BOUBACAR SARR LOCOTTE, À PROPOS DU SECOND TOUR QUE LE SÉNÉGAL DOIT DISPUTER : "C'est important de garder le même état d'esprit de gagneur et d'une équipe qui est venue avec beaucoup de caractère"




 
Les Lions de la Téranga vont entamer le second tour de la Coupe d’Afrique des nations ce lundi face au pays hôte, la Côte d’Ivoire. L'ancien international sénégalais Boubacar Sarr Locotte, dans cet entretien qu'il nous a accordé, conseille aux Lions de continuer sur le même rythme qu'au premier tour pour atteindre l'objectif qui est de remporter une nouvelle fois le trophée de champion d’Afrique.  Avant cela, l'ancien Parisien a décortiqué les forces du Sénégal, notamment le milieu de terrain qui jusque-là donne les meilleurs sensations côté sénégalais. 
 
Les Echos : vous êtes à Yamoussoukro depuis le début de la Can. Comment appréciez-vous le parcours du Sénégal en phase de groupe ?
 
Boubacar Sarr Locotte : l'équipe nationale du Sénégal a fait une très bonne entame pour cette Coupe d'Afrique des nations. Il y a deux ans au Cameroun, ça a été un petit peu plus difficile, mais il y avait des circonstances. C'était l'époque de la Covid-19. Il y avait pas mal de joueurs qui étaient atteints. L'entame était beaucoup plus poussive, alors que là, l'équipe est arrivée avec une très bonne préparation, mais aussi avec son titre de champion d’Afrique. Donc dès le début, l'équipe nationale du Sénégal s'est imposée en faisant le complet sur les résultats. Très bon match contre la Gambie et le Cameroun et ce dernier match parfait contre la Guinée. Ce n'était pas évident, parce que c'était des matchs difficiles, des derbys avec nos voisins ; donc il fallait vraiment se comporter comme de vrais champions d’Afrique pour faire de très bons résultats.
 
Qu'avez-vous plus remarqué pendant ces matchs-là ? Une montée en puissance de l'équipe ou une gestion des énergies ?
 
Non seulement d'être bien rentrée dans ces phases de poule, l'équipe a eu une belle montée en puissance. C'est certainement les fruits de la bonne préparation qu'ils ont eue à Dakar. Après, on a eu des joueurs qui sont arrivés dans la tanière avec des blessures en provenance de leurs clubs. On peut prendre l'exemple de Pape Matar Sarr ou encore Nampalys Mendy. Ils ont eu besoin de prendre un petit peu de rythme. On a un bon groupe vraiment et des joueurs de grande qualité.
 
Comment appréciez-vous l'apport de ces jeunes au milieu de terrai ?
 
Je crois que le coach travaillait là-dessus depuis très longtemps pour renouveler petit à petit l'équipe et apporter plus de fraîcheur. Pape Matar Sarr, Lamine Camara, Pape Guèye travaillent pour l'avenir de l'équipe nationale du Sénégal. Il faut toujours savoir gérer les générations, surtout que les Gana Guèye, Cheikhou Kouyaté commencent à prendre de l'âge. Donc il fallait amener un peu plus de fraîcheur. On a eu de bonnes trouvailles avec un garçon exceptionnel qui est Lamine Camara, une pépite pour le Sénégal. Ils sont en train d'occuper l'espace et ils en ont vraiment les qualités. Ils ont pu tirer leur épingle du jeu surtout lors du match contre la Gambie qui était un match très difficile. On a vu la qualité et le potentiel de Lamine Camara. Pape Guèye a beaucoup progressé par rapport à sa première Can au Cameroun. Je pense que son séjour en Espagne lui a beaucoup apporté. Il a haussé son niveau mental, son niveau de jeu, il a beaucoup musclé son jeu. Pape Guèye fait partie des meilleurs milieux de terrain. Ces trois jeunes sont extraordinaires et importants pour l'avenir du football sénégalais. Mais, c'est bien aussi que les anciens les encadrent avec des conseils et les initient à la vie sociale de la tanière. Ainsi, le passage des témoins se fera sans trop de problème.
 
Avec 8 buts marqués et un seul encaissé, comment jugez-vous la défense et l'attaque sénégalaises ?
 
Si on veut gagner une Coupe d'Afrique, si on veut aller jusqu'au bout, il faut d'abord que toute l'équipe soit concernée, que ce soit sur l'animation offensive que défensive. La Coupe d'Afrique n'est pas pareille que la Coupe du monde ou les autres compétitions. C'est très difficile, il y a beaucoup de combat, d'agressivité. Il faut être mentalement prêt. Il y a aussi le climat qui joue avec ces matchs joués à 14h. Ce n'est donc pas évident. Si on prend les statistiques, l'équipe du Sénégal a marqué 8 buts et en a encaissé un seul, donc on peut dire que le plan de jeu que Aliou a mis en place est très positif pour l'avenir. C'est comme ça qu'on peut gagner une compétition. Il faut que toute l'équipe soit solide. Tout le monde doit être concerné sur les rôles défensifs mais aussi offensifs. C'est important qu'on reste solide derrière avec une bonne relation entre la défense et le milieu. Une bonne relation entre l'attaque et le milieu plus défense. Ça veut dire qu'en cas de perte de balle, il faut que nos attaquants reviennent défendre, aider le bloc d'équipe. Le plan de jeu sénégalais fonctionne très bien.
 
Il y a quand même eu par moments des difficultés avec le 4-4-2 losange de la Guinée…
 
Il ne faut pas oublier que l'adversaire aussi supervise l'équipe du Sénégal. Je suis sûr que les Guinéens savaient que la force du Sénégal est le milieu de terrain qui avait fait surtout la différence contre la Gambie. Effectivement, les Guinéens ont essayé de bloquer le milieu de terrain. La première période a été plus difficile pour le Sénégal. On a eu quelques difficultés à sortir le ballon et à se projeter pour la finition, parce qu’en face, il y avait le milieu guinéen qui contrôlait l'espace. Il faut que chaque joueur joue avec ses qualités. On ne va pas demander par exemple à Pape Matar Sarr de se donner dans l'impact physique, on va certainement lui demander d'utiliser son intelligence de jeu, sa technique, sa vivacité. En seconde période, ça nous a réussi. On a pu libérer le milieu pour qu'il puisse atteindre les attaquants. Le bloc guinéen était très bas, ils ont fermé les espaces, c'était donc plus difficile de trouver les attaquants. Il fallait qu'on aille chercher le résultat pour prendre la première place. On a vu l'apport de Pape Matar Sarr mais aussi celui de Nampalys Mendy qui était blessé. Ils ont encore besoin de rythme, mais je pense qu'en faisant les matchs, ils vont retrouver leur niveau. Ça ne sera que bénéfique pour l'équipe. Il faut aussi signaler la bonne rentrée de Gana et Cheikhou Kouyaté qui ont apporté leur expérience, qui ont permis à l'équipe de se bonifier et de bien prendre les Guinéens de haut.
 
Il y a aussi l’utilisation des pistons qui fait que parfois quand on perd la balle ça devient un danger. Quelle solution?
 
Quand vous mettez une animation, un système de jeu en général, c'est tout ce qui est apport offensif. Derrière, il y a 40% d'apport défensif. Depuis le début, on l’a bien fait. On n’a encaissé qu'un seul but donc cette animation fonctionne très bien. On voit ce que Krépin Diatta fait, il y a aussi Jacobs, même s'il est encore jeune et parfois un peu nerveux. Il faut qu'il se calme un peu. A chaque fois qu'on perd le ballon, les pistons reviennent bloquer les couloirs. Souvent Pape Guèye revient aussi pour compléter devant l'axe. Ça permet de trouver un bon équilibre. Il faut toujours améliorer ses bases-là et ne pas oublier cet aspect défensif, parce que ça fait partie de la force de l'équipe du Sénégal. L'équipe du Sénégal a tellement de personnalité, de caractère, qu'on arrive à compenser tous ces petits détails. L'équipe sénégalaise est en pleine confiance.
 
Le second tour arrive. Comment pensez-vous que le Sénégal doit aborder ce nouveau tournoi ?
 
C'est une deuxième étape. On a fini les phases de poule. Ça va être les huitièmes de finale maintenant. Ce sont des éliminations directes. Il faut arriver avec un autre état d'esprit pour bien aborder ce deuxième tour. C'est une bonne chose que le Sénégal termine premier, ce qui lui permet de rester à Yamoussoukro, de ne pas déménager, de bien récupérer pour préparer son huitième de finale. Il faut que nos garçons gardent le même mental, sinon plus, que celui qu’ils avaient lors de la phase de groupe. Dans cette Coupe d'Afrique des nations, il y a eu beaucoup d'équipes surprises. Il faut oublier la première phase et être au top pour ce second tour. Être top au niveau de la récupération, mentalement et rester hyper concentré pour franchir ce cap de huitième de finale. C'est important de garder le même état d'esprit de gagneur et d'une équipe qui est venue avec beaucoup de caractère.
 
 
LES ECHOS

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