CONDAMNÉ À 15 ANS DE RÉCLUSION CRIMINELLE EN PREMIÈRE INSTANCE : Fallou Fall jugé hier en appel, le Procureur général requiert son acquittement, délibéré le 27 août




 
 
 
 
Condamnée en première instance à 15 ans de réclusion criminelle pour viol sur mineure de moins de 13 ans, Fallou Fall a été jugé hier, mercredi 30 juillet 2025, devant la chambre criminelle de la Cour d'appel de Dakar. Le Procureur général a requis son acquittement en précisant que les témoins entendus dans le cadre de cette procédure n’ont pas décrit les faits avec exactitude. 
 
 
 
Le jeune Fallou Fall, 33 ans, du fond de sa cellule, est sûrement en train de prier afin que la chambre criminelle de la Cour d'appel de Dakar, comme requis par le Procureur général, l'acquitte de tous les chefs d'inculpation pour lesquels il est poursuivi. Pour quelqu'un qui a été condamné en première instance par le tribunal de Pikine-Guédiawaye à 15 ans de réclusion criminelle, il revient de loin. Fallou Fall est ce garçon domicilié à Yeumbeul Mbed Fass dont le nom s'est fait connaître sur les réseaux sociaux à cause des accusations de viol et de pédophilie que lui imputait sa tante, Fatima Dieng. Cette dernière avait soutenu que l'accusé avait violé W. Fall, la demi-sœur de Fallou Fall qui n'avait que 5 ans à l'époque, en 2020.
À la barre du tribunal, son accusatrice a soutenu avoir pris connaissance des faits en nettoyant sa fille. Cette dernière se plaignait de douleurs chaque fois qu’elle touchait ses parties intimes. Quand elle lui a demandé les causes de sa souffrance, cette dernière lui a répondu que c’était son grand-frère Fallou qui l’avait blessée. Pour ainsi voir plus clair, la mère s'est rendue à l'hôpital de Thiaroye, puis à Roi Baudouin, où un certificat médical lui a été délivré. La gamine, en présence de sa mère, a corroboré ces déclarations, affirmant que Fallou avait baissé son pantalon et introduit un cure-dent dans son vagin, malgré ses cris. Elle subissait constamment les abus sexuels de son demi-frère dit-elle toujours.
Le père des deux parties, Cheikh Mbacké Fall, a révélé que son épouse l’avait informé des attouchements, confirmés par un gynécologue. Il avait, d'après lui, interdit à Fallou de s’approcher de W. Fall, mais, il ne s'était pas exécuté.
Adjoint du délégué de quartier, Alassane Saidou Diallo a, pour sa part, indiqué qu’une réunion familiale avait eu lieu, au cours de laquelle Fallou avait nié les faits.
Pour sa part, Fallou Fall, depuis l'enquête préliminaire jusqu'à la barre du tribunal, a réfuté ces accusations. ‘’C'est une affaire orchestrée par sa tante, avec laquelle ses frères et sœurs germains entretiennent des relations conflictuelles’’, dit-il. Cependant, le père Cheikh Mbacké Fall et la tante Fatima Dieng ont nié avoir accusé Serigne Fallou Fall. S'en est suivi le défilé des témoins.
 
Les témoignages déchargent tous Fallou
 
 
Serigne Saliou Fall, petit-frère de l’accusé, a témoigné qu’il avait été le premier à être accusé. Il a précisé avoir été conduit chez le chef de quartier par son père et sa tante. Ce qu’a confirmé leur voisine Soda Kandji. Elle a également déclaré qu’un jour, Fatima Dieng lui avait lancé, en pleine discussion, qu’elle ne pourrait pas sortir Fallou de prison, car elle avait monté cette histoire depuis trois longues années. Elle a ajouté que d’autres voisins pourraient attester de ces propos. Une autre voisine du nom de  Yata Diop, a également confirmé que Fatima Dieng lui avait rapporté les abus qui auraient été corroborés par des examens médicaux.
Prenant la parole, les avocats de la défense ont tenté de démontrer des contradictions, notamment sur la date des faits. Le père a affirmé que le dernier viol remontait au jour de la Korité, le 24 mai 2020, tandis que, selon la défense, Fallou avait été inculpé bien avant cette date, plus précisément en mars 2020. Toutefois, les conseils de la défense ont aussi relevé que plusieurs consultations gynécologiques avaient été effectuées sans que la justice ne soit saisie. "Fatima Dieng a répondu que ces consultations visaient à traiter les sécrétions que présentait sa fille. Le certificat médical se rapporte davantage à des coups et blessures volontaires. Il ne permet nullement d’établir un lien de causalité entre ces blessures et les faits reprochés à Fallou Fall", a rapporté l'un d'eux. Au final, ils ont plaidé son acquittement.
 
 
L'Avocat général requiert l’acquittement de Fallou, délibéré le 27 août
 
 
 
L'Avocat général, dans son réquisitoire, a rappelé que le droit pénal repose sur des faits précis. D'après le parquet, les témoins entendus n’ont pas décrit les faits avec exactitude. "Nous sommes des humains et Dieu est le meilleur des juges", a-t-il confié. En terminant ses observations, le Procureur général a cité une sourate, avant de requérir l’acquittement. Le délibéré est fixé  au 27 août 2025. Mais avant cela,  la demande de liberté provisoire de Fallou Fall a été rejetée par le tribunal.
En guise de rappel, Fallou Fall a été placé sous mandat de dépôt le 17 mars 2020 avant d'être jugé le 3 décembre 2024, devant la chambre criminelle du tribunal de Pikine-Guédiawaye. Mais, les premiers juges, en rendant leur verdict, l'avait acquitté pour le crime de pédophilie sur mineure de moins de 13 ans avant de le condamner à 15 ans de réclusion criminelle pour viol. C'est à la suite de ce verdict qu'il avait interjeté appel.
 
Fatou D. DIONE
 
 
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