A la surprise générale, la demande de liberté sous caution de Tahirou Sarr a été rejetée par le juge d’instruction du Pool judiciaire financier. Une décision qui fait grand bruit dans les couloirs du tribunal où on se demande comment cela est possible, malgré un cautionnement qui dépasse largement les accusations et une acceptation de l’offre par l’Agent judiciaire de l’Etat, qui défend les intérêts de l’Etat dans cette affaire. Mieux, ou pire, c’est sur autorisation du juge d’instruction du Pjf que les cautions ont été déposées et l’avocat de Tahirou Sarr détient toutes les ordonnances de cautionnement.
Le monde judiciaire n’en revenait pas. Il y a quelques jours, malgré toutes les offres de cautionnement faites par Tahirou Sarr, le juge d’instruction du Pool judiciaire financier s’est opposé à sa libération. Et pourtant, Seydou Sarr a mis le paquet pour montrer sa bonne foi.
1er dossier : Tahirou Sarr cautionne plus de 40 milliards pour une complicité de 25 milliards
Pour le premier dossier, sur des accusations jugées fallacieuses de complicité sur 25 milliards, Tahirou Sarr a mis sur la table un chèque Banque Atlantique de 11 milliards déposés et encaissés dans le compte de l’Office national de recouvrement des avoirs criminels (Onrac) de la Caisse des Dépôts et consignations (Cdc). Ce n’est pas tout. Tahirou Sarr a aussi mis sur la table trois titres fonciers d’une valeur de plus de 30 milliards à dire d’experts. Ce qui signifie que pour les accusations de 25 milliards, l’expert en rachat de créances a proposé de cautionner pour plus de 40 milliards.
2e dossier : Tahirou Sarr cautionne près de 400 milliards en nature sur une accusation de 91 milliards
Sur l’autre affaire, jugée aussi fallacieuse par beaucoup d’experts, de 91 milliards, le patron de Sofico a offert de cautionner un terrain sis à Mbane d’une valeur de 394 milliards, donc très largement au-delà du montant dont il est accusé et pour lequel il est innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie. «Ce qui n’arrivera jamais», affirment ses proches, très au fait de ce qui s’est passé et de la manière dont les transactions financières se sont déroulées.
Cautionnement : ce qu’en dit la loi et la ‘’jurisprudence’’ Mouhamed El Moctar Diop
Mieux, la loi permet à toute personne poursuivie pour détournement de deniers publics de cautionner en numéraire ou en nature par une offre de garantie portant sur des immeubles et effectivement matérialisée par la remise de titres de propriété et l’inscription de la garantie au livre foncier. Ce que Tahirou Sarr a fait avec ses trois titres fonciers de Rufisque et son bail sis à Mbane. La preuve par les poursuites faites dernièrement contre le président de la Fédération sénégalaise de karaté et quelques autres membres de la Fédération. Poursuivis pour un peu plus de 50 millions, ils ont mis sur la table 17 millions et un terrain sis dans le Département de Rufisque. Ce que le juge d’instruction du 3e cabinet a accepté, libérant ainsi Mouhamed El Moctar Diop, son secrétaire général Ndiogou Fall et Souleymane Ba Diallo, le trésorier général adjoint. Ce qui signifie que la médiation est acceptée par les tribunaux dont le Pool judiciaire financier.
Les cautions versées sur autorisation du… juge d’instruction
Mais là où les juristes manquent de s’arracher les cheveux, ce sont les contradictions du juge d’instruction du Pool judiciaire financier. En effet, Tahirou Sarr détient toutes les ordonnances de cautionnement. En effet, c’est sur autorisation du juge d’instruction que le conseil de Tahirou Sarr a versé les 11 milliards de la Banque Atlantique dans le compte de l’Onrac sis à la Cdc. Et, aussi, c’est sur l’autorisation du même juge que l’avocat a hypothéqué les titres de propriété au profit de l’Etat du Sénégal.
L’Agent judiciaire de l’Etat d’accord à toutes les étapes de la procédure
Selon les informations de Les Echos, le défenseur des intérêts de l’Etat ne s’est jamais opposé aux actes posés par l’avocat de Tahirou Sarr. En effet, révèlent nos sources, l’Agent judiciaire de l’Etat a donné un avis favorable à tous les actes posés. Ce qui signifie que toutes les procédures posées par Tahirou Sarr et son avocat respectent les règles de droit et ne vont pas en contradiction avec les intérêts de l’Etat.
Toutes choses qui poussent des spécialistes à se demander ce qui bloque le dossier. A ceux qui parlent de médiation pénale, un spécialiste du droit informe que la Centif a remis son rapport au procureur de la République. Et c’est après le réquisitoire de ce dernier que Tahirou Sarr a appris qu’il y avait des poursuites à son encontre dans deux, pardon un communiqué nuitamment envoyé aux rédactions.
Baye Modou Sarr