CHANGEMENTS STRATEGIQUES : Le coaching gagnant de Pape Thiaw




 
Mené 2–0 en trente-trois minutes dans un stade des Martyrs en fusion, le Sénégal a d’abord survécu, puis a renversé le match. Si le caractère des Lions a compté, la patte de Pape Thiaw s’est surtout lue dans ses ajustements en cours de jeu. Ses changements ont apporté le déclic dans ce match.
 
Le premier tournant, c’est d’avoir maintenu son 4-3-3 malgré la tempête, en demandant à ses cadres de resserrer les lignes pour couper les circuits Bakambu–Wissa. La réduction de l’écart signée Pape Guèye (39’) a récompensé ce choix de continuité et a relancé le vestiaire. Au retour des vestiaires, le message a été clair : presser plus haut sur la première relance congolaise. Le repositionnement des ailiers pour accompagner Nicolas Jackson a payé, l’attaquant égalisant à la 53e minute après une attaque rapide déclenchée plein axe. Jusqu’ici, Thiaw avait surtout ajusté l’animation ; la bascule tactique décisive viendra des remplaçants.
À la 64e, l’entrée d’Habib Diarra pour Lamine Camara apporte des jambes neuves et une percussion verticale entre les lignes. Thiaw gagne en densité à la retombée du ballon et accélère les transitions. Puis survient le double mouvement à la 77e : Pape Matar Sarr remplace Pape Guèye pour injecter davantage de projection dans l’attaque, pendant que Chérif Ndiaye prend le relais de Jackson pour peser dos au but et fixer la charnière congolaise. Ces choix démultiplient les options : un relayeur qui se projette, un avant-centre d’appui pour libérer les couloirs.
Dernier coup de pinceau à la 85e : Cheikh Sabaly remplace Sadio Mané. Fraîcheur, prises de balle directes, et surtout centres tendus au premier temps. Quatre minutes plus tard, la séquence symbolise la lecture parfaite du coach : Sabaly déborde et sert en retrait Pape Matar Sarr, dont la frappe chirurgicale scelle le 3–2. Deux entrants connectés sur l’action de la victoire : c’est la définition même d’un coaching gagnant.
Au-delà des buts, les changements ont redessiné les rapports de force. Diarra a augmenté l’intensité au milieu, Sarr a offert une menace constante entre les lignes et dans la surface, tandis que Sabaly a apporté la largeur et la qualité de centre qui manquaient jusque-là face à une RDC repliée. En conservant l’ossature tout en ajustant les profils, Thiaw a transformé un plan de jeu en plan de match : gestion des émotions, timing des remplacements, et exploitation clinique des moments faibles adverses.
 
LES ECHOS

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