardées de grenades lacrymogènes.
Sidy Djimby NDAO