Les choses se corsent pour notre compatriote Ibrahima Bah. Ce dernier, qui avait été reconnu coupable d'homicide involontaire pour la mort des migrants qui se trouvaient à bord du canot qu'il pilotait lors d'une tentative de traversée, a été enfoncé par la légiste. La blouse blanche, qui a présenté les résultats de l'autopsie à la Cour de la couronne de Canterbury, en Angleterre, a conclu que les hommes sont morts au cours du voyage. Notre compatriote, déjà condamné à 9 ans de prison, risque gros dans cette affaire qui est loin d'être finie.
Ibrahima Bah a été condamné dans un premier temps par la Cour de la couronne de Canterbury pour avoir transporté des migrants en Angleterre, mais le fait intrigant, c’est qu'il était le seul survivant du canot. Ibrahima Bah, qui avait accepté de piloter le canot en échange d'une traversée gratuite, a été emprisonné après avoir été reconnu coupable d'homicide involontaire de ceux qui se sont noyés. Le nouvel élément dans cette information qui risque d'alourdir la peine du jeune Sénégalais, c'est que les résultats de l'autopsie sont sortis. La légiste a révélé que l'identité de l'un des hommes est encore inconnue, tandis que les autres étaient Mohamed Lamine Touré (27 ans), un étudiant guinéen, et Moussa Kouyaté (18 ans), également étudiant guinéen. Le légiste a fait savoir au tribunal anglais que le corps du quatrième homme qui a été repêché n'a pas encore fait l'objet d'une autopsie. La police, qui mène l'enquête jusqu'à présent, est à la recherche d'une autre personne qui était aussi sur la pirogue. La légiste Patricia Harding a déclaré : "c'était un incident tragique qui n'aurait jamais dû se produire. Les trois hommes ont été tués illégalement", a fait savoir la légiste.
Le juge parle de tragédie
L'inspecteur Ross Gurden de la police du Kent, qui a mené l'enquête, a renseigné que ce sont les autorités françaises qui leur ont signalé qu'un canot de fortune aux allures douteuses était en train de se diriger sur les côtes britanniques. C'est ainsi que la police britannique a reçu un renseignement après avoir déclenché l'alerte qu'un canot a été repéré par l'équipage du navire de pêche britannique Arcturus. La police a mené des enquêtes approfondies pour identifier les hommes qui sont morts mais n'a pas pu se renseigner sur l'identité de l'un d'entre eux. Le juge Johnson a déclaré que la "responsabilité primordiale" des infractions incombait aux transporteurs de personnes qui avaient acheté un navire "entièrement dangereux et insatisfaisant". Il a déclaré à Bah : "ce qui s'est passé est une tragédie totale pour ceux qui sont morts et leurs familles. C'est aussi une tragédie pour vous. Votre rêve de commencer une nouvelle vie au Royaume-Uni est en lambeaux."
Bah a été reconnu coupable par le jury de quatre chefs d'homicide involontaire, que le tribunal décrit comme si le décès résulte d'un acte ou d'une omission manifestement négligents de la part du défendeur. Le jury a également déclaré Bah coupable d'avoir facilité une infraction à la loi britannique sur l'immigration. Le juge a déclaré que le bateau était un "piège vers la mort" et que les passagers étaient conscients du risque, mais Bah est coupable" pour des infractions.
Au cours d'un nouveau procès de trois semaines, les jurés ont appris que Bah avait fait le pilote en échange d'un passage gratuit. Mais Bah a dit au tribunal qu'il avait changé d'avis sur le pilotage du canot quand il est arrivé sur une plage et a vu qu'il était trop petit pour le nombre de passagers. Bah a affirmé qu'il avait été agressé par des contrebandiers et menacé de mort s'il ne prenait pas le canot. Le tribunal a entendu qu'un certain nombre de migrants avaient confié que l'eau avait atteint leurs genoux dans les 30 minutes qui ont suivi la sortie des côtes françaises. Le procureur Atkinson a déclaré que Bah n'était pas formé ou autorisé à diriger ce canot et qu'il n'y avait pas suffisamment d'équipements de sécurité tels que des gilets de sauvetage et aucune fusée éclairante ou radio à bord.
Le juge Johnson a déclaré qu'il acceptait qu'il y ait un «degré de coercition en l'absence de contrainte». Libby Clark, procureure spécialisée pour le Crown Prosecution Service (CPS), a déclaré : «il aurait pu rebrousser chemin. C'est ce que certains des migrants voulaient faire. Mais Ibrahima Bah a continué. Ce ne sont pas vraiment les actions de quelqu'un qui a agi sous la contrainte."
Lors d'un entretien avec la police, Bah a déclaré à la détective qu'un ami proche, âgé de 18 ans, était parmi ceux qui étaient morts, bien que son corps n'ait pas été formellement identifié. Le juge a déclaré que Bah était "l'une des dernières personnes à quitter le canot" et a aidé d'autres personnes, y compris son ami qui était "tragiquement mort devant ses yeux". Au total, 39 survivants ont été amenés à terre à Douvres. Le nombre exact de migrants qui se sont noyés n'est pas connu, car il semble qu'au moins un corps n'ait pas été récupéré. Un homme a été identifié comme étant Ahmadi Herjatullah, âgé de 31 ans, d'Afghanistan, marié avec une fille âgée de 6 ans au moment de sa mort.
Samba THIAM