Boomerang: Pétrin



Long comme un jour sans pain, as-t-on l’habitude de dire, en parlant d’une difficulté qui perdure. Alors, lorsque les boulangers nous promettent trois journées sans baguette, bonjour la galère pour Goorgoorlu et sa progéniture. Déjà que le pain n’a plus de mie et qu’une baguette n’arrive plus à rassasier le plus gringalet des Sahéliens que nous sommes, nous priver de cette denrée, trois jours durant, c’est obliger nos marmots à se rendre à l’école la ceinture serrée. En tout cas, faute de pain chaud, tous les restants des boulangeries des jours précédents, pain rassis généralement mis sous cellophane et envoyé dans les contrées reculées, vont trouver preneur. Les stocks de biscuits de mer ou fourrés vont aussi fondre comme beurre au soleil. Sans oublier les vendeuses de bouillie de mil prises d’assaut dans les quartiers par les paumés qui hantent les maisons. En tout cas, le pain, c’est sensible. Demandez à El Béchir le Soudanais, dernier dirigeant à manger son pain noir. Alors, Fédé des boulangers, autorités et consuméristes, entendez-vous fissa sur un poids et un prix et rendez-nous notre baguette. Que personne ne roule son interlocuteur dans la farine. Sortez-nous du pétrin, quoi.
Waa Ji

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