BASSIROU DIOMAYE FAYE REVIENT SUR SES RAPPORTS AVEC OUSMANE SONKO ET L’ENCENSE : «Je suis très serein parce que j’ai le meilleur Premier ministre de l’histoire du Sénégal»




 
Le président de la République a fait face à la presse ce samedi au palais de la République. Un entretien au cours duquel beaucoup de questions ont été soulevées. Et parmi elles, les rapports très étroits entre le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, son leader politique. Le chef de l’Etat invite ainsi ceux qui prédisent des malentendus entre eux à se faire une religion : il n’a pas peur qu’il lui fasse de l’ombre ; mieux encore, il souhaite, aujourd’hui plus que jamais, que Sonko devienne le président de la République du Sénégal.
 
 
 
Ceux qui doutaient encore des rapports très étroits qu’entretient le tandem Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko vont certainement se faire une raison, après les témoignages très émouvants du président de la République à l’endroit de son Premier ministre. C’était à l’occasion de l’interview qu’il a accordée à la presse sénégalaise. La première question concernant le Premier ministre était relative à son bras de fer avec l’Assemblée nationale.
Le chef de l’État a assuré qu’il n’est pas resté à l’écart. «Le Premier ministre est dans les dispositions d’aller faire sa Déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale. Si l’un des députés l’interpelle sur le problème du Règlement intérieur, c’est tout à fait normal qu’il lui réponde», laisse entendre le Président Faye, qui reconnaît que les députés sont frustrés, parce que Sonko leur a dit qu’il aura une meilleure qualité pour les débats ailleurs. Diomaye assure qu’il ne défend guère Ousmane Sonko, mais c’est une question d’humilité pour la bonne et simple raison qu’il y a certes des intellectuels de haut niveau à l’Assemblée, mais ils ne sont que 165 sur 18 millions de Sénégalais. «En politique, c’est très normal qu’il y ait des piques de temps en temps, mais cela ne leur donne pas le droit de violer la loi. Le Débat d’orientation budgétaire est organisé par une loi organique qui place les délais au plus tard le 30 juin», précise le Président Faye.
 
«L’Assemblée va aller vers la mise à jour de son Règlement intérieur et le Premier ministre va patienter»
 
Poursuivant, le chef de l’État affirme qu’il a fait appeler le président de l’Assemblée nationale pour discuter avec lui. «Je lui ai demandé de corriger le Règlement intérieur pour que le Premier ministre puisse aller faire sa Déclaration de politique générale. Nous en avons discuté calmement et il a tenu une réunion ce vendredi avec les présidents des groupes parlementaires. Ils ont finalement retenu de se revoir le mardi prochain pour aller vers la mise à jour du Règlement intérieur».
Rappelant que le Premier ministre avait décidé de faire sa Déclaration de politique générale ce lundi devant un jury populaire, le Président Bassirou Diomaye Faye révèle qu’il lui a demandé lui aussi de patienter que l’Assemblée termine sa procédure et il a accepté.
 
 
«Je l’encourage à bien regarder mon fauteuil…»
 
Le président Faye d’aborder ensuite ses rapports avec son Premier ministre. «Nous avons souvent entendu des phrases comme : le Premier ministre lorgne le fauteuil du président, coup d’Etat rampant etc. Je ne peux ni ne veux fonctionner comme ça, parce que je l’encourage non pas à lorgner le fauteuil, mais à le regarder, parce que je me suis battu ces 10 dernières années pour qu’il accède à ce fauteuil et je n’ai toujours pas déposé mes armes. Je veux qu’il soit président, parce que je sais qu’il peut l’être et je souhaite que le Sénégal bénéficie de son expertise. Je n’ai pas peur qu’il me fasse de l’ombre, parce que j’ai évolué pendant 10 ans sous son ombre en me battant en toute loyauté. Une loyauté qu’il me rend actuellement parce que c’est un croyant, un homme avec des qualités extraordinaires».
 
 
«C’est en prison que nous sommes devenus amis»
 
A l’en croire, Ousmane Sonko n’était pas son ami. «C’est en prison que je lui ai proposé que l’on soit de véritables amis pour barrer la route à ceux qui voudront semer la zizanie entre nous. En tout cas, en ce qui me concerne, c’est peine perdue ; personne ne peut me mettre dans la tête qu’il faut faire face à mon Premier ministre parce que je suis très lucide, froid et très humble aussi», soutient-il.
 
 
«Je n’ai pas peur qu’il me fasse de l’ombre parce j’ai été sous son ombre pendant 10 ans»
 
Constitutionnellement parlant, souligne Diomaye Faye, le Premier ministre n’a pas beaucoup de pouvoirs et cela n’a pas encore changé, parce qu’il nous faut des réformes pour y arriver. «Il fait un excellent travail. Je suis très serein parce que j’ai le meilleur Premier ministre de l’histoire du Sénégal», témoigne-t-il. Pour ce qui est du nombre de mandats à faire, le Président estime que ce n’est pas le moment d’aborder le sujet.  Selon lui, Ousmane Sonko a cherché à le protéger depuis le début de la crise en 2021. «Ceux qui cherchent à nous séparer n’ont qu’à se reposer, Ousmane Sonko et moi sommes habitués à avoir des divergences de position dans le seul but de trouver la meilleure formule, même quand j’étais juste le secrétaire général du parti».
 
«Ce n’est pas une obsession de siéger au Conseil supérieur de la magistrature, mais…»
 
Interpellé sur sa décision par rapport à sa présence dans le Conseil supérieur de la magistrature, le Président Faye rappelle que l’objectif visé quand il disait ne pas vouloir siéger au Csm, c’est l’indépendance des magistrats, mais ce sont ces derniers qui lui demandent de rester. «Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas une obsession, mais comment être sûr que celui je je vais choisir pour siéger à ma place fera les choses dans les règles ?», s’interroge-t-il tout en reconnaissant qu’il ne croit pas que sans lui, ce sera un déluge. Bassirou Diomaye Faye promet par contre de lire les arguments de ceux qui demandent son départ du Csm et ceux des personnes qui souhaitent qu’il reste, avant de prendre une décision.
 
«9 personnes se sont partagé 1104 parcelles à Mbour 4»
 
Sur la question du foncier, le président de la République continue d’être intransigeant. «J’ai reçu le rapport de Mbour 4 et celui du littoral sera sur ma table la semaine prochaine. Pour les constats à Mbour 4, on nous fait savoir que neuf (9) personnes se sont partagé 1104 parcelles. Pour la nouvelle ville de Thies, 34 personnes ont 16.186 parcelles. Nous allons refaire le plan avec une distribution plus équitable, mais pas pour notre patrimoine, mais au nom de la justice sociale», dit-il.
Pour le foncier rural, le président de la République pense qu’il faut aller vers une réforme qui sécurise les droits de ceux qui détiennent la terre. On ne peut pas refuser de donner des papiers à ceux qui détiennent les terres depuis des années pour le donner ensuite à des particuliers avec immatricule, bail ou même titre foncier. Concernant ceux qui font de l’agrobusiness, le chef de L’État leur suggère d’aller collaborer avec ceux qui détiennent les terres.
 
 
«Notre ambition, c’est de nous appuyer sur un secteur privé solide pour régler le problème de l’emploi»
 
Sur l’emploi des jeunes, Diomaye indique. «Notre ambition, c’est de nous appuyer sur un secteur privé solide pour régler le problème de l’emploi. La stratégie, c’est de voir comment former les jeunes pour une adaptation entre les qualifications et les besoins du marché. Il nous faudra aussi revoir le secteur primaire qui est un peu délaissé, mais aussi renforcer le secteur secondaire. Étant donné que le secteur tertiaire est très saturé», dit-il. «Au-delà du fait qu’ils constituent la majorité de mon électorat, le fait de voir des jeunes braver la mer pour rejoindre l’Europe constitue un véritable problème pour tout citoyen, à plus forte raison les dirigeants que nous sommes : c’est une forte conscience et une grande responsabilité qui nous incombe», poursuit-il.
 
 
«Justice sera faite pour tout le monde aussi bien pour le futur que les actions passées»
 
 
Concernant ceux qui demandent justice pour les jeunes manifestants tués, Diomaye Faye tempère. «La prise en charge de ces dossiers et leur instruction, comme tout ce qui s’est passé autour des rapports, n’a pas de lien avec la mise en œuvre des conclusions des assises ; justice sera faite pour tout le monde, aussi bien pour le futur que les actions passées. Mais les Sénégalais doivent comprendre que ce n’est pas à moi de dire à la justice ce qu’elle doit faire», affirme-t-il. Diomaye de révéler : «cela fait au moins un mois que l’on m’a soumis un projet de mouvement dans la magistrature. Bien que les magistrats soient des fonctionnaires à la disposition de l’Etat, je mène mes enquêtes depuis tout ce temps, pour savoir qui est qui, qu’est-ce qu’il a fait et son cursus pour que tout le monde s’accorde sur la probité et l’indépendance de ceux qui vont occuper les postes de responsabilité», déclare Bassirou Diomaye Faye.
 
Ndèye Khady Diouf FALL
 
 
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