BUDGET 2025 DU MINSTERE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES : Le cours magistral de Cheikh Niang sur une diplomatie «sous-financée»




 
 
 
 
Le ministre de l’Intégration africaine, des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, Cheikh Niang, a défendu samedi devant la 15ᵉ législature un budget de 65,9 milliards de francs Cfa. S’il a obtenu le vote de la majorité, il a surtout insisté sur “l’insuffisance” de ces ressources face à l’ambition diplomatique du Sénégal, appelant les députés à “mieux armer” le pays pour les années à venir.
 
 
 
«Une diplomatie sans moyens est une diplomatie muette»
 
Face aux députés, le ministre Cheikh Niang n’a pas cherché à masquer son inquiétude. Dès sa prise de parole, il a campé le décor. «Je ressens la gravité du moment et la noblesse de votre mission. Ce budget est un instrument d’affirmation, un vecteur de souveraineté, un pilier de puissance publique». Mais derrière cette solennité, un message ferme : les moyens alloués au ministère ne sont pas à la hauteur du rôle que le Sénégal prétend jouer sur l’échiquier mondial. «Une diplomatie sans moyen, qui est sous-financée, est une diplomatie muette. Une diplomatie affaiblie est un pays affaibli», a-t-il averti, rappelant que “le prix de l’inaction est supérieur au coût de l’action”. Pour Cheikh Niang, les ressources engagées pour la diplomatie sont moins une dépense qu’«un investissement pour la sécurité, la stabilité, l’influence et l’avenir. J’ai trouvé le budget insuffisant par rapport au mandat de notre ministère. Et j’espère que l’année prochaine les corrections seront faites», a-t-il insisté.
 
 
 
Un appel pressant à «armer le Sénégal pour le monde qui vient»
 
Cheikh Niang a exhorté les députés à prendre la pleine mesure des enjeux internationaux et à agir en conséquence. Le ministre a mis en garde contre les risques de déclin si le pays ne se donne pas les moyens de ses ambitions. «Un monde où les nations qui hésitent s’effacent et celles qui s’assument s’imposent. Le Sénégal est respecté, le Sénégal est attendu, donc il doit s’affirmer». Pour lui, un budget diplomatique modeste est incompatible avec les objectifs stratégiques du pays. Ambassades sous-dotées, réseau diplomatique insuffisamment modernisé, actions internationales limitées, les besoins sont nombreux. «On ne prétend pas jouer dans la cour des nations respectées si l’on n’a pas les outils pour son propre rayonnement», a martelé le ministre, en appelant le Parlement à anticiper l’évolution des menaces, à commencer par la compétition économique et géopolitique en Afrique de l’Ouest.
 
 
 
La diaspora, force vive d’un nouveau modèle diplomatique
 
Autre axe fort du plaidoyer du ministre, l’intégration pleine et entière de la diaspora dans les politiques publiques. «La diaspora n’est pas une périphérie mais une force», a asséné Niang. Toutefois, là encore, les ressources disponibles ne permettent pas encore de traduire cette ambition dans les faits. D’où son appel à un engagement budgétaire plus massif.
 
 
 
Le Cnams, un virement d’urgence de 164 millions pour apaiser la crise
 
Interpellé sur la situation du Centre national d’action antimines au Sénégal (Cnams), dont les agents observent une grève pour réclamer sept mois d’arriérés de salaires, le ministre a annoncé une mesure immédiate. «Nous avons pris des mesures, en relation avec le ministère des Finances et du Budget, en vue d’un virement de crédits de 164 millions», a assuré Cheikh Niang, précisant que le paiement des salaires débutera dès que le virement sera effectif.
Si le budget 2025 a été adopté par la majorité des députés, Cheikh Niang a tenu à souligner que ce vote ne devait pas masquer les défis à venir.
 
Baye Modou SARR
 
 
 
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