Le ministre des Finances et du Budget a annoncé, au-delà des ressources budgétaires prévues pour 2024, la disponibilité d’une réserve de gestion et de précaution de 50 milliards pour prendre en compte certaines préoccupations des députés. Il est aussi revenu sur la masse salariale qui coûte 120 milliards à l'Etat par mois.
Le ministre des Finances et du Budget a promis, en accord avec le président de la République et le Premier ministre, au-delà des montants prévus dans le budget 2024, de prendre en charge de nombreuses préoccupations soulevées par les députés durant le marathon budgétaire. «Le projet de loi de finances initiale ne peut faire l’objet de changement, mais nous avons prévu, dans ce projet de loi, une réserve de gestion et une réserve de précaution qui permettront de prendre en charge des dépenses nouvelles de fonctionnement et d’investissement jusqu’à concurrence de 50 milliards 430 millions», annonce Mamadou Moustapha Ba. Ce qui permettra de prendre en charge le renforcement de l’appui aux daaras, la résorption des abris provisoires, de poursuivre le renforcement des infrastructures de stockage des produits agricoles, de finaliser le règlement d’établissement de l’Isra et prendre en charge l’incidence budgétaire de son application, démarrer les travaux d’élargissement de la route des Niayes, entre autres préoccupations.
120 milliards par mois pour payer les salaires
Poursuivant, le ministre des Finances chiffre la masse salariale à 104,96 milliards par mois. En y incluant les salaires des collectivités territoriales et le secteur parapublic, la masse salariale s’établit à 120 milliards par mois. Pour 2023, la masse salariale devrait tourner autour de 1273 milliards et pour 2024, avec une incidence du recrutement de 1158 agents de la fonction publique, la mise en solde de 8500 professeurs contractuels et maîtres contractuels, en plus des rappels estimés à 50 milliards par an depuis 2018, ce qui fera 1442,465 milliards, soit une augmentation de la masse salariale de 169,5 milliards de 2023 à 2024.
Impact des 39.882,3 milliards de 2012 à 2022
A ceux qui s'entêtent à croire que la croissance ne sert à rien, car ne remplit pas le panier de la ménagère, le ministre des Finances précise que le budget est loin d’être un empilement de chiffres. «Le budget, c’est notre présent et c’est aussi notre avenir», indique le ministre qui précise que le montant cumulé du budget de 2012 à 2022, à travers 25 lois Lfi et Lfr, est de 39.882,3 milliards. Et les impacts de cette manne financière sont visibles. A l’en croire, en 12 ans, cet argent a servi à payer les salaires et primes d'un montant de 7387,51 milliards à 177.237 agents de l’administration. Mais aussi pour assurer le fonctionnement de l’administration pour 10.582 milliards et ce montant englobe, dit-il, le paiement des bourses des étudiants pour 579,5 milliards, la subvention au monde rural 567,7 milliards, aussi la subvention du carburant et de l’électricité pour 1431,6 milliards, les denrées alimentaires de première nécessité pour 164,5 milliards, etc. Cette manne financière aussi a permis d’investir pour doter le pays d’infrastructures dignes de ce nom pour un montant de 12.679 milliards. Cependant, pour le ministre des Finances et du Budget, les progrès les plus spectaculaires ont été enregistrés dans les infrastructures routières avec 2918 km de routes revêtues pour un coût de 300 à 400 millions le km ; 189 km d’autoroute d’un coût de 3,5 et 4 milliards le km. «Si on examine le pendant physique du budget, on peut dire que le Sénégalais en a eu pour son argent», fait remarquer Mamadou Moustapha Ba.
Le Président va laisser à son successeur 7003,6 milliards
Sur le montant réel du budget qui s’est posé, le ministre des Finances confirme et conforte le chiffre de 7003,6 milliards. A l’en croire, retrancher du budget les 1248,2 milliards de l’amortissement de la dette pour fixer le budget à 5755,4 milliards serait une démarche pour tromper le parlement. «Même si, pour des raisons comptables, ce remboursement qui constitue une dépense budgétaire au sens de la loi 2001-09 du 15 octobre 2001 et qui ne l'est plus au sens de la loi 2020-07 du 26 février 2020, nous avons privilégié l’approche qui vous renseigne sur le fait que 1248,2 milliards vont être consacrés en 2024 à l’amortissement de la dette publique. L’autre approche qui aboutit à camoufler une information derrière une opération de trésorerie nous paraît moins transparente vis-à-vis du parlement, même si elle satisfait certains experts», explique le ministre qui est revenu sur les budgets précédents qui avaient pris en compte l’amortissement de la dette.
L’endettement pour financer les besoins de financements
En outre, le ministre a révélé que les besoins de financements sont estimés à 2138,4 milliards (déficit budgétaire 842 milliards, amortissement de la dette 1248 milliards et les opérations extérieures 50 milliards). Pour couvrir ce besoin de financement, le Sénégal va recourir à l’endettement. Non sans rappeler que le Sénégal se trouve dans la classification du Fmi dans la zone de risque de surendettement modéré.
M. CISS