CONSEQUENCES DE L’INTERDICTION DE LA COUPE DE BOIS EN CASAMANCE: Des ménages brisés, la culture du chanvre indien et le renforcement des rangs du Mfdc favorisés, alertent les acteurs



 
Las de subir les conséquences néfastes du décret présidentiel interdisant la coupe de bois en Casamance, les scieries, les menuisiers et autres acteurs évoluant dans la foresterie se radicalisent contre ce décret et contre-attaquent.
 
C'est ce jeudi 6 décembre 2018 que l'Union régionale des coopératives des exploitants forestiers de Ziguinchor (Urcef/Z), les artisans du bois dans la région de Sédhiou et tous les acteurs évoluant dans la foresterie à Sédhiou, se sont donné rendez à Ziguinchor pour montrer leur désarroi. «L'Union régionale des coopératives des exploitants forestiers de Ziguinchor (Urcef/Z), les artisans du bois dans la région de Sédhiou et tous les acteurs évoluant dans la foresterie à Sédhiou constatent que des milliers de pères de famille, qui ont plus d'une cinquantaine d'années d'expérience et encadrés par le service forestier, sont dans le désarroi», fulmine Chérifou Gadjigo, qui a porté la voix de ces professionnels du bois. Selon lui, certains ont vu leur ménage partir en lambeaux, car leurs femmes ne pouvant plus supporter d'avoir un mari qui n'est plus en mesure de donner la dépense quotidienne.  
Il poursuit : «dire qu'il n'y a plus de droit d'usage sur les produits forestiers et que le secteur privé national, encadré par le service forestier, n'a plus la possibilité de verser des redevances forestières à l'État pour avoir la possibilité de collecter du bois venu à terme, pour le mettre à la disposition des populations, encourage la fraude. Cela n'avance pas notre pays et c'est cette explication que nous donnons à l'interdiction de l'exploitation du bois». Les acteurs du bois en Casamance souffrent énormément de cette interdiction. Ils ont toujours dénoncé le fait qu'ils peinent à trouver du bois pour honorer leurs engagements, à cause de cette interdiction, alors que le bois circule dans les autres régions du pays. 
Sur ce, le porte-parole dénonce : «des milliers de personnes qui travaillaient dans l'exploitation licite du bois sont maintenant confondus aux trafiquants, pour la bonne et simple raison que la production de bois est interdite au Sénégal».
Reconnaissant l'importance du bois dans l'écosystème, Chérifou Gadjigo dit : «nous devons certes penser à la génération future, mais aussi nous devons traquer les délinquants qui ne se soucient que de leur profit. Des milliers de pères de famille qui ne connaissent que le bois attendent des mesures d'accompagnement depuis l'interdiction de l'exploitation du bois. Il est temps de revoir cette politique pour ne pas encourager la fraude», soutient-il. Mais, des menuisiers et des scieurs, rencontrés sous couvert de l'anonymat, soufflent que cette interdiction favorise la déperdition des jeunes. «La culture du chanvre indien pourrait se développer, si la mesure continue à être appliquée, car nombreux sont ces jeunes qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ils n'ont plus d'occupations, pas de bois et ne font que traîner. D'ailleurs, certains qui sont en milieu rural, avec cette interdiction, pourraient tenter l'aventure du maquis et grossir ainsi les rangs des camps du Mfdc», expriment-ils. 
Baye Modou SARR

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