Prévue à 10h au stade Léopold Sédar Senghor de Dakar, l’installation du président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) et de son Comité exécutif (Comex) n’a démarré qu’à 10h55 ; la ministre des Sports n’ayant fait son entrée au salon d’honneur qu’à 10h50. Pendant ces 45 minutes – plus 15 minutes de «temps additionnel» – ce sont les supporters qui ont animé une salle exiguë en attendant Khady Diène Gaye. Les reporters sportifs et autres invités ont assisté à une véritable scène de duel entre les comités de supporters : le 12ème Gaïndé, tendance Issa Laye, les dissidents du même groupe et Allez Casa. Chacun cherchait à marquer son territoire : gagner la sympathie des autorités. Symphonie au paroxysme, pollution sonore au summum. Reportage.
L’ambiance était électrique, hier, au stade Léopold Sédar Senghor, lors de l’installation du nouveau président de la Fsf et de son Comex. Chaque comité de supporters a tenu à se distinguer de manière spectaculaire.
Après que le speaker a demandé solennellement au 12ème Gaïndé, tendance Issa Laye, d’entonner l’hymne national avec ses instruments – ce qui fut fait avec brio – les dissidents du 12ème Gaïndé, positionnés aux côtés du comité ‘’Allez Casa’’ près de la porte d’entrée, ont pris le relais du silence pour imposer leur ambiance et se faire entendre. ‘’Allez Casa’’ a aussitôt répliqué avec ses flûtes et sonorités bien connues. À noter que le 12ème Gaïndé version Issa Laye avait choisi de se poster à la porte d’entrée réservée aux autorités, qui s’ouvre sur le salon d’honneur.
Avant que le président nouvellement élu ne prenne la parole, c’est encore le 12ème Gaïndé d’Issa Laye qui a ouvert le ban en l’accompagnant jusqu’au pupitre pour sa première allocution. À son tour, ‘’Allez Casa’’ a escorté la ministre au pupitre pour l’installation officielle d’Abdoulaye Fall comme président de la Fsf.
Le speaker, incapable de s’imposer pour rétablir l’ordre, voyait, après chaque prise de parole, les trois comités faire retentir leurs instruments sous le regard médusé de la ministre de la Jeunesse et des Sports, qui n’avait que ses yeux pour constater cette rivalité au sommet des supporters.
Les influenceurs, eux, n’ayant pas d’instruments, ont choisi de se faufiler entre les chaises pour ne rien rater et immortaliser l’événement. Nouveaux venus dans ce milieu glissant, ils se sont distingués par leurs directs diffusés sur les réseaux sociaux.
Il faut aussi noter la présence des communicateurs traditionnels. Leur impact fut limité : même le fils de Mbaye Pekh n’a pu s’illustrer. Le griot du nouveau président de la fédération a été réduit au silence par le protocole du ministère. Astucieux, ils attendaient que les tambours se taisent pour reprendre la parole et chanter les louanges du président de la Fsf et de la ministre.
La rivalité a atteint son paroxysme lorsque la ministre a conclu son discours : une ambiance indescriptible, dominée par les tambours et instruments imposant leur loi, créant une sonorité à la fois indescriptible et inaudible.
Même scénario avant l’arrivée des autorités. La rencontre s’est achevée, mais le match se poursuit désormais sur les gradins : cette quadruple rivalité ne fait que commencer.
BMS