CARNAGE DE BOFA BAYOTTE: Les présumés assassins seraient passés en Gambie



 
Les habitants de Niamina Nana, dans le district de Niamina Ouest, vivent dans la peur et l'angoisse suite à une tentative d'assassinat de deux villageois, le week-end dernier. Les victimes ont été kidnappées en brousse et terrorisées par des hommes armés prétendant appartenir au Mfdc et auteurs de l’attaque qui a récemment fait treize morts dans la province méridionale de la Casamance, révèle le journal Freedom.
 
 
Kumba Jawo, épouse de Lamin Mballow et un certain Musa Sowe, berger de son état, ont été retenus prisonniers en brousse, non loin de Nana, par des hommes, vêtus de tenue de camouflage militaire et lourdement armés. Mme Kumba Jawo était allée chercher du bois de chauffage dans la banlieue de Nana, en compagnie de ses deux enfants, quand elle a rencontré un inconnu armé qui l’a immédiatement abordée. L'homme armé lui a demandé ce qu'elle faisait en brousse avec ses enfants ; elle lui a dit qu'elle allait chercher du bois de chauffage, qu'elle a l'intention de vendre pour nourrir sa famille. On lui a demandé si elle était mariée et elle a répondu par la négative, précisant que son mari était décédé.
 
Les hommes armés avaient par-devers eux un sac rempli de pistolet et d'autres armes mortelles
 
 
L’homme armé lui a alors demandé d'appeler au secours son fils ou quelqu'un du village pour venir en brousse la sauver. Elle tergiverse, racontant une histoire bidon selon laquelle son fils avait voyagé en Europe et qu'elle ne savait pas s’il était vivant ou non. L’homme armé lui a également demandé si elle connaissait des personnes riches ou éminentes vivant dans les villages voisins, ou si elle savait s’il y avait des gens qui possédaient du bétail dans le village. Son kidnappeur voulait également connaître la routine de sécurité dans la région et si l’armée gambienne menait des patrouilles dans la région. Les hommes armés avaient par-devers eux un sac rempli de pistolet et d'autres armes mortelles.
 
 
L’un des kidnappeurs avoue qu'ils étaient les responsables de l'attaque en Casamance
 
 
Kumba Jawo a été informée par l'un de ses kidnappeurs qu'ils étaient les responsables de l'attaque en Casamance, qui a fait treize morts près de la frontière avec la Guinée Bissau.
Kumba Jawo ne tenait pas à fournir des informations au brigand qui lui a dit qu'elle avait deux choix à sa disposition pour rester en vie : elle devait permettre au voleur de tuer ses deux enfants ou de se laisser tuer. Elle s'est ensuite portée volontaire pour être tuée, demandant aux voleurs d'épargner ses enfants.
Le voleur armé avait déjà déchiré ses vêtements et menaçait de la tuer avec ses bébés. Elle avait les mains liées. Le voleur a heureusement changé d'avis et l'a libérée plus tard. Elle a été alors avertie d’éviter la zone au risque d'être tuée. Kumba Jawo, affolée et mentalement tourmentée, s'est frayé un chemin jusqu'au village, où elle a expliqué à son mari, Lamin Mballow, ce qui s'était passé. Mballow a ensuite signalé l'affaire au poste de police de Jareng non loin. «Ma femme a accompagné la police sur les lieux du crime. Ils ont fouillé la zone, mais n’ont rien pu trouver», a déclaré Mballow à l'émission Leral de dimanche de Freedom Radio Gambia. «Nous sommes tous bouleversés par l'incident. Elle a été attaquée par un étranger armé dans la brousse à proximité. Sa vie et celle de mes enfants étaient menacées. Elle est revenue à la maison paniquée. Elle doit encore se remettre de cet incident, qui s'est produit tard vendredi soir», a-t-il ajouté.
 
 
Le jeune Musa Sowe violemment battu par ses bourreaux avant d'être libéré
 
 
Dimanche, un autre villageois a été attaqué par les voleurs armés. C’est un berger du nom de Musa Sowe. Le jeune homme a été violemment battu par ses bourreaux avant d'être libéré. Les voleurs l'ont accusé d'avoir envahi leur zone de planque dans la brousse.
Freedom Radio Gambia a interviewé le chef de village de Nana et le député de la circonscription Demba Sowe. Ils ont tous deux exprimé leur inquiétude au sujet des deux incidents, qui avaient provoqué la panique dans la région.
Demba Sowe est le député du Parti démocratique gambien (Gdc) pour la circonscription de Niamina West. Sowe a dit qu'il a personnellement rapporté l'incident au poste de l'armée de Kundang, mais l'aide devait encore venir de l'armée. «J'ai contacté le poste de l'armée de Kundang et je les ai informés de l'attaque. J'ai parlé à un officier, Keita, qui m'a dit qu'ils n'avaient pas de véhicule pour poursuivre les attaquants. Il m'a dit qu'ils n'avaient qu'un seul véhicule à la caserne. Il m'a conseillé de prendre contact avec les soldats stationnés à Pakaliba. Quand j'ai téléphoné à Pakaliba, on m'a dit de vérifier à nouveau avec Kudang. Il se fait tard ici, et nous avons tous peur pour nos vies. Notre sécurité personnelle est une préoccupation en ce moment», a déclaré Demba Sowe. «Tout le village est dans une ambiance de panique. Personne ne dort ici. Nous craignons que nous puissions être attaqués par les voleurs. On m'a dit plus tard qu'ils enverraient des soldats pour garder le village, mais nous n'avons pas encore vu de soldats. La situation sécuritaire actuelle dans la région est inquiétante», a ajouté M. Sowe.
Le chef de village de Nana, Hamadi Kebbeh, a réaffirmé la déclaration du député Sowe. Il a déclaré à Freedom Radio Gambia que le village tout entier était en état d'alerte, craignant d'être attaqué par les voleurs cachés dans la brousse. «Personne n'a dîné dans ce village. Nous sommes restés éveillés, ne sachant pas ce qui va se passer dans les prochaines heures. Nous appelons les autorités à nous assurer la sécurité. Il y a de la panique dans ce village», a déclaré M. Kebbeh.
Parmi les villageois interrogés par Freedom Radio Gambia se trouvait Malick Sowe, l'ancien candidat du Parti de la réconciliation nationale (Nrp) lors des dernières élections législatives. M. Sowe a dit que si Kumba Jawo n'avait pas fait preuve de bon jugement pour échapper aux questions que lui avait posées le voleur armé, elle aurait pu mettre en danger la vie de son mari. «Son mari Lamin Mballow a une moto. Il aurait pu les rejoindre dans la brousse et si cela arrivait ; ils auraient tous été tués», a déclaré Malick Sowe.
Comme Alkalo Kebbeh, et le député Sowe, Malick veut aussi que les services de sécurité gambiens renforcent les patrouilles dans la région. Il prévient que si les voleurs ne sont pas poursuivis, ils pourraient harceler d'autres villageois dans le district.
Le ministre de la Communication et de l'Information de la Gambie, Demba Ali Jawo, a été contacté pour commentaire, mais il a dit qu'il n'était pas au courant de l'incident. Jawo avait promis de contacter la police lundi pour plus de détails.
 
 

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