BRAS DE FER ENTRE PCCI ET 145 TRAVAILLEURS: La Sonatel sabrée par le juge se retrouve avec plus de 400 millions de francs à payer



 
Un combat sur plusieurs fronts avec différents adversaires, c’est ce que mènent actuellement les travailleurs en disgrâce de Pcci. Outre le centre d’appel, ils sont en bras de fer avec la Sonatel, qui a été condamnée à leur payer plus de 400 millions de francs. L’entreprise de téléphonie mobile, qui voit un de ses comptes bloqué, avait saisi le juge des référés. Hier, le juge a débouté la Sonatel avant d’ordonner la continuation des poursuites. Sonatel est condamnée donc à payer plus de 400 millions francs.
 
 
Très déterminés, les 145 travailleurs du centre d’appel Pcci mènent leur combat pour rentrer dans leurs fonds. Ils réclament plus que jamais leurs 14 mois de salaires, même si les dirigeants de Pcci démentent cela. Le bras de fer ne se traduit pas seulement par une manifestation devant les locaux de la Sonatel, mais par des procédures aussi bien devant le Tribunal du travail que devant le juge du Tribunal du commerce. Et désormais, le combat n’est plus seulement contre Pcci, mais aussi contre la Sonatel. Comment la Sonatel est entrée dans la danse ? En réalité, les travailleurs sans salaires, ayant appris que l’entreprise a été vendue, ont cherché à rentrer dans leurs fonds, mais ils n’ont trouvé nulle trace de l’argent. Ils ont alors compris que leur entreprise travaillait avec les opérateurs de téléphonie mobile, notamment Tigo et la Sonatel. Via leurs conseils, ils ont enclenché une saisie attribution pour les différents partenaires de Pcci et ont ainsi appris que la Sonatel, partenaire principal, avait 160 millions de francs pour le compte de Pcci. Mais, la Sonatel refuse de payer, au motif qu’il y a une convention tripartite entre elle, Pcci et Ecobank et que donc, Pcci devant environ 2 milliards de francs à l’institution bancaire, elle ne peut payer qu’à Ecobank qui avait fait un nantissement sur l’argent. 
 
 
 
Les travailleurs font bloquer les comptes de Sonatel
 
 
Loin de s’avouer vaincus, les travailleurs, par l’entremise toujours de leurs conseils, assignent la Sonatel pour qu’elle soit tenue de la totalité du dû, c’est-à-dire plus de 190 millions, en sus des frais d’huissier ; ce qui fait un total de 404 millions de nos francs. Motif évoqué, la Sonatel n’a pas communiqué à temps la copie de la convention tripartite dont elle s’est prévalue et ladite convention a mentionné que même s’il doit y avoir une ponction pour Ecobank, toute réclamation concernant les salaires doit être exécutée. La Sonatel a donc fait une obstruction, selon les conseils des travailleurs. Le juge les a suivis et a tenu la Sonatel débitrice, avant de la condamner à payer l’intégralité. Forts de cette décision, les travailleurs ont fait bloquer les comptes de la société de téléphonie mobile. 
Contestant la décision, la Sonatel a fait appel. Mieux, il y a une semaine, la première société de téléphonie a assigné les travailleurs devant le juge des référés, pour dire que la décision n’a pas parlé d’exécution provisoire et que les travailleurs ont exécuté dans la précipitation puisqu’elle a fait appel. La Sonatel a demandé la discontinuation des poursuites et la mainlevée de la saisie pratiquée sur l’un de ses comptes. 
Mais du côté des travailleurs, on argue qu’il s’agit d’une ordonnance et non d’un jugement et dans le cas d’espèce, il n’y a pas besoin que le juge prononce l’exécution provisoire. Hier, en bref délai, le juge a donné raison aux travailleurs et a débouté la Sonatel de ses demandes avant d’ordonner la continuation des poursuites sur le fondement de l’article 172 de l’Acte Uniforme Portant Organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution (AUPSRVE) qui dit n’y avoir lieu à ordonner l’exécution provisoire. En clair, la Sonatel est désormais chargée de payer les 404 millions aux travailleurs.
 
 
Alassane DRAME

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