Devant un parterre d’autorités, Cheikh Diop a salué les efforts institutionnels en cours, à travers la mise en place du Haut conseil du dialogue social et la création d’un ministère dédié. Mais il a aussi pointé un paradoxe : «le Sénégal devrait bénéficier d’un dialogue social performant. Pourtant, nous vivons encore un syndicalisme de restitution. Nous disposons aujourd’hui d’instances dédiées à cette ambition : le Haut conseil du dialogue social, le ministère du Travail et du Dialogue social», dit-il à l’endroit du président de la République.
Poursuivant, il note qu’en principe, le Sénégal devrait bénéficier d’un dialogue social de qualité, performant, capable d’accompagner les mutations sociales et économiques. «Mais, Excellence, notre syndicalisme demeure trop souvent un syndicalisme de restitution. Ce que nous vivons, c’est un dialogue social dominé par des revendications portant essentiellement sur la récupération de droits confisqués, sur le respect des libertés syndicales fondamentales», dit-il.
Prenant exemple sur le groupe Layousse, Cheikh Diop révèle : «que ce soit dans ses carrières ou ses entreprises de transport, ce groupe refuse d’organiser des élections internes, de reconnaître le droit à la syndicalisation de ses travailleurs. L’administration du travail, lors des négociations, avait exigé que ces élections se tiennent avant le 1er mai. Pourtant, le groupe persiste dans son refus, bafouant les droits syndicaux les plus élémentaires», dénonce le syndicaliste, se demandant qui protège le patron de ce groupe.
Cheikh Diop cite l’exemple du Port de Dakar, des inspecteurs de l’éducation sportive qui réclament la suppression d’un leadership jugé illégitime. Dans les secteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur, des accords signés restent sans suite. Dans la santé, les engagements ne sont pas respectés, le recrutement reste insuffisant. Au niveau des collectivités territoriales, il a fallu trois longues années de lutte pour commencer à trouver des solutions à des situations profondément injustes», explique le Sg de la Cnts/Fc, notant que la situation est similaire dans d’autres secteurs. À cela s’ajoute, fustige-t-il, le poids écrasant de la dette privée. Dans certains secteurs, les entreprises cumulent jusqu’à 400 milliards de francs Cfa d’impayés. Comment, dans ces conditions, envisager sereinement des revendications syndicales ? Beaucoup de ces entreprises n’ont même pas les moyens de payer trois mois de salaires en retard. Ces difficultés structurelles – salaires impayés, accords non respectés, entreprises en faillite – nourrissent un climat de frustration légitime. Mais elles empêchent aussi l’émergence d’un dialogue social constructif, tourné vers l’avenir», dénonce-t-il.
Sidy Djimby NDAO