C’est hier que les initiateurs du Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce), né en 1999, ont célébré les 25 ans de son existence. Tous les pères fondateurs étaient là pour faire leurs témoignages et raconter les difficultés rencontrées en des périodes délicates de la vie socio-politique incertaine du Sénégal. Ils en ont profité pour mettre les nouveaux jalons, engager les perspectives.
«Nous continuerons inlassablement à construire des ponts entre les citoyens et les décideurs, à veiller à la transparence et à l’inclusion qui a œuvré pour une démocratie exemplaire capable d’inspirer non seulement le Sénégal mais également le continent tout entier». C’est le message lancé hier par le professeur Babacar Guèye, président du Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce) en ouvrant la cérémonie de célébration des 25 ans d’existence du Cosce. Une occasion qui a réuni toutes les sommités de la société civile sénégalaise. Tous les précurseurs ont répondu présent à cette rencontre présidée par le ministre de l’Intérieur. Ils ont tous pris la parole pour donner tour à tour du tonus et montrer l’importance de la société civile sénégalaise, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières.
Mame Adama Guèye : «il faut que ce pays reconnaisse le travail colossal de la société civile»
Pour l’Union européenne, le travail acharné durant ces 25 ans d’existence, font du Cosce un pilier important au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Premier coordonnateur du Forum civil au Sénégal, Me Mame Adama Guèye rappelle avec fierté : «quand on a parlé de redevabilité dans ce pays, on nous a regardés comme des martiens. Quand on a dit qu’il faut que l’Etat rende compte, on nous regardait comme des martiens. Au-delà des élections, il faut que ce pays reconnaisse le travail colossal de la société civile pour constituer ce capital immatériel qu’on nous envie partout. Le concept de bonne gouvernance émane de la société civile. De même que les marchés publics, la société civile, la lutte contre la corruption. La mise en place de cet observatoire est un pas extrêmement important. Je reste disponible pour participer à cet observatoire», rappelle-t-il.
Alioune Tine : «Les militaires ont joué un rôle positif dans la démocratie»
Embouchant la même trompette, le fondateur du Think Tank Africajom Center revisite l’histoire électorale. Alioune Tine : «l’élection de 1987 était tellement catastrophique qu’on a dû les reprendre. Les élections de 1996, c’était la première fois que le président Diouf prenne conscience qu’il faut reprendre les choses en main. C’est en 1997 que l’Onel a été créé avec la présence de militaires. Les militaires ont joué un rôle positif dans le développement de la démocratie. Perçus comme des gens neutres, impartiaux capables de réguler les élections. C’est très important de rappeler ces faits. C’est parce qu’on a traversé quelque chose que nous avons un ministre de l’Intérieur militaire», se remémore Alioune Tine. Qui avertit : «on va vers des horizons beaucoup plus troubles parce que toutes les démocraties sont troublées à l’heure actuelle. Si l’aide au développement est suspendue pendant 90 jours, cela veut dire que nous avons des problèmes avec la démocratie».
Me Boucounta Diallo, qui a présidé l’Organisation nationale des droits de l’homme du Sénégal (Ondh) a mentionné les défis du relèvement des débats politiques. «Vous allez poser des actes pour encadrer les discours politiques, pour encadrer les enjeux du moment. La société civile est toujours là pour rappeler qu’en dehors des règles du jeu, il y a la morale et l’éthique qui doivent sous-tendre les actions de tous les acteurs politiques. Ce rappel, sous forme de prière, permet de bien réguler le jeu politique dans nos pays. Mais aussi de faire respecter les règles du jeu, notamment : pas de troisième mandat», tient-il à rappeler.
Baye Modou SARR